Depuis le vendredi 27 avril 2018, jour où l’He Mohamed Atao est allé comparaitre librement devant les juges, on est étonné de l’acharnement des éléments de la police sur sa personne.Malgré la décision rendue par le juge des libertés et de la détention qui laisse le député libre de ses mouvements, la police reste à ses trousses avec de temps en temps des tentatives d’incarcération.
Cet entêtement de la police à procéder à l’arrestation du député, constitue la preuve irréfutable de la défiance du pouvoir judiciaire par l’exécutif. Comme pour dire que l’indépendance de la justice n’est que balivernes.
Il a fallu que l’He Atao décidât d’aller, librement, comparaître devant le juge d’instruction et celui des libertés et de la détention, pour qu’on se rende compte que le principe de la séparation des pouvoirs tant avancé par les membres du gouvernement et le chef de l’Etat lui-même, est un vain mot au Bénin. Comment comprendre que le juge des libertés et de la détention rende une décision en faveur du député mis en cause, mais que l’exécutif tienne coûte que coûte à procéder à l’arrestation de ce dernier.
On est là devant un cas manifeste de défiance de la justice par l’exécutif. Sinon une affaire qui est déjà au niveau des juges, a déjà dépassé le stade de la police. Il est incompréhensible qu’après la décision du juge, que la police qui reçoit certainement des ordres des autorités, persiste à procéder à cette arrestation. Difficile de comprendre que les éléments de la police continuent de camper à l’hôpital où est interné l’honorable. Cela est d’autant plus préoccupant que cela arrive à un député, c’est-à-dire à un représentant du peuple. Ce qui suppose que pour les citoyens ordinaires, il n y aura aucun recours à cette nouvelle instance judiciaire, bien au dessus des décisions de justice.
Le silence curieux du parlement
C’est étonnant que les autres parlementaires affichent un calme plat face à ce qui apparait déjà comme les signes annonciateurs du pouvoir dictatorial. Celui qui outrepasse les décisions de justice pour ne faire appliquer que celles qu’il juge bonnes. C’est grave et préoccupant que les choses se passent ainsi. Que le pouvoir judiciaire soit défié et ridiculisé, sans qu’on entende la moindre indignation des acteurs politiques, de la société civile et même des autorités traditionnelles et religieuses. En Afrique, on préfère plus soigner que prévenir, pourtant de telles dérives dictatoriales peuvent encore être arrêtées alors qu’il est temps…
Ces manifestations de l’autoritarisme doivent inquiéter et susciter des réactions. Dans ce cas de figure, on ne devrait plus distinguer des camps. Les députés dans l’ensemble devraient se soucier de ce qui arrive aujourd’hui à leur collègue, comme pouvant leur arriver demain. Parfois, des situations ponctuelles laissent croire à certains qu’ils sont à l’abri des injustices, mais ce n’est qu’un leurre. Pour preuve, des ministres qui étaient hier dans le gouvernement sont devenus de vils individus sans protection ni attention.
Décrier et dénoncer à temps l’institution du pouvoir autocratique
Le bon sens exige que les justiciables se plient aux décisions de la justice. Les non satisfaits peuvent toujours demander un recours. Mais en l’espèce, les éléments de la police selon le conseil d’Atao, auraient répondu à l’huissier au Cnhu qui leur demandaient sous l’ordre de quelle institution ou juge ils voulaient procéder à l’arrestation du député, qu’ils n’ont pas d’explications à donner, juste qu’ils sont en mission. Ces agissement rappellent la célèbre police allemande du régime hitlérien, la Gestapo, qui lorsqu’elle interpellait un citoyen, le faisaient disparaître.
De même, la police appelée section d’assaut en Afrique du sud de l’époque de l’apartheid, était réputée pour ses enlèvements et ses exécutions extrajudiciaires. C’est aussi le cas des polices politiques au Burundi et en Rdc, qui interpellent, condamnent et exécutent. Si dans une république normée et de surcroît démocratique, la police peut répondre qu’elle n’a pas d’explications à donner dans une affaire où un député dit avoir été agressé dans les locaux de la justice, il y a lieu que chaque citoyen soit inquiet. Le Bénin ayant toujours été un modèle de démocratie, Etat de droit et de protection des droits de l’homme et des libertés, veillons au grain…
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