Après la tenue des élections législatives du dimanche 28 avril 2019 au Bénin, des voix s’élèvent pour dénoncer les violences et les incidents majeurs constatés le jour du scrutin. Et le Mouvement Béninois pour la Défense des Droits Humains (MBDH) après avoir relevé ces incidents, invite le gouvernement à annuler les résultats de ces élections législatives.
Selon le MBDH, des observations ont été faites par des correspondants présents sur le terrain. Entre autres, il relève que le scrutin s’est déroulé « sans grande perturbation dans plusieurs départements (Zou, Mono, Couffo, Atlantique, Plateau, Atacora, Alibori, Littoral)». Le scrutin a été perturbé avec « exercice de violences et recours aux pratiques de charlatanisme dans certains départements notamment dans la Donga, les Collines et le Borgou». L’incendie de biens privés et de bâtiments publics a été observé dans les communes de Tchaourou, Savè, Bassila, Adjohoun. De même, il y a eu de mort et des blessés graves de manifestants à Tchaourou, Parakou, Savè, Bassila.
Le MBDH a aussi constaté «l’achat de conscience et le bourrage des urnes au vu et au su des agents des bureaux de vote et des agents de sécurité publique qui n’ont pu rien faire parce que craignant pour leurs vies à Matéri, Dangbo, Adjohoun, Bonou, Pobè, Klouékanmè, Abomey, Zogbodomè». Il y a eu la militarisation des rues, des bureaux de vote et le transport des agents des bureaux de vote et des urnes par les agents de la police républicaine à Porto-Novo, Adjarra, Avrankou, Sèmè-Podji. L’internet a été coupé avec une restriction des «appels téléphoniques en violation du droit à l’information et à la communication».
Il indique qu’il y a eu regroupement des véhicules contenant des cantines destinées à la CENA et à la Cour Constitutionnelle, dans les bases de la police républicaine dans plusieurs départements avant leur convoyage sous escorte militaire et policière à Cotonou. Comme l’a relevé la plateforme des Organisations de la société civile, le MBDH a fait remarquer le très faible taux de participation des électeurs aux opérations de vote sur toute l’étendue du territoire national et des arrestations arbitraires de manifestants et séquestration d’agents de police républicaine.
Des intimidations
Selon le président du MBDH, Nathaniel H. KITTI, son mouvement a reçu 114 vidéos et 215 appels faisant état d’intimidation des électeurs, d’exercice de violences sur les manifestants à Tchaourou, Savè, Bantè, Manigri, Parakou, Porto-Novo, de commission de crimes présumés et d’actes inhumains et dégradants par la police républicaine, les militaires et certains manifestants à Tchaourou, Savalou, Bassila, Savè et Parakou. Pour lui, ces vidéos et messages audios seront traités, authentifiés et des enquêtes complémentaires seront faites pour engager des poursuites contre les auteurs de ces actes. Le MBDH dénonce ces comportements qui, selon les informations reçues, sont motivés par les déclarations musclées des Ministres de l’Intérieur et de la défense ainsi que de certains citoyens avant la campagne et pendant la campagne et qui ont poussé certains manifestants à banaliser la violence et à mieux se préparer pour une contestation violente surtout à Tchaourou, Bantè, Savè, Parakou et Savalou.
Des recommandations
Au vu de ces constats, le MBDH invite la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) à «publier les grandes tendances des résultats telles que sorties des urnes ainsi que le taux de participation réel pour sa crédibilité interne et externe déjà compromise depuis le début du processus électoral». Il invite le gouvernement à «tirer les leçons de l’organisation d’une élection non inclusive boycottée par les électeurs (comme l’a reconnu) le Ministre de l’Intérieur dans sa déclaration du 28 avril 2019». Il exhorte aussi le gouvernement à annuler, au nom de la paix et de la réconciliation, les résultats du scrutin eu égard au taux inédit d’abstention.
Il recommande aussi au gouvernement d’engager le dialogue avec l’opposition en vue de l’apaisement de la situation politique et l’organisation de nouvelles élections ouvertes, inclusives et concurrentielles pour une sortie de crise. Le MBDH invite la communauté internationale à accentuer la pression sur la classe politique béninoise en vue de renouer le dialogue pour éviter une crise post électorale grave.
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