Le régime de la rupture a marqué le peuple béninois ces deux dernières années, par la privatisation des sociétés d’Etat. Cette initiative du gouvernement inscrite dans la logique d’une gestion rationnelle, a mis au chômage plusieurs milliers de jeunes béninois. Mais le hic, c’est que toutes les privatisations de société sont intervenues dans un contexte de tension sociale, qui continue de traîner le Bénin dans une crise sans lendemain.
La privatisation des sociétés d’Etat a été l’un des points d’achoppement entre le gouvernement et les centrales et confédérations syndicales, au cours de ces deux ans de gouvernance. Les travailleurs dénoncent la gestion opaque des sociétés, sans jamais émouvoir le régime de la rupture. En deux ans, les privatisations de société opérées sous le régime de la rupture malgré les contestations font réfléchir. Quelques mois après sa prise de fonction, le gouvernement de la rupture a entamé la privatisation des sociétés publiques. C’est dans une opacité légendaire que tout se déroule, d’après les dénonciations syndicales. Il faut souligner la rareté des avis d’appel d’offre comme le recommande la loi sur les marchés publics.
A tour de rôle, des sociétés qui appartiennent à l’Etat sont ‘’vendues’’ aux sociétés étrangères. Au cours de son conseil des ministres du 20 décembre 2017, le gouvernement a annoncé la cession de plusieurs sociétés. C’est le cas de la gestion de l’aéroport international Cardinal Bernardin Gantin de Cotonou, confiée à l’aéroport international de Paris, une entreprise française. Le Port Autonome de Cotonou qui représente le poumon de l’économie béninoise, a lui été cédé à Port of Antwerp international, une entreprise belge.
Paris hospital foundation (Phf), s’est vu attribuer la gestion des évacuations sanitaires et la prise en charge des patients béninois en France. Sur quelle base le gouvernement a-t-il sélectionné ces partenaires à qui il a cédé des sociétés qui auparavant n’étaient pas déclarées en faillite. La Société nationale de la promotion agricole (Sonapra), l’Office national pour la sécurité alimentaire (Onasa) et bien d’autres structures de l’Etat, ont été cédées également dans un contexte d’opacité. Le processus n’a pas nécessité d’appel d’offre comme c’est de coutume dans les pratiques de passation de marchés publics.
La loi PPP dresse le tapis aux dérives
L’article 6 de la loi n°2016-24 du 11 octobre 2016 portant cadre juridique du partenariat public-privé en République du Bénin, dispose : « Le Conseil des Ministres est l’instance suprême de prise de décisions dans le processus de mise en œuvre des projets en partenariat public‐privé. Le Conseil des Ministres délibère sur la décision de recourir à un contrat de partenariat public‐privé, pour la réalisation des projets qui peuvent en faire l’objet ; il approuve les étapes préparatoires et autorise la signature du contrat ».
Nonobstant la décision de la Cour la Dcc 17-039 du 23 février 2017 qui déclare contraire à la Constitution la loi sur le partenariat public-privé, le gouvernement fonce sans aucun égard à la haute juridiction dont la décision est pourtant sans recours. L’affermage des sociétés, la gestion déléguée, la mise en concession des sociétés qui sont des principes contenus dans la loi sur le Ppp, sont appliqués à la lettre.
Le comble est que pendant deux ans, la sélection des sociétés est faite en conseil des ministres sur la base de cette loi qui n’existe pas au regard de la décision de la Cour. Le ministre de l’Economie et des Finances Romuald Wadagni, a confié à Jeune Afrique en février dernier que le gouvernement est porté vers ce choix, parce qu’il s’appuie davantage sur le secteur privé pour la réalisation des grands projets d’infrastructures.
« Nous avons commencé dès l’an dernier à tisser ces partenariats publics-privés, et les résultats seront très prochainement visibles », a confié l’argentier national.
Il y a tout de même des zones d’ombre que le gouvernement est appelé à clarifier. Tout le peuple est aux abois comme le remarque le Sg/Csub, Christophe Houessinon : « on constate que ces sociétés sont déclarées privatisées par la main droite du gouvernement, et que c’est sa main gauche qu’on retrouve derrière ces mêmes sociétés ». Quelle garantie le peuple a-t-il du côté social du gouvernement à travers ces privatisations déguisées
Répondre à Amaury Annuler la réponse