Visite de Fatou Bensouda en RDC : vers de poursuites de la CPI ?

La visite effectuée récemment en RDC par Fatou Bensouda, la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), n’augure rien de bon pour le président Joseph Kabila, dont le départ du pouvoir est clairement demandé par l’opposition et plus diplomatiquement souhaité par plusieurs capitales occidentales.Vivement critiqué par son opposition et les capitales occidentales, pour les violations des droits de l’Homme commises dans le pays, et soupçonné de vouloir se maintenir au pouvoir après ses deux mandats constitutionnels, Joseph Kabila et son régime ont désormais une autre épée de Damoclès sur la tête, avec les enquêtes de de la CPI qui se précisent.

Certes, la procureure affirme qu’elle enverra encore une mission sur place avant de se prononcer, mais vu l’actuel contexte politique et sécuritaire de la RDC, ainsi que les tensions internationales, il est très peu probable que la CPI enquête.

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En effet, la visite de la procureure qui intervient quelques temps après une note américaine dénonçant des entraves à l’enquête sur l’assassinat de deux experts onusiens, est tout sauf un hasard du calendrier. Depuis le début de l’incident, Kinshasa et les pays occidentaux s’opposent sur la conduite de l’enquête. D’une part le gouvernement congolais rejette l’idée d’une enquête internationale, estimant que la justice congolaise est tout à fait capable d’éclaircir les conditions de ce double meurtre. Des suspects avaient été arrêtés et la probabilité de l’assassinat des deux experts par un des mouvements rebelle très actifs dans la zone de l’incident, avait même été jugée crédible par certains acteurs internationaux. L’éventualité d’une résolution de cette affaire par la justice congolaise, éloignait de facto l’espoir d’une enquête internationale. Mais, sous la pression de Washington, les conclusions des enquêteurs congolais sont en passe d’être oubliées. Une situation qui met du coup en scène la Cour pénale internationale.

Les prochaines élections : le véritable enjeu

« J’ai demandé au président de faire en sorte que les coupables des violences soient traduits en justice, quel que soit leur bord », cette phrase de la procureure laisse penser à la thèse des opposants et certaines capitales occidentales, thèse selon laquelle des personnalités du régime seraient impliquées dans les violences qui endeuillent le pays. Ceux qui au sein du régime prêtent flanc aux critiques de l’opposition et de la communauté internationale, en réprimant violemment les manifestants, ont des soucis à se faire. On peut imaginer que des personnalités comme le chef de la police mis en cause dans l’assassinat du fondateur de l’ong « La voix des sans voix », et le ministre de l’intérieur, très prompt à justifier les dérives du chef de l’Etat, ont des chances d’être inquiétés.

Si toute cette pression sur la RDC est compréhensible du fait des nombreux massacres de civils qui ont cours dans le pays en toute impunité, il reste que le vrai enjeu reste la surveillance voire le contrôle du processus électoral devant désigner le prochain président de la RDC. La seule manière pour les capitales occidentales de peser sur le scrutin, c’est d’en financer le déroulement. Le régime le sait bien, et multiplie les initiatives pour pouvoir financer lui-même les élections. La dernière polémique entre le régime congolais et plusieurs acteurs humanitaire, n’est pas totalement étrangère à cette conjoncture. Malgré les réticences de Kinshasa, la communauté internationale a d’autres moyens de s‘impliquer fortement dans la prochaine présidentielle congolaise, notamment par la désignation de nombreux experts, représentants spéciaux, dont les mandats peuvent parfois aller très loin dans la reconnaissance internationale des résultats. Le cas de la présidentielle ivoirienne de 2010 en est un exemple. Ce modèle pourrait bien être appliqué à la RDC s’il n’est déjà en cours.

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