Le député Mohamed Atao Hinnouho, a été conduit hier dimanche à la prison civile de Cotonou. Cette décision du parquet de Cotonou, prise en violation de celle du juge des libertés et de la détention, des principes basiques du droit et des considérations humaines, prouve à suffisance le désir du gouvernement d’humilier et de martyriser le député.Ce que Me Paul Kato Atita avait dénoncé dans des courriers adressés la semaine dernière au garde des sceaux et au procureur de la république. Atao Hinnouho a changé de statut. Depuis hier, il est passé de celui de malade hospitalisé à celui de prisonnier. Se basant sur un mandat de dépôt délivré il y a quelques jours, le parquet de Cotonou a ordonné l’embastillement du député.
Des agents de la police républicaine sont venus le chercher à bord d’un véhicule privé, pour le déposer à la prison civile de Cotonou. Scénario presque impensable dans un pays dit démocratique, où le principe de l’indépendance de la justice est consacré. Non seulement cette décision a été prise en violation de la décision du juge des libertés, mais aussi en faisant fi des avertissements et des mises en garde de plusieurs partis politiques et des avocats de l’intéressé. Selon des sources proches du dossier, l’un des avocats Me Paul Kato Atita, avait averti et le garde des sceaux et le procureur de la république. Dans un courrier en date du 09 mai, adressé au ministre de la justice, l’avocat rappelle d’abord les actes de bastonnades dont son client a été victime.
Tout en craignant des suites prévisibles et imprévisibles à ce dossier, l’avocat revendique le droit de son client à se faire soigner par un médecin de son choix, et invite le garde des sceaux à l’aider dans le respect de ce droit. Deux jours plus tôt, selon toujours les mêmes sources, le même avocat avait saisi le procureur de la république pour l’inviter à tenir compte de l’état de santé de son client dans la poursuite de la procédure. « L’intégrité physique de l’honorable Atao Mohamed Hinnouho doit lui être garantie ; la personne vulnérable qu’il est devenue ne doit pas offrir l’occasion aux forces de l’ordre, de porter manifestement atteinte à sa dignité », a-t-il déclaré. Pourtant, ces avertissements n’ont pas empêché le parquet de Cotonou de conduire la procédure manu militari. Sans attendre un rapport médical qui confirme que le député est réellement rétabli, il a été envoyé en prison hier dimanche, un jour non ouvrable à la surprise de tous. Tout ceci ne fait que confirmer les influences politiques trop poussées dans ce dossier, et la volonté du gouvernement de martyriser ce député au mépris des principes démocratiques et de l’Etat de droit.
La logique de la rage et de la ruse en action
Qu’est-ce qui urge un dimanche, veille d’un jour ouvrable, pour que les autorités pénitentiaires aient décidé de transférer manu militari le député Mohamed Atao, malade et hospitalisé en psychiatrie, à la prison civile de Cotonou ? Cette décision a-t-elle reçu l’aval du médecin traitant ? Ce dernier a-t-il délivré un certificat qui atteste de son parfait rétablissement ? Quand l’on sait que le procureur de la république près le tribunal de première instance de Cotonou, présentait naguère le rapport du chef service des urgences du Cnhu, lequel établissait l’interné comme ne présentant aucune anomalie physique, mais plutôt des troubles psychiques, on peut s’étonner de cette décision brutale intervenant un jour non ouvrable.
Sachant délicat le traitement des pathologies d’ordre psychique, il y a à s’étonner de l’empressement avec lequel les services pénitentiaires ont décidé de son transfèrement. Etant donné que les prisonniers malades sont souvent autorisés à séjourner dans les hôpitaux sous haute surveillance, comme le détenu de nationalité française de la même affaire de « faux médicaments », qu’est ce qui a bien pu motiver la sortie forcée de cet autre détenu, Béninois, avant son total rétablissement ? Faut-il donner raison à ceux qui rapportaient les propos de ces détracteurs amis du gouvernement, avançant que le régime est déterminé à humilier l’honorable, en le faisant séjourner en prison par tous les moyens, inclus le recours au droit de la force ?
Plus préoccupant encore, c’est qu’à la date du 13 mai où cette décision est prise, on était à 16 jours de sa première comparution fixée au 29 mai 2018. En l’éloignant de l’hôpital, proche des médecins qui peuvent rapidement intervenir en cas de malaise, n’y a-t-il pas un agenda caché qui relèverait de la mise en œuvre de la politique de la « rage et de la ruse »
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