L’émission « Le Grand Débat » sur radio Africa n°1 dans son numéro du mercredi 31 octobre 2018 a été consacrée à l’actualité béninoise notamment la « saison des exilés béninois » plus ‘’animée’’ depuis peu.Léonce Houngbadji, le président du Parti pour la libération du peuple (Plp) et Rock David Gnahoui, président du parti Alternative citoyenne étaient les invités de Francis Laloupo sur cette émission. Le premier, un opposant au régime Talon et lui aussi en exil depuis le 20 octobre dernier à Paris, soutient que « cette vague d’exilés politiques est symptomatique d’une situation particulière au Bénin » marquée par l’inexistence d’une liberté d’expression, la chasse aux opposants, l’instrumentalisation de la justice, etc. en république du Bénin.
«C’est une description exagérée » selon le deuxième invité dont la formation politique soutient les actions du président Talon.
‘’Le compétiteur né’’ fuit la compétition
Léonce Houngbadji rappelle, que s’il a été contraint de quitter son pays le soir du 19 octobre 2018 pour rejoindre la capitale française le lendemain, c’est qu’il a reçu des informations de sources fiables que le pouvoir s’apprêtait à l’enlever. Pour lui, cette vague d’exilés béninois ces derniers jours –Léhady Soglo, Komi Koutché, Sébastien Ajavon, Valentin Djènontin, Abou Seydou et autres-, est due à la mise en application d’un point de vue partagé par l’actuel président du Bénin sur la télévision nationale du Bénin au sujet des conditions qui garantissent un second mandant à un président.
«Ce qui fait qu’un président de la République obtient un deuxième mandat, ce n’est pas son bilan. C’est la manière dont il tient le pays, c’est la manière dont il tient les grands électeurs, les faiseurs d’opinion ; c’est la manière dont il empêche la compétition » disait Patrice Talon.
«Il est en train d’appliquer ce qu’il a dit » estime Léonce Houngbadji. «C’est une manière d’empêcher la compétition – sur le terrain des élections ndlr » ajoute-t-il.
Exilés à cause des « cadavres dans leur placard »
Mais pour Rock David Gnahoui, tout ceci n’est qu’ « une affabulation ». «Je m’insurge totalement contre » déclare-t-il. Il pense que l’exil de ces personnes suscitées n’est pas lié à une situation politique singulière au Bénin mais que c’est parce qu’elles « ont les moyens de s’installer » dans un autre pays et qu’elles « se reprochent des choses ». Autrement, elles devraient faire confiance en la justice béninoise et se présenter, défend le président de Alternative citoyenne.
Précisément sur le cas du procès contre Sébastien Ajavon, Rock David Gnahoui déclare qu’ « il n’y a rien de spectaculaire dans le procès ; tout est normal ; le juge peut écouter les avocats ou il peut décider de ne pas les écouter ». « Il y a des choses qui se sont passées et il faut que les gens rendent compte » poursuit-t-il estimant que ce sont des gens qui ont collaboré avec le régime du Président Yayi.
Sur ce, Léonce Houngbadji trouve qu’il a raison d’affirmer que « c’est une lutte sélective, ciblée ». Un avis que ne partage pas son vis-à-vis. « S’il y a des gens proches du pouvoir –Talon ndlr- mais qui ne sont pas poursuivis aujourd’hui, qu’est-ce qui prouve que demain, ils ne le seront pas ? Pourquoi ne pas faire confiance à la justice ?» argumente-t-il.
« Mais de quelle justice parle-t-on ?» rétorque Léonce Houngbadji. «Une justice injuste, inique ; la justice n’est pas indépendante » répond-t-il. Il rappelle qu’il y a quelques jours -26 octobre 2018 ndlr-, les magistrats à travers l’Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB) ont eux-mêmes confié qu’il y a de l’acharnement contre eux et ont dénoncé la création de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET).
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