Depuis l’avènement de la démocratie en 1990, la 7e législature est sans doute l’une des plus décevantes. Non seulement les députés ont déçu en se montrant distants du peuple, mais il y a aussi la démission de ces mêmes députés dans l’animation de la vie politique. A cinq mois des prochaines législatives, c’est un triste bilan que ces derniers feront de la 7e. législature.L’histoire des faits politiques au Bénin marquera dans ses archives le passage des députés de la 7e législature comme ayant été ceux qui auront le plus déçu leurs représentants. Élus en 2015, les députés de la 7e législature ont fait une année sous le second mandat du Président Yayi Boni, puis termineront les autres sous le régime de la rupture en mars 2019. Au cours de la seule année passée sous Yayi Boni, le parlement était débordant de vitalité. Il y a eu cette victoire à l’ arrachée de l’opposition parlementaire face à la mouvance de l’époque que représentait les Fcbe dans le contrôle du bureau du parlement.
En une seule année sous le régime Yayi, le parlement a constamment créé de l’insomnie au gouvernement à travers des questions orales aux membres du gouvernement qui se faisaient le devoir de venir répondre. Les dénonciations des critiques des députes sur l’action du gouvernement Yayi étaient monnaie courante à travers les chaînes de télévision et les stations de radio. Puis en avril 2016, le gouvernement de la rupture arriva aux affaires et l’on a assisté à la mutation totale des députés de la 7e législature. Le chef de l’Etat n’ayant pas été élu sous la bannière d’une formation politique, ce sont les députés qui ont décidé d’aller faire allégeance au nouveau locataire du palais de la Marina.
Les choses se précisent après le 1er échec du projet de révision de la constitution le 4 avril 2018, avec 60 députés favorables, 22 contre et une abstention. Très vite le chef de l’Etat malgré l’échec du projet, saisit cette opportunité pour annoncer au cours d’une de ses sorties médiatiques qu’il a désormais sa majorité au parlement constituée des 60 députés qui avaient émis un vote favorable à la révison de la constitution. Cette majorité a été appelée plus tard, le bloc de la majorité parlementaire, Bmp. Ce bloc regroupe à son sein trois anciens présidents de l’Assemblée nationale et l’actuel président de cette institution, les présidents de toutes commissions parlementaires et presque l’essentiel des membres du bureau de l’Assemblée.
En face de ce bloc de la majorité, s’est aussi constitué le bloc de la minorité parlementaire composé d’environ 20 députés. Ce bloc de par son infériorité numérique n’a pas selon les textes de l’assemblée, les coudées franches pour influer sur le vote des lois. Ses deux victoires n’ont été obtenues que dans le cadre des deux tentatives de révision de la constitution. A chaque fois, ce bloc de l’opposition parlementaire à pu réunir la minorité de blocage. Pour le reste des lois, c’est le Bmp qui, disposant d’une majorité obèse, vote mécaniquement tous les projets et propositions de loi. Réduisant ainsi la minorité parlementaire aux seules dénonciations des pièges contenus dans les lois ainsi votées.
Avec arrogance et une fermeture affichée aux récriminations des mandants, les députés du Bmp ont voté des lois avec une célérité déconcertante. Pendant que les députés de la minorité se plaignaient du court temps accordé pour étudier ces lois, les députés du Bmp les votaient les yeux fermés ou tirés du sommeil comme à trois heures du matin pour le cas de certaines lois polémiques.
La 7e législature, précisément les députés du Bmp ont marqué les esprits par leur soutien indéfectible aux consignes du chef de l’Etat pour le grand malheur des populations et des corporations. Ce sont ces députés qui ont pris la tête de la campagne pour le retrait du droit de grève aux enseignants, au personnel du corps médical et aux magistrats. Ce sont encore ces députés qui ont proposé et voté les deux lois controversées du moment: la loi sur la charte des partis politiques et celle sur le code électoral. Les députés du Bmp ont accordé au chef de l’Etat le vote de la loi qui crée un tribunal d’exception, la Criet avec un seul degré de juridiction.
Ces mêmes députés ont mené la campagne sur la levée des immunités parlementaires de certains de leurs collègues. Le ridicule c’est que les huit députés membres du Bmp qui avaient signé le rapport de la commission spéciale créée pour enquêter sur les dossiers avec la conclusion qu’il n y pas matière à reprocher, sont encore revenus voter en plénière pour la levée de ces immunités.
Les députés du Bmp, qui sont des élus du peuple ne se sont presque jamais prononcés sur les lamentations des populations. Ils n’ont pas dit mot sur le déguerpissement brutal des occupants de la voie publique. Ils ont gardé le silence face à la presque suppression des bourses dans les universités, sur la suppression de la gratuité de la césarienne, sur l’interdiction de la commercialisation du carburant « kpayo », sur l’augmentation des taxes et des impôts, sur les retraits polémiques d’agrément, sur le non respect par le gouvernement des décisions de justice, sur la fermeture des entreprises pourvoyeuses d’emplois. Pendant ce temps les députés du Bmp expliquaient partout qu’ils se disposent à accompagner le.chef de l’Etat dans ses ambitions et ceci les yeux fermés.
Pourtant, même dans les pays où le parti au pouvoir dispose d’une majorité au parlement issue de son parti, cela ne confère pas un chèque en blanc au gouvernement de faire ce qu’il veut. Mais les députés du Bmp ont créé l’exception au Bénin, le soutien à la politique du chef de l’Etat est synonyme de subordination, de vassalisation et d’érection du parlement en institution faire-valoir sans propre conviction. C’est cela le bilan de la honte de la 7e législature.
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