En fin janvier, la Cour pénale internationale déchargeait Laurent Gbagbo des accusations de crimes contre l’humanité relatives à la crise post-électorales. Une libération qui relançait le débat politique en Côte d’ivoire et réorientait les tractations en vue des présidentielles de 2020. Le Front Populaire ivoirien, parti dont l’homme politique est membre fondateur, subissait lui aussi de plein fouet ce changement de paradigme et depuis, les dissensions au sein du parti s’exacerbaient.
Affi Nguessan se veut l’avenir du FPI
Pascal Affi N’guessan est un cadre du FPI, fidèle de Laurent Gbagbo, celui-ci lui permet d’accéder à la présidence du parti en 2001. Poste qu’il conservera jusqu’à la crise post-électorales de 2011 qui voit la chute du régime de son mentor et l’envoie lui Affi en prison avec d’autres personnalités du Parti. Seulement le voyage de Gbagbo est plus long et son envoi à la Haye fait figure de déportation. En 2013 , M. N’Guessan était libéré de prison et alors que les élections présidentielles de 2015 approchaient, la justice ivoirienne invalide la candidature de Gbagbo pour le FPI. Affi N'guessan se présente donc.
Un acte de haute trahison pour les cadres et les détenteurs de l’idéal du père fondateur, Laurent Gbagbo, mais pour Affi Nguessan, ce n’était qu’un déroulement normal des choses ; « les hommes passent et les institutions restent et le pays reste. Il faut vous projeter dans la durée et dans l’avenir et agir dans ce sens » déclarait-il en 2017 dans un discours au siège du parti, expliquant de ce fait selon la presse ivoirienne, qu’il considérait que M. Gbagbo avait fait son temps et qu’il était désormais dans l’intérêt de tous de passer à autre chose.
Affi Nguessan « plus nocif » au FPI que Ouattara
Seulement, Laurent Gbagbo qui refusait de mourir politiquement a été acquitté par la CPI début 2019. Affi N’Guessan qui avait alors déjà enterré politiquement son mentor et divisé le parti par sa position, devait rencontré il y a quelques jours le père fondateur encore en liberté provisoire en Belgique. Mais cette rencontre a été avortée alors que Affi N'guessan était en chemin pour le lieu de rencontre. Selon des sources, Gbagbo aurait exigé comme préalable selon Affi N’Guessan, d'être installé à la tête du Parti et donc lui Affi serait évincé de la présidence.
Une exigence inacceptable pour Affi N’guessan qui crie à l’injustice et au mépris ; « Je ne mérite pas ce mépris, ce n’est pas digne de lui, ce n’est pas digne de nos relations » déclarait le président du FPI ce samedi au cours d'une conférence de presse organisée exprès pour la circonstance. Et M. N’guessan d’ajouter ; « Avec tout le respect que je lui dois, il n’est pas le président du FPI. Où a-t-il été élu ? A La Haye ? (…) ce ne sont pas les déclarations d’Affi N’Guessan qui rendent les gens présidents ».
Des propos du président que des barons du Parti auraient trouvés outrecuidant à la personne de Laurent Gbagbo et de son héritage politique. Pour Lida kouassi, ancien ministre ; « En vérité Affi N’Guessan s’est montré plus nocif et plus nuisible au FPI que le pouvoir Ouattara, (…) laissons le (…) mourir comme Mangosuthu Buthelezi, de sa propre mort politique. ».