Bénin : L’ An II du « Nouveau départ »

Les cent premiers jours. C’est le temps que la presse se donne pour établir le premier bilan de l’action d’un gouvernement. La presse, ce faisant, s’arroge un droit qui a fini par se consolider en une tradition. Combien de temps faut-il à un peuple pour apprécier la gestion de son premier et suprême mandataire ? Le temps ne peut lui être compté. Il a donné à ce dernier son suffrage. Il lui a délégué sa souveraineté. Il a donc un pouvoir de contrôle illimité, permanent, de tous les instants. Voici, pour notre part et en cinq points, le bilan de l’An II du « Nouveau départ ».

Premier point : en rapport au temps. L’An II, c’est deux ans de gouvernance. L’année dernière, en l’An I, nous estimions « trop tôt » toute évaluation, au risque de pécher par excès. Nous ne pouvons dire la même chose cette année. Des jours se sont ajoutés aux jours. Ce n’est donc plus « trop tôt ». Mais c’est encore « trop juste ». L’An II, c’est deux ans sur cinq. Idéalement, c’est deux ans sur dix, soit deux quinquennats. Il reste qu’on commence à avoir matière pour se risquer à un bilan, évitant ainsi de pécher par omission.

Publicité

Deuxième point : en rapport à l’espace. Il s’agit du Bénin, pays difficile s’il en est. Ici, rien n’est simple, rien n’est durablement droit. Tout est à géométrie variable. Ceux qui ont eu à sonder le pays et à l’explorer en ses tréfonds ont fait breveter l’expression : « Ici, c’est le Bénin », allusion à une singularité avérée, à une complexité certaine. C’est là une donnée majeure. Elle est à intégrer au bilan de l’An II du gouvernement et de la gouvernance du « Nouveau départ ».

Troisième point : en rapport avec la qualité de la ressource humaine. L’homme est l’élément de base. Il a capacité à ouvrir ou à fermer les portes du développement. Tout dépend des pensées qu’il entretient dans son esprit. En deux ans de gouvernance Patrice Talon, peu aura été entrepris pour aider le Béninois à changer. Il s’agit fondamentalement de reprogrammer le logiciel mental de nos compatriotes. Non pour susciter en eux la peur, en déclenchant la machine de la justice. Non pour affirmer la toute puissance de l’Etat perçu ou à percevoir comme l’un des cavaliers de l’Apocalypse. Il s’agit moins de libérer les espaces publics à coup de bulldozers que de créer chez chacun l’esprit du bien public. Il faut aider chacun à tracer la voie et sa voie pour une prise en charge de soi par soi. L’éducation est ainsi appelée. Une éducation de type nouveau, à tenir pour la matrice d’où émergera un nouveau Béninois. Il reste qu’une vision est projetée. Le programme d’action du gouvernement (PAG) en porte le cachet. Mais le Bénin tarde à se révéler. La ceinture des sacrifices ne se desserre point.

En attendant les beaux jours, les mauvais comportements persistent. Le culte de l’argent continue. Les valeurs de vie périclitent. Au rythme d’une politisation à outrance, des transhumances politiques et des meurtres rituels sans nombre. Que dire de la désespérance d’une jeunesse déboussolée ? Que penser d’un conflit intergénérationnel sauvage ? Pères et mères se reconnaissent de moins en moins en leur progéniture.

Quatrième point : en rapport avec l’efficacité des directions de gouvernance. L’administration souffre d’un déficit de transparence. Nous gagnerons à faire savoir, à faire comprendre, à faire faire, à faire ensemble. Contre tout esprit de couvent. Au grand déplaisir des copains et des coquins.

Publicité

L’administration souffre d’une centralisation et politisation à outrance. Ses démembrements, des coquilles souvent vides, excellent à transférer les querelles politiciennes du centre vers les périphéries. Dans le fracas des destitutions des maires. Au mépris des intérêts des populations.

Cinquième point : en rapport avec les résolutions à prendre. Nous en avons noté cinq.

  • Avancer sans ruse et sans rage
  • Cultiver l’écoute
  • Accepter la critique et engager le débat
  • Rassembler et réconcilier les Béninois
  • Sauver l’esprit de la conférence nationale à travers des valeurs cardinales que sont la confiance, la concertation, le compromis, le consensus, la collaboration, la coopération…

Tout bilan est provisoire. Il s’exerce sur une matière mouvante. De plus, il doit compter avec des hommes qui, eux-mêmes, sont des mutants. La vérité, c’est que la vie est mouvement. En route donc pour l’An III du « Nouveau départ » !

2 réponses

  1. Avatar de Codjo Elie A
    Codjo Elie A

    union de prièrre à notre président Patrice TALON afin que les bonnes platiques reviennent dans la gestion de notre nation commune le bénin

  2. Avatar de gombo
    gombo

    Mon grand frère équilibriste, il faut appeler les choses par leur nom :
    2 ans Talon = 4 ans perdus
    1/ Recul de la démocratie, si on ne veut pas dire avancée de l’autocratie
    ( non respect des décisions de justice, corruption des députés, lois scélérates votées sans debat, restriction des libertés d’association, attaques contre le droit de grève, brouillage et piratage des ondes, opacité totale dans les décisions et délibérations…)
    2/ Asphyxie de l’économie réelle par des priorités et des actions contre-productives :
    (casses des petits commerces de proximité, déstructuration du secteur informel sans solution de remplacement, augmentation des taxes sur le secteur formel, drainage de l’offre de crédit intérieur par les recours répètes de l’état, politique fiscale et douanière déséquilibrée en faveur des plus riches –exonérations de droit de douane ou d’enregistrement aux « ayant » -, financement d’investissement par la trésorerie –cas Pendjari et African Parks -, demantelement sans remplacement efficace des structures de soutien a la production agricole etc.., cartel dans les secteur agricole du coton/anacarde, monopole prive du contrôle des recettes portuaires par PVI,etc… Entraves a la concurrence et népotisme institutionnalise – Attribution de marches de gre a gre avec retour du PVI, de la SODECO/AIC, érections de barrières a l’entrée –usine de coton interdites…-, gestion hasardeuse de la dette -3 directeurs de la CAA en 2 ans, emissions mensuelles d’emprunts avec parfois des taux de souscription ridicules… )
    3/ Exclusion des ressources humaines et entreprises locales soumission a l’étranger
    (Recours systématique ax cabinets étrangers pour les études, le contrôle –Hôpitaux de Paris, Port d’Anvers, Cabinet Berger, Cabinet Deloitte, Bureau d’Etude Caisse Dépôts et Consignations etc…, mépris affiche pour les ressources locales –propos sur le désert de compétences traduits dans les comportements et discours – discours au Port…, dépeçage du faible tissu économique par des ventes a l’étranger et des privatisations déguisées sous formes d’affermage , de mandats de gestion, de soit disant BOT etc.. )

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité