Pour les forces politiques de l’opposition au Bénin, les membres de la Commission électorale nationale autonome (CENA) et le ministre de la justice et garde des sceaux, Sévérin Maxime Quenum, doivent déposer le tablier. Elles ont exigé leur démission ce jeudi 14 mars 2019. C’est à travers une déclaration.
Dans la déclaration lue ce soir par le député Guy Mitokpè, Secrétaire général du parti Restaurer l’Espoir (RE), l’opposition informe que les membres de la CENA, une institution pourtant chargée d’un rôle central dans l’organisation, la collecte, le traitement et la proclamation primaire des résultats, ont «trahi leur serment et perdu toute crédibilité». Ceci, au regard de certaines révélations que l’opposition qualifie de «troublantes».
La CENA décrète des fautes mineures
L’opposition qui doutait déjà de la crédibilité de la CENA après sa décision où elle n’a retenu que les candidatures de l’Union progressiste (UP) et Bloc républicain (BR) de la mouvance pour les législatives 2019, a trouvé d’autres arguments pour soutenir sa position. L’opposition fait allusion à la conférence de presse de la CENA mercredi 13 mars en réponse aux critiques.
A l’occasion, le président de l’institution a reconnu que même ces deux dossiers –ceux de l’UP et du BR– comportaient des irrégularités. L’opposition rappelle que la CENA a qualifié ces fautes de mineures. «A quel article du code électorale se rapporte la notion d’irrégularité mineure ?» se demandent les forces politiques de l’opposition.
«Pour défaut de signature de statut, le ministre de l’intérieur refuse de délivrer un certificat de conformité aux FCBE. Par contre, la CENA considère par exemple comme faute mineure le fait pour un candidat d’avoir deux différentes dates de naissance» lit-on dans la déclaration. L’opposition en profite pour demander la vérité sur d’autres irrégularités qui pour la CENA ne constituent pas, une violation fragrante du code électoral. A noter qu’une telle décision n’a pas fait l’unanimité entre les commissaires de l’institution, d’après son président, Emannuel Tiando.
Quid du ministre de la justice
Quant au ministre de la justice et garde des sceaux Sévérin Maxime Quenum, l’opposition exige sa démission à cause de ses déclarations dans la matinée du mercredi 13 mars 2019 sur RFI. Lesquelles déclarations relèvent d’une «conception bien drôle des élections en démocratie et qui est en flagrante contradiction avec les déclarations du chef de l’Etat».
«Est-ce qu’il faut absolument que les partis présidés par ces personnalités là (USL, FCBE, RB) aillent nécessairement à l’élection pour que notre élection soit crédible ?» disait-t-il sur les ondes. Et pour lui, rappellent les partis de l’opposition, «retourner à l’ancien code électoral de 2013 serait une pure incongruité».
Un médiateur CEDEAO
Le même jour, la Cour constitutionnelle a rendu une décision qui ne reconnait que les listes UP et BR pour les législatives. Ce sont là des faits qui «confirment à suffisance que le régime de la rupture nous distrait dans un jeu de dupe orchestré avec la complicité du président de l’Assemblée nationale» souligne l’opposition.
Pour ce, elle demande la désignation d’un médiateur de la CEDEAO pour conduire avec la classe politique le processus de consensus voulu par le chef de l’Etat pour déboucher sur une élection inclusive. Elle exige aussi la libération immédiate du quitus fiscal de certaines personnalités politiques de l’opposition encore confisqués à la direction général des impôts.
Des stratégies pour empêcher une élection monocolore
Dans tous les cas, insiste l’ex ministre Théophile Yarou, «il n’y aura pas d’élection sans l’opposition». «Nous ne disons pas que nous allons boycotter les élections; nous irons aux élections», précise-t-il. Pour lui, il n’y aura pas d’élection avec seulement ces deux listes du pouvoir retenues par la CENA.
«Nous avons nos stratégies pour pouvoir empêcher la dictature s’installer dans notre pays, pour pouvoir empêcher à une classe politique de balayer d’un revers de mains tous les acquis démocratiques et tout le label démocratique que notre pays a été depuis 1990» martèle-t-il.
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