Bénin – Procès « Mètongnon et Cie » et « faux médicaments » : Deux procès conduits dans la terreur

Le calme apparent observé hier matin au palais de justice de Cotonou, a été le fruit d’une opération de terreur bien concoctée dans la douceur par le pouvoir. Ce dernier n’a pas lésiné sur les moyens pour faire régner, le temps d’une matinée, une vraie loi martiale. Seules ont filtré dans la cour du palais les lamentations, les yeux larmoyants et les jurons proférés à l’encontre du gouvernement et qui témoignent de la grande tristesse ambiante. Pour conduire à bien son plan, le gouvernement a mis en place un système sécuritaire dissuasif qui a empêché le grand monde de venir au palais de justice.

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Les cotonois qui devraient vaquer librement à leurs occupations quotidiennes et pour lesquels Modeste Toboula a pris la défense ces derniers jours en changeant chaque fois d’itinéraire aux marches des forces politiques et sociales, ont été cette fois ci empêchés de circuler librement. Au delà de l’entrée principale du palais de justice, ce sont toutes les artères de la ville pouvant déboucher sur les alentours du tribunal qui ont été bloquées. Pas possible d’aller du carrefour Sica Toyota-situé pourtant à 4 km environ de là- au carrefour Cadjêhoun et par la suite à la place du souvenir.

La bretelle allant du carrefour Bon Pasteur au Champ de foire a été aussi fermée partiellement. Idem pour l’avenue Jean Paul II, partant du carrefour Soneb à la place du souvenir en passant devant l’ambassade de France, la présidence de la république et le tribunal. Derrière les barrières de sécurité, des agents de la police républicaine, armes et gourdins au point grondaient tous ceux qui tentaient, parfois à moto, de forcer le passage. La soldatesque était présente.

Dans la rue pavée parallèle à celle passant devant le ministère de l’intérieur et séparée de celle-ci par un jardin, elle y avait installé son quartier général. Picks up, fourgonnettes, camions à jet d’eau, caisses de gaz lacrymogènes… Tout autour du palais de justice, des centaines de policiers républicains faisaient la ronde. Le dispositif a réussi à empêcher parents, amis, collègues des mis en cause ainsi que des badauds et des activistes des droits de l’homme, à prendre d’assaut comme à l’accoutumée le tribunal. Les mis en cause dans l’affaire « faux médicaments » ont été amenés au tribunal avant 8h.

Le procès n’a duré qu’une dizaine de minutes, le temps pour le juge Rodolphe Azo de rendre sa sentence qui condamne les cinq grossistes répartiteurs à 4 ans d’emprisonnement ferme assortis de 20 millions pour dommage et préjudice chacun. Avant 9h, leur sort était déjà scellé et ils étaient exfiltrés du prétoire par une porte arrière. Ils ont été reconduits très rapidement en prison pour continuer leur vie de bagnard.

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L’Unamab s’invite au procès

Quelques minutes après, le procès de Laurent Mètongnon et consorts débute dans la même salle. Comme au premier procès, l’entrée est bien gardée par des sentinelles. Pas question d’entrer. Les agents de la police républicaine tentent à deux reprises de disperser le public qui attend le verdict mais ils se heurtent aux ripostes de quelques syndicalistes et journalistes. Quelques minutes après, le verdict est tombé : procès reporté en huitaine. Le public qui attend la sortie de Mètongnon et de ses amis n’aura pas de chance. Eux aussi ont été exfiltrés par une porte discrète et reconduits en prison. La terreur a marché jusqu’au bout

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