Rien. On ne peut rien en tirer. C’est l’opinion plutôt sévère d’une majorité d’habitants de Cotonou. Leur cité, pensent-ils, ne peut rester durablement la vitrine du Bénin. Arguments : le site de la ville est insalubre. Les zones inondables, par leur importance, sont une menace pour aujourd’hui et pour demain. Quant à l’érosion marine, Dieu est grand ! Cotonou serait-elle un nœud de problèmes insolubles ? A cette question, il ne peut y avoir une réponse tranchée, définitive. Entre en ligne de compte une foule de déterminants. Qui répond à la question ? Sous quel angle de vue l’appréhende-t-il ? Dans quel état d’esprit l’aborde-t-il ? Fort de quoi et en ce qui nous concerne, nous portons la conviction forte qu’en quatre semaines, une action citoyenne conséquente peut commencer à offrir à Cotonou, le visage souriant d’une cité propre et agréable. Comment ?
Partageons, en proposition principale, une vérité : il n’est ni un messie, ni un maire armé d’une baguette magique pour donner un nouveau visage à Cotonou. Le destin de la ville se trouve dans les mains de ses citoyens. Avant de faire foi au slogan selon lequel « La Mairie travaille pour vous », ceux-ci doivent d’abord croire au changement, s’affirmer comme des acteurs du changement, se convaincre d’être leurs propres sauveurs. Le rêve du changement, adossé à une série d’actions citoyennes, peut être le début d’une révolution. Voici, à titre indicatif, un planning d’actions au terme desquelles Cotonou a toutes les chances de changer du tout au tout.
Première semaine : « Opération libérons nos plages » Sept jours de mobilisation générale qui confondraient adultes, jeunes et enfants. Objectif : libérer nos plages de tout encombrement, dégager le bord de mer de tous déchets. Chacun devrait trouver « un trou » dans son emploi de temps pour une participation, ne serait-ce que symbolique, à cette action de salubrité. A conduire dans une ambiance joyeuse et festive. Avec l’accompagnement de nos artistes-musiciens. Avec le concours de toutes entreprises qui voudraient mettre de l’eau à la disposition des libérateurs de nos plages.
Deuxième semaine : « Opération Dantokpa, zéro ordure ». Les usagers du marché international Dantokpa seraient sollicités au premier chef. Cela n’exclut pas la participation de contingents de volontaires qui viendraient des environs et d’ailleurs. A l’investissement humain des uns devraient répondre l’appui et l’assistance des autres. En effet, de gros moyens seraient nécessaires pour dégager les ordures et pour les convoyer vers leur destination finale.
Troisième semaine : « Opération Cotonou ville verte ». Il s’agirait, sur des sites préalablement identifiés, avec des plants dûment mis à disposition, d’appeler à la mobilisation de tous. Cotonou bénéficie, chaque année, de deux saisons de pluie, mais compte moins d’arbres que Niamey ou Ouga-dougou, deux cités sahélo-sahariennes. Qui dormirait du sommeil du juste si une telle situation devait perdurer ?
Quatrième semaine : « Opération vons : que chacun balaie devant sa maison » Les « Vons », ce sont les voies secondaires de Cotonou. L’appellation est d’origine coloniale : Voies Orientées Nord-Sud. Dans le cadre de l’action citoyenne qui nous occupe, retenons de « Vons » : Voie-Ordre-Nettoyage-Sécurité. Dans cet esprit, tout Cotonou devrait se retrousser les manches et se ceindre les reins. L’unité d’action de base : « que chacun balaie et nettoie devant sa maison ». Les « vons » doivent cesser d’être une poubelle à ciel ouvert. Zéro nids de poule. Zéro ordures et immondices. Zéro ferraille et autres carcasses de véhicules … L’éclairage des « vons » est à porter comme une revendication majeure. C’est un argument sécuritaire de tout premier ordre.
Ces quatre semaines d’actions citoyennes déboucheraient sur l’Assemblée générale des citoyens de Cotonou. Trois points à l’ordre du jour.
Premier point : l’évaluation critique des quatre semaines d’actions citoyennes. Les acquis seraient notés. Les insuffisances ne devraient pas être oubliées.
Deuxième point : la définition d’une collaboration de type nouveau entre la Mairie et les habitants de la ville. « Ensemble, pour Cotonou » plutôt que « La Mairie travaille pour vous ».
Troisième point : la pérennisation de l’action citoyenne pour que Cotonou ne retourne plus au désordre et à la saleté. Il faudrait, par conséquent, institutionnaliser l’action citoyenne, l’inscrire dans la durée. Convenons-en : la nature a horreur du vide.
Laisser un commentaire