Les enseignants du supérieur au Bénin condamnent la mesure transitoire du gouvernement relative à la suspension des élections des recteurs et des responsables des Unités de Formation et de Recherche (UFR). A travers une déclaration de l’Intersyndicale des enseignants des universités nationales du Bénin rendue publique hier, lundi 3 décembre 2018, ils dénoncent une menace pour les libertés académiques et exigent la poursuite du processus desdites élections.Cette sortie fait suite à l’Assemblée générale organisée par l’intersyndicale le 21 novembre 2018 pour une réflexion d’ensemble sur la situation. L’heure est grave selon ces enseignants. « Le gouvernement du Bénin vient de provoquer une exacerbation des tensions dans les universités nationales du Bénin (UNB) en décrétant la suspension des élections des Recteurs et des responsables des Unités de Formation et de Recherche (UFR) » lit-t-on dans leur déclaration signée de la coordination de l’Intersyndicale des UNB (CIS).
L’Assemblée générale, lit-on, a fustigé les conditions dans lesquelles le décret qui suspend les élections dans les UNB a été rendu public et condamne fermement cette décision. La CIS rappelle que plus d’un mois avant, la communauté universitaire a reçu l’arrêté pour lancer les opérations de préparation desdites élections. Aussi, la ministre de l’enseignement supérieur par courrier en date du 24 juillet 2018 a-t-elle notifié que la date du scrutin est fixée au 16 novembre 2018. Alors, ces enseignants réunis au sein des six organisations de l’intersyndicale disent ne pas comprendre une telle décision qu’ils classent dans la série d’actes posés antérieurement par le cabinet de la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS). Des actes visant selon eux, « à retirer aux enseignants du supérieur divers acquis obtenus depuis très longtemps pour faciliter leur travail académique et de formation des cadres du pays».
Rejet des arguments du ministre Odile Attanasso
A lire la déclaration, la CIS ne trouve pas fondées les raisons évoquées par la ministre Attanossa lors de l’audience du 30 octobre 2018, pour justifier une telle décision. Le gouvernement, rapporte l’intersyndicale, reproche aux universitaires une mauvaise gouvernance globalement à trois niveaux : administratif, académique et financier. Mais à propos, ces enseignants du supérieur défendent que « la mauvaise gouvernance ne saurait être un prétexte pour remettre en cause les élections dans les UNB ». Pour eux, « il revient tout simplement à l’autorité de sanctionner tout dirigeant fautif, en se conformant à la légalité républicaine et en agissant en toute impartialité et sans complaisance. Le pouvoir exécutif dispose de tous les moyens légaux de contrôle, d’investigation et de répression. »
Libertés académiques menacées
La décision de suspendre ces élections, transitoire fut-elle, est une menace pour les libertés académiques, dénonce la CIS. « Pour les enseignants du supérieur du Bénin, la liberté académique commence par l’élection de leurs dirigeants » lit-on dans la déclaration. Ils rappellent à leur ministre de tutelle ainsi qu’à tout le gouvernement qu’ils « tiennent à ce que les universités publiques et leurs UFR continuent d’être dirigées par des autorités légitimes pour garantir la stabilité et préserver la cohésion au sein de la communauté universitaire, conditions essentielles pour renforcer et pérenniser nos nombreux succès». Pour ce, ils invitent le « gouvernement à faire preuve d’esprit d’ouverture en laissant le processus des élections des responsables des UFR se poursuivre comme il est de tradition depuis plus de trente-cinq ans ».
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