L’an II du « Nouveau départ ». Et après ?

La direction des hommes, quoi de plus difficile. Pour l’observateur lointain ou périphérique, le pouvoir est un chemin de rose ou un dîner de gala. Trompent énormément les apparences et les apparats. La difficulté dans la gestion du pouvoir d’Etat tient au fait que nous avons affaire à l’homme. « Un sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant « , selon Montaigne. La sagesse africaine renseigne que pour diriger un troupeau de bœufs, le berger n’a besoin que d’un bâton. Pour diriger des hommes, c’est un homme, un bâton. C’est tout dire.

Publicité

Exceptionnelle mobilisation des Béninois pour apprécier l’An II du « Nouveau départ ». C’est la preuve par neuf qu’une opinion publique nationale prend progressivement corps et forme. Les Béninois entretiennent désormais de nouveaux rapports à la politique. Au-delà des clivages traditionnels Sud-Nord, des querelles de clocher habituellement teintées de parti-pris ethnocentriques, des ambitions jusque là adossées à des intérêts de bas étage. Trois profils de citoyens se dégagent, donnant à appréhender un spectre de tendances assez représentatives de cette opinion publique nationale naissante.

Nous avons noté la catégorie des citoyens extrémistes. A un bout  » Patrice Talon, en deux ans, n’a rien fait. » A l’autre bout, « Patrice Talon, en deux ans, est le meilleur Président que le Bénin ait jamais eu. Patrice Talon, number one. Patrice Talon, l’Agbonon national ».

Les uns soutiennent que le Nouveau départ s’est planté sur le bas côté de la route. On ne saurait donc parler de départ, encore moins de « Nouveau départ ». Va plutôt pour le « Nouveau repas ». Car, disent-ils, au moment où l’immense majorité de nos compatriotes n’en finissent plus de se serrer la ceinture, il y a en a qui se la coulent douce.

Les autres soutiennent pour leur part que Patrice Talon a déjà un pied dans l’histoire. Il a commencé par exorciser le pays en le délivrant de ses démons familiers. Il reprogramme, avec beaucoup de bonheur, le logiciel mental du Béninois. Il promeut des paradigmes nouveaux qui appellent à l’avènement d’un Béninois de type nouveau. Il propose un horizon de rêve que porte le Programme d’action du gouvernement(PAG), en attendant d’en faire prendre le relais par la réalité.

Publicité

Les extrémistes, d’un camp ou de l’autre auront oublié une vérité : tout ce qui est excessif est insignifiant. La sagesse populaire ne dit pas autre chose. Trop de viande gâte la sauce. Peu de viande aussi. Nous n’aurons besoin, pour avancer, ni de coups de bâton ni de coups d’encensoir.

Mais que vaut-elle une sauce sans viande ? La question pose le problème de la deuxième catégorie de citoyens. Il s’agit des indifférents. Ils n’ont pas d’opinions connues. Ou ils n’en donnent point. Par ignorance ? Par désintérêt ? Par prudence ? Par lassitude ? Par dégoût pour la politique ? Les absents ont toujours tort. Et qui ne dit rien consent. Cela se paie cher.

La troisième catégorie de nos compatriotes a voulu être de bon conseil pour le « Nouveau départ ». Il s’agit d’aider Patrice Talon à réussir son quinquennat, dans la dynamique d’une contribution et d’une participation au meilleur devenir du pays. Ceux-ci avancent quatre directions d’actions. Elles sont à prendre pour autant de conditions pour un vrai départ.

1 – Faire savoir. Il faut dire ce qu’on fait, en informant le plus largement possible les citoyens. La loi du silence et l’esprit de couvent nuisent à la gouvernance et à l’action gouvernementale. Le gouvernement doit gagner la bataille de l’information.

2- Faire comprendre. Il faut expliquer le plus largement possible ce qu’on fait, ce qui se fait, ce qui va être fait. C’est avoir le réflexe du compte-rendu. C’est marquer le souci de n’entretenir la moindre opacité. Le gouvernement doit gagner la bataille de la communication.

3- Faire faire. Il faut susciter l’implication de tous dans la vie du pays. Il faut qu’il soit compris, reprenant à notre compte les mots de Nelson Mandela, que ce qui est fait en notre nom, mais sans nous, est fait contre nous. Le gouvernement doit gagner la bataille d’une participation citoyenne inclusive et responsable.

4- Faire ensemble. Il faut défendre l’idée selon laquelle le Bénin est notre bien à tous. Aucun doigt ne doit manquer autour de la jarre trouée. Le gouvernement doit gagner la bataille de la réconciliation des Béninois. Le Bénin d’abord. Patrice Talon n’en est que le premier serviteur.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité