La révolution du « gari »

Donnons notre tête à couper : tout Béninois connaît le « gari ». C’est cette farine blanche tirée du manioc. Elle entre dans l’alimentation de nombre de nos compatriotes, des régions méridionales à celles du centre de notre pays, voire au-delà. Le « gari » se consomme sous diverses formes. On peut manquer de tout. On se garde bien de manquer de « gari ». Il a accompagné nos années d’études à l’extérieur, comme si sa seule présence nous soulageait de la nostalgie du pays. Les étudiants de l’université d’Abomey-Calavy, créatifs et inventifs à souhait, ont mis en place un cercle d’excellence dénommé « Association des délayeurs nocturnes » (ADN). Le cercle met en compétition les amis du « gari ».

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Sous d’autres cieux, quand un produit est si tant apprécié, rencontre si tant de succès, on cesse de le banaliser. On lui taille un destin. On le fait frapper d’un label de qualité. Regardez les Français que nous aimons pourtant copier et imiter. Ils ont hissé au rang des meilleures denrées au monde un certain nombre de leurs productions : le jambon de Parme, la moutarde de Dijon, les tripes à la mode de Caen, sans oublier les vins de Bordeaux sous appellation contrôlée. Nous devons avoir, pour le « gari », une ambition similaire. Comment ?

1 – Initier une étude exhaustive sur le « gari ». Le produit nous est si familier que nous pensons le connaître. Que savons-nous des divers types de «  gari » produits dans notre pays ? Cela renvoie à divers modes de transformation, à diverses aires géographiques et culturelles. Que savons-nous des diverses espèces et variétés de manioc qui servent à produire le « gari » ? Que savons-nous de ce que nous pouvons appeler « la route du gari », des lieux de culture du manioc, de production du « gari » aux lieux de commercialisation et de consommation de cette denrée ? Que savons-nous de la chaîne d’acteurs et d’activités impliqués par le « gari » ? Que savons-nous du poids et de la place du « gari » dans l’économie nationale ? Comme on le voit, c’est un nouveau regard que nous sollicitons vers et pour le « gari ». On ne peut valoriser ce qu’on ne connaît pas, ce qu’on connaît mal.

2 – Frapper le « gari » d’un label de qualité, de sa production à sa consommation. Commençons par les humains, les principaux acteurs de la filière. Ceux qui cultivent le manioc. Ceux qui le transforment. Ceux qui  commercialisent et consomment le produit fini. Chaque maillon de cette chaîne est à prendre en compte dans une nouvelle approche du « gari ». Qu’on pense aux coopératives de producteurs, à l’armée des agents agricoles à mobiliser. Qu’on pense également à divers prestataires dont la contribution n’est pas des moindres : commerçants, banquiers, experts en microcrédits,  etc.

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Cette nouvelle approche du « gari » impose que les secteurs  actuellement ignorés ou minorés soient désormais au cœur d’un véritable système « gari ». La recherche agronomique doit accompagner la culture du manioc, en aidant à en révéler les meilleures espèces et variétés. La communication doit porter le « gari » nouveau que nous voulons promouvoir. Qu’il soit mieux connu pour être mieux apprécié. Nos centres de technologies alimentaires doivent cibler le « gari ». Il faut en améliorer la transformation, en assurer la valeur nutritive et la qualité. Une politique de marketing doit positionner le « gari » nouveau partout où besoin sera et en booster la demande.

3 – Promouvoir le « gari » pour promouvoir le Bénin. Quand on dit « Chep djeune », on pense au Sénégal. « Atièkê » renvoie à la Côte d’Ivoire. Faisons en sorte que le « gari », désormais, porte le regard de tous vers une destination : le Bénin. La qualité, la variété et la disponibilité du produit constituent nos premiers et meilleurs atouts. Cela suppose, à l’intérieur, que tous « maquis », restaurants et cantines  inscrivent à leur menu le « gari », sous ses diverses formes. Cela suppose, à l’extérieur, avec l’aide de notre diaspora, que les Béninois ne soient plus les seuls consommateurs de notre « gari ». L’encre de cette chronique ne doit pas sécher avant que ne commence une révolution : « la révolution du gari ».

2 réponses

  1. Avatar de trop tard
    trop tard

    On aime bien « théoriser » au Bénin au moment où d’autres mettent en pratique : le gari togolais (ou ivoirien) est déjà en vente en Europe dans des magasins spécialisés ***

  2. Avatar de OLLA OUMAR
    OLLA OUMAR

    Doyen Carlos  , c’est bien beau ton appel à la révolution du GARI , qui devrait conduire à une AOC ( appellation d’origine contrôlée ) pour le benin ; mais il existe un beug dans ton appel :  » le jambon de parme  » n’est pas français , mais plutôt italien , tu devrais penser au jambon de Bayonne qu’on trouve aussi en Espagne qui sont des cuisses entières  de cochon qu’ils enfument et mettent en cave ou grotte à l’abris de lumière longtemps, puis qu’on déguste après ce que j’apprécie surtout accompagné du  » pan con tomato  » avec un filet d’huile d’olive . Mais au benin , agadjavi lui préfère avaler le cochon tout entier , même vivant . Sinon je suis partant pour Le GARI en OAC ce qui peut aussi booster le tourisme au benin et que talon laisser tomber la taxe sur les nuits d’hôtel 

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