Le ministre béninois des affaires étrangères a accordé une interview à Rfi ce matin. Au cœur des discussions le rapport sur la restitution à l’Afrique des œuvres d’art pillées par la France. Un document que Felwine Sarr et Bénédicte Savoy vont transmettre au président Macron ce jour. Aurélien Agbénonci s’est exprimé ce matin sur le rapport Sarr–Savoy au micro de Rfi. Pour le chef de la diplomatie béninoise , le président Macron a tenu sa promesse. Il le félicite d’ailleurs pour son courage. En ce qui concerne les conclusions du rapport, Aurélien Agbénonci n’a pas caché sa satisfaction même s’il tient à souligner qu’il ne s’agit pas d’une victoire du Bénin sur la France. En effet, le document préconise une restitution définitive des biens culturels pillés par l’ancien colon. « Entre partenaires, on ne parle pas de victoire, on parle d’avancée. Mais c’est vrai que le Bénin est préoccupé par ce sujet puisque vous savez que le développement touristique fait partie (du programme du gouvernement). Ce que nous essayons de faire, c’est d’affiner notre offre touristique avec des choses qui sont à nous et qui par les vicissitudes de l’histoire sont allées ailleurs » a déclaré le ministre béninois des affaires étrangères.
L’autorité reste également optimiste sur la restitution d’Etat à Etat de ces biens par un accord bilatéral de coopération culturelle, comme le propose le rapport. Il ne craint donc pas les discussions interminables qui pourraient noyer le poisson. « Je crois que le gouvernement du Bénin n’a aucune raison de ne pas avoir confiance au gouvernement français. Nous avons reçu le président du musée du Quai Branly Stéphane Martin.Il a pu se rendre compte de ce que nous avons prévu comme développement muséal dans le cadre de notre programme touristique. Je pense que la tonicité des deux présidents va influencer les processus pour les échanges d’Etat à Etat » espère M Agbénonci. L’autre possible entrave au retour des trésors pillés , ce sont les conservateurs de musées français qui peuvent mettre tout en œuvre pour faire traîner les choses fait remarquer Christophe Boisbouvier. Pour le ministre béninois des affaires étrangères, il y aura une feuille de route avec des échéances précises, des objectifs précis. Il dit comprendre « certains conservateurs qui ne comprennent pas encore le sens de l’histoire », un sens inévitable qui nous entraîne dans sa direction.
Nous avons fait notre devoir de maison
Aurélien Agbénonci a également opiné sur la question de la conservation des œuvres d’art quand ils retourneront dans leurs pays d’origine. A l’en croire, le Bénin a essayé de faire son home work avant de saisir le ministre français des affaires étrangères en 2016. « Nous avons fait notre devoir de maison qui consiste à créer des conditions idéales de réception, de conservation et de gestion. Nous avons sollicité les plus grands cabinets dans le domaine. Ceux-là qui savent comment créer les conditions de conservation » a rassuré le ministre . En ce qui concerne la sécurité de ces biens, il assure qu’il n’y a aucune crainte à avoir parce que le gouvernement auquel il appartient ne fait pas dans la négligence et la mauvaise gestion.
Pour mener à bien son projet touristique, le gouvernement béninois a mobilisé plusieurs millions d’euros qui serviront à construire des musées, informe le chef de la diplomatie béninoise.
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