Bénin : Encore une modification constitutionnelle sans débat public préalable

La modification de la loi fondamentale est en bonne voie au parlement. La commission des lois ayant déjà donné sa caution pour la recevabilité du projet de loi qui l’introduit, il ne restera plus qu’aux parlementaires de faire la suite en plénière.Une fois encore le projet de modification de la constitution atterrit au parlement sans être précédé d’un débat public préalable, une extrême curiosité pour le Bénin, pays de référence de la démocratie en Afrique. Le processus conduisant à la modification de la constitution est sur la pente descendante au parlement. Après le rapport de la commission des lois qui a validé le projet de loi, les autres étapes de ce processus sont annoncées pour démarrer dès demain jeudi ou après-demain vendredi. Parmi les amendements annoncés, on cite : la création de la Cour des comptes, l’alignement des élections, l’introduction d’un quota de femmes sur les listes électorales et l’abolition de la peine de mort.

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Ces amendements qui ne sont pas de moindre importance pour l’avenir du pays, vont être débattus au parlement sans débat public préalable. Un peu comme si le Bénin veut inventer le fil à couper le beurre. Il faut entendre aussi par pratique démocratique, la promotion des débats publics qui visent à tourner et à retourner l’esprit sur des sujets de grande préoccupation. Parmi ces sujets, la révision de la constitution devrait figurer au premier rang.

Comment ne pas soumettre au débat public des questions de la représentativité des femmes dans les instances de prise de décisions. Cette pratique que la science politique appelle : « la démocratie procédurale », permet aux députés qui doivent étudier le texte de s’inspirer des différents arguments développés lors des débats à travers les médias ou dans les salles appropriées.

Sur cette question de la représentativité des femmes par exemples, on l’aurait étendu à toutes les instances de prise des décisions en commençant par le gouvernement. Arrêter un nombre de ministères et dire combien de femmes doivent en faire partie. En faire autant pour les législatives pour dire combien femmes il faut avoir au moins sur les 83, puis sur les municipales, arrêter le quota de maires femmes sur les 77. On pouvait tenir le même débat pour ce qui est de l’alignement des élections. Puisque cet alignement ne présente pas que des avantages.

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Lorsque les élections sont intercalées le long du mandat cela sert de baromètre à la gouvernance de l’exécutif. A ce propos, on peut se demander depuis 1990 que cela a été institué, l’étude qui a permis de démontrer que la situation socio-économique actuelle du Bénin trouve son explication dans le décalage des élections. De même, la création de la Cour des comptes risquerait d’être une institution de plus pour le gouvernement, avec un budget de fonctionnement, des structures et du personnel à recruter.

Le véritable problème aujourd’hui n’est pas là. C’est plutôt l’agence de régulation des marchés publics par exemple, qu’il faille renforcer et dynamiser, en lui  attribuant des pouvoirs coercitifs. Il n’est plus de doute que c’est dans l’attribution, la réalisation et la réception des marchés publics que l’argent du contribuable est le plus dilapidé et détourné. Restreindre le débat sur l’amendement de la constitution aux seuls députés, alors que ces sujets impactent le quotidien de tout un peuple, est une erreur politique qui aura de lourdes conséquences.

12 réponses

  1. Avatar de Steph
    Steph

    On ne se lève pas du jour au lendemain pour réviser le texte ayant la grande valeur juridique  au Bénin..il faut mûrir la réflexion, Et prendre en compte point de vue du  peuple.Notre démocratie va à l’eau et c’est vraiment dommage.

  2. Avatar de Paul Ahéhénou
    Paul Ahéhénou

    J’espère qu’un jour, le peuple balaiera ces soi-disant honorables comme ce fut le cas au Burkina, et qu’on en finisse avec eux une fois pour toute. Ceux qui sous prétexte de donner plus de place aux femmes, ne nous ont jamais donné l’exemple sur leur liste électorale. Même Talon qui téléguide tout cela en sous main, n’a pas donné plus de place aux femmes dans son gouvernement. Qui veut-on tromper? C’est juste une manipulation pour arriver à ce qui a été rejeté avant. Mais, une chose est sûre: réviser la constitution comme vous voulez, elle sera réhabilitée. Au Togo, on réclame le retour à la Constitution de 1992. Tout ce que Talon veut introduire n’a pas la valeur de ce qui s’y trouve actuellement. Il veut juste une couverture pour mieux piller le Bénin et nuire aux opposants. Rien de plus.

  3. Avatar de abc
    abc

    c’est à croire que la révision est devenue un défi politique plus tôt qu’une nécessité. attention aux tenants de cette révision forcée, nous avons besoin de quiétude dans notre pays.

  4. Avatar de Ominira
    Ominira

    Talon veut soumettre tout le Benin. Lorsqu il y a élection, il va gagner avec son ravip. Et pour les institutions de contre pouvoir, il veut nommer tout le monde.

    STOP

  5. Avatar de lelenou
    lelenou

    Il y a eu suffisamment de publicité sur cette affaire la preuve on en parle ici il n’y a pas d’autres débats publiques à faire la constitution a bien prévu le mécanisme de sa révision. Arrêtez d’embrouiller le peuple avec vos articles, les députés sont élus pour un job, ils habitent avec nous allez leur dire votre point de vue même en chemin

  6. Avatar de ALLOMANN
    ALLOMANN

    Qu’appellez-vous débat public au sujet de propositions de modification de certaines dispositions de la Constitution? Depuis quand on soumet au débat public des propositions de cette nature? Dans quel document de référence a-t-on prévu de telles procédures au Bénin?. …. C’est dommage cette conception de la démocratie au Bénin. Il y a une majorité démocratique qui met en oeuvre sa politique. Ceux qui sont contre peuvent faire des contrepropositions que la majorité peut ou non prendre en compte…..Arrêtons ces digressions inutiles

    1. Avatar de Alo
      Alo

      En matière de modification de la constitution, il faut un minimum de consensus sinon nos textes fondamentaux changeront à chaque nouvelle majorité. Cela sera source d’instabilité.
      Ceci dit, au Bénin on aime polémiquer sans connaître le contenu des textes. On juge plutôt l’initiateur de la modification, que la modification elle-même.

      Cela ne fait pas avancer le pays.
       

  7. Avatar de elias
    elias

    je viens de lire dans la titrologie des journaux parus aujord’hui par le biais du net que le député Issa Salifou a rejoint la mouvance pieds et mains lui qui il y a peu était avec Yayi pour critiquer Talon. Juste pour attirer l’attention de tous ceux qui interviennent sur ce forum que les députés s’enfoutent pas mal de nos ceitiques et ne pensent qu’à leurs intérêts

  8. Avatar de Tonagnon
    Tonagnon

    Les sujets proposés dans cette démarche d’amendement me paraissent pertinents. Il faut que les initiateurs se donnent le temps de les discuter largement avec le peuple. Le concensus autour de ces sujets est possible et donnera plus de légitimité à ces amendements.

  9. Avatar de Big
    Big

    TRÈS MAUVAIS ! C’est le lieu de le dire. Cette révision renforce fortement le pouvoir du PR qui nommera desormais les présidents de la cour des comptes, de la haac, de la cour suprême ?? Il continuera aussi de nommer 3 des 7 membres de la CC

  10. Avatar de AD
    AD

    C’est le privilège accordé au chef de l’état dans les nomination des responsables de la cour des compte qui est mauvais

    1. Avatar de Big
      Big

      TRÈS MAUVAIS ! C’est le lieu de le dire. Cette révision renforce fortement le pouvoir du PR qui nommera desormais les présidents de la cour des comptes, de la haac, de la cour suprême ?? Il continuera aussi de nommer 3 des 7 membres de la CC

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