L’armée malienne accusée d’exécutions sommaires : Une situation qui fait le jeu des terroristes

Déjà à la peine sur le terrain militaire face aux djihadistes, l’armée malienne se serait bien passée d’une telle accusation : l’exécution par ses éléments de 14 personnesarrêtées dans le cadre de la lutte anti-terroriste, le 06 avril dernier à Dioura dans la localité de Mopti. Un communiqué de la Direction des relations publiques de l’armée (DIRPA), a indiqué que les 14 individus arrêtés la veille ont été tués au cours d’une tentative d’évasion.

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Depuis cette annonce, les FAMA sont sous le feu des critiques des défenseurs des droits de l’Homme ainsi que des parents des victimes, faisant craindre une intensification des affrontements intercommunautaires dans cette partie du pays.

La mort des 14 individus intervient dans un contexte où l’armée mène plusieurs opérations en riposte à la mort de certains de ses éléments, dans des attaques terroristes séparées quelques jours plus tôt. Alors, l’armée malienne a-t-elle voulu venger ses éléments tombés sous les balles des djihadistes ? Sans même attendre les enquêtes promises par les responsables militaires, certains responsables peulhs répondent que oui. Se plaignant régulièrement d’exactions de la part de l’armée et des milices d’autodéfense, les peuhls ne semblent plus avoir confiance en l’armée.

Certes, de nombreux Maliens dont certainement des peuhls collaborent avec les terroristes. Mais ceci ne justifie en aucun cas une telle réaction, hautement néfaste pour cohésion sociale et la confiance, ces préalables à une probable victoire sur le terrorisme. La mission des militaires est de rechercher, traquer et neutraliser ces personnes, qui très souvent se fondent dans la population pour conserver l’avantage de l’effet de surprise. C’est une mission particulièrement difficile, étant donné que depuis le déclenchement de la guerre, l’armée malienne n’arrive pas à tenir durablement certaines positions reculées. Ce qui l’empêche de mieux connaître les individus et lui fait perdre du terrain en matière de renseignements.

Si les allégations d’exécutions sommaires sont avérées, alors les coupables doivent en répondre devant la justice. Il y va du renforcement des liens armée nation, et de la création de la confiance qui va avec. Car, la lutte contre le terrorisme ne doit pas avoir de répit. Quelles que soient les conclusions des enquêtes promises, cet incident inacceptable et mille fois condamnable doit être mis sur le coup des difficultés de stationnement des soldats, dans des localités où ils côtoient directement l’ennemi. Les fils et les filles du Mali, doivent tous soutenir la présence militaire permanente dans les localités, sinon ils feront le jeu du terrorisme.

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Ne pas compromettre les efforts du mali et de la communauté internationale

On ne le dira jamais assez, la lutte contre le terrorisme au Mali ne se gagnera qu’avec la collaboration des populations. Le gouvernement malien l’a si bien compris, qu’il a dépêché le mois dernier le premier ministre Boubeye Maïga, dans les localités Nord et Centre pour annoncer d’importants projets d’infrastructures, afin de rassurer les populations. Néanmoins, la multiplication des projets ne suffira pas à ôter les populations du joug des terroristes. Il faut un accompagnement sécuritaire. En décidant de pré positionner des bataillons dans différentes régions, le gouvernement malien et ses partenaires internationaux sont sur la bonne voie.

Au moment où le chef du gouvernement multiplie les déplacements à l’étranger à la recherche de soutien diplomatiques et financiers, le Maliens enverraient un très mauvais signal à la communauté internationale en intensifiant les affrontements intercommunautaires. La dernière réunion sur la sécurité au Sahel tenue dans la capitale mauritanienne, a d’ailleurs décidé de porter à 11 les pays du Sahel associés à la pacification de la région. Au terme de cette rencontre, le commissaire chargé de la paix et de la sécurité de l’Union Africaine, a annoncé la création d’une force d’intervention rapide au sein de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), ainsi que le renforcement des effectifs du G5 Sahel, par le déploiement de militaires au commandement opérationnel de cette force qui sera basée à Sévaré, dans le Centre au Mali. « Nous n’aurons pas de problème de budget, car le budget des Nations unies est déjà là et nous étudions avec nos collègues des Nations unies comment mettre cela en pratique », a expliqué Mustapha Chargi.

Plus que jamais donc, la situation au Mali est en bonne place sur l’agenda de la communauté internationale. Le pays gagnerait à en profiter pour réunifier son territoire, au lieu de s’empêtrer dans des affrontements entre communautés maliennes qui ne profitent qu’aux terroristes.

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