Une hirondelle annonce le printemps sans faire le printemps. Le défunt Bureau de l’Auditeur Général était l’une des dernières trouvailles du Président Yayi pour circonscrire, faute de l’éradiquer, la corruption et l’enrichissement illicite.Depuis si longtemps, le pernicieux mal gagne en volume et en gravité. Il sévit dans toutes les sphères de la vie publique. L’agent de l’administration fait traîner les dossiers pour de l’argent ; il peut s’agir de petits sous comme se faire établir un acte administratif.
Les dossiers plus délicats nécessitant l’intervention de plusieurs structures imposent d’huiler tous les maillons de la chaine ; on rançonne au su et au vu de tous avec la complicité passive ou active de la hiérarchie. Tout cela constitue des menus fretins comparé aux milliards de nos francs que l’on détourne allègrement, aux pots de vin faramineux versés aux attributaires des marchés publics.
A vrai dire, l’Etat est juge et partie dans les affaires de malversation. En effet, l’attribution, le suivi et les règlements des marchés sont de son ressort ; à l’Etat revient alors de veiller à ce que tout se passe selon les règles qu’il a lui-même établies. Autant de raisons pour ne pas le disculper. Il s’agit ensuite de faire rendre gorge aux indélicats. Hormis les petits poissons, le filet de la justice n’arrive pas à capturer les baleines ; c’est ainsi que la Haute Cour de Justice attend toujours son tout premier client depuis son institution. Députés et ministres envoyés devant ladite cour n’ont jamais comparu et vaquent tranquillement à leurs affaires. Ainsi va-t-il le Bénin ? Que nenni ? Car la réaction de l’Etat sous la gouvernance Talon ne s’est pas fait attendre. La justice est bien saisie de dossiers, mais pas dans l’ordre chronologique des faits. Cette façon de procéder autorise toutes les supputations.
Par ailleurs, le mal a-t-il diminué ou sévit-il toujours ? Le ver est-il toujours dans le fruit ? Les limogeages et arrestations en cours sous le régime du nouveau départ permettent d’être affirmatif. Le hic est la présomption d’innocence mise à mal ; c’est le moins qu’on puisse en dire !
Le peuple, lui, ne se fait guère d’illusion en visionnant ce feuilleton de mauvais goût aux épisodes si insipides. Il observe avec consternation que le mal continue de ronger, de ruiner et de tuer à petit feu l’économie et les finances publiques. « Si je devais tenir compte des rapports des corps de contrôle et d’audit, je jetterai en prison presque tous les directeurs généraux des sociétés d’Etat.» Cet aveu est du président Boni Yayi qui s’en est allé au terme de son mandat laissant la gestion de ce dossier à son successeur, Patrice Talon. Quel traitement en fait-il ? Quel est l’état des lieux sous sa présidence ?
Il est à regretter que les audits soient sous embargo hier comme aujourd’hui. Observons enfin que le président de la république a contre lui le système mafieux en place depuis des lustres ; il ne le découvre pas ; il sait que le Bénin dispose de cadres dont la cupidité a pris en otage le développement du pays. Le président de la république dit regretter d’avoir contribué à la promotion d’hommes et à la mise en place d’un système aujourd’hui décrié. Dispose-t-il d’assez d’atouts pour purger l’administration béninoise ? Qu’il ne jette surtout pas l’éponge, mais continue le combat dans une totale impartialité.
Jean Achadé(Contribution)
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