Au fur et à mesure que les élections législatives de 2019 approchent, l’état de santé du Bloc de la majorité parlementaire (Bmp) se détériore à l’Assemblée nationale et sur le terrain politique.Le manque de cohésion, les jeux d’intérêts, la guerre de positionnement dans plusieurs circonscriptions électorales, et surtout l’hypocrisie dans les prétendus soutiens aux idéaux du Président Patrice Talon, sont autant de maux qui vont précipiter dans la tombe ce regroupement de députés, qui finira par révéler sa vraie face aux dignitaires du Pouvoir de la Rupture.
On s’achemine vers la mort lente mais sûre du Bloc de la majorité parlementaire (Bmp), soutenant dit-on les actions du Gouvernement du Président , à l’Assemblée nationale. C’est ce qui se dessine de plus en plus au regard du développement de l’actualité socio-politique nationale. Pourquoi et comment ? Tout d’abord, il faut rappeler que le Bmp a été constitué juste au lendemain de l’échec cuisant du Chef de l’Etat, dans sa détermination à réviser la Constitution du 11 décembre 1990, malgré les résistances des populations.
C’était apparemment un bloc né pour consoler le Gouvernement qui avait pourtant dopé le moral des députés, afin d’atteindre son objectif. Dans l’opinion, on disait que l’argent avait circulé. Ce que l’Honorable Rosine Soglo n’avait pas démenti. On peut alors affirmer que c’était un groupe hétéroclite, dont l’objectif est de jouer au griot sous prétexte d’un prétendu soutien au Président Talon, qui a du mal à se débarrasser de sa posture d’homme d’affaires, pour être un véritable homme d’Etat. Pour preuve, le port de Cotonou, le coton et plusieurs autres secteurs d’activités dans les mains de ses anciennes entreprises, qu’il dit avoir laissées.
Changement de cap
En réalité, les députés du Bmp ne poursuivent pas les mêmes objectifs. Parmi eux, il faut le reconnaître, il y en a qui soutiennent vraiment le Président Patrice Talon. C’est le cas des Honorables députés, Antoine Kolawolé Idji, Dakpè Sossou et certains qui ont appelé à voter pour le candidat Talon, dès le premier tour de la dernière élection présidentielle, pendant que ce dernier était abandonné par l’ensemble de la classe politique nationale.
A l’Assemblée nationale, ils donnent le meilleur d’eux-mêmes pour l’aboutissement des réformes du régime de la Rupture. Les autres députés sont en grande partie issus des Fcbe, du Prd, de l’Un, de l’And et autres, qui avaient soutenu les candidats Lionel Zinsou et Sébastien Ajavon, à l’exception du Général Robert Gbian qui était lui-même candidat à ce scrutin. C’est dire qu’il y a plus de transhumants que de réels supporters du régime de la Rupture au sein du Bloc de la majorité parlementaire, à cause des intérêts personnels du moment. Donc, on ne peut pas compter sur des hommes sans conviction pour bâtir une véritable classe politique autour d’une vision de développement d’un pays.
Dans ce jeu de calculs politiciens, des députés révéleront sûrement leur vraie identité au chantre de la Rupture, dans les tractations pour les positionnements sur les listes électorales, entrant dans le cadre des prochaines législatives, quand ils n’y trouveront pas leur compte. La guerre qui se dessine entre le député Rachidi Gbadamassi, le maire de Parakou, Charles Toko et le ministre de l’Intérieur Sacca Lafia dans la huitième circonscription électorale où il y a le feu Yayi, en est une illustration parfaite. Dans d’autres régions, le même problème pourrait se poser. Alors, ce problème est un handicap pour la survie du Bmp.
En dehors de cela, la quête de popularité par leur démarcation de la politique du Président Talon, amènera certains partis à changer de cap. Nul n’est sans savoir que la politique du Chef de l’Etat est largement décriée par les populations à la base. Cela s’explique par la privatisation sauvage des entreprises d’Etat, avec leur cortège de licenciements massifs de jeunes, l’aggravation de la morosité économique, le conflit d’intérêts au sommet de l’Etat et autres.
Un parti politique comme le Prd, influencé dans son fief traditionnel (Ouémé et Akpakpa à Cotonou) par le phénomène Ajavon (opposant), ne peut plus continuer de supporter sans arrière-pensée le Pouvoir-Talon jusqu’aux prochaines élections législatives. Visiblement, Me Adrien Houngbédji, président de l’Assemblée nationale, est en train de comprendre cela pour sauver son électorat. Ce n’est pas pour rien qu’il a autorisé la désignation des membres du Conseil d’orientation et de supervision de la Liste électorale permanente informatisée (Cos/Lépi), malgré la réticence du Pouvoir.
Dans le même temps, ça grogne au Bmp. Dans les coulisses, beaucoup de députés estiment qu’ils reçoivent des coups en défendant le régime, alors que c’est une minorité proche du Président de la République qui en profite largement.
Dans ces conditions, le Bmp était né avec les germes de sa destruction. Dans les jours à venir, le Président Talon constatera lui-même les dégâts et en tirera les conséquences.
Laisser un commentaire