(Il risque l’inéligibilité). On apprend de source proche du Parquet que l’ancien Premier Ministre et ancien candidat à la présidentielle de 2016 est convoqué au tribunal de première instance de Cotonou pour comparaître en citation directe sous le chef d’accusation pour le moins saugrenu de …dépassement de compte de campagne.
L’information qui a toutes les apparences d’un film de série B, en cette veille des législatives à sens unique a été pourtant confirmée par un des avocats conseil de l’ancien premier ministre joint au téléphone dans la nuit d’hier mardi. Pour comprendre cet énième épisode du feuilleton politico judicaire qui a défrayé la chronique au cours de l’année 2018, il faut remonter à cette plainte plutôt insolite du PDG de l’entreprise Ebomaf déposée simultanément au parquet de Paris et au parquet de Cotonou. Plainte Insolite ? Oui ! Parce que, c’est connu, les affaires de financements de campagnes électorales relèvent de secrets de couvent généralement bien gardés, loin du regard inquisiteur de l’instance de contrôle des comptes de campagne.
Plainte déposée et retirée…..à Paris
En effet, courant 2018, on apprend que M. Bonkougou patron de la multinationale burkinabè éponyme des BTP bien implantée dans les tous les pays de la sous-région a déposé une plainte contre Lionel Zinsou. Motif : non remboursement d’un prêt à lui consenti pour financer sa campagne pour la présidentielle de 2016. Montant déclaré et relayé par les médias : la faramineuse somme de 15 milliards de francs CFA soit près de 23 millions d’euros. Après bien des péripéties, M. Bonkougou à la surprise des autorités de notre pays, retire sa plainte au parquet de Paris. Le nom du président Ouattara de Côté d’Ivoire a été cité à l’époque parmi plusieurs autres, influents chefs d’Etat de la sous-région, pour avoir offert sa médiation. Auparavant, les autorités de notre pays qui avaient compris tout le parti qu’elles pouvaient tirer de cette rocambolesque affaire avaient secrètement encouragé le magnat des BTP à déposer la même plainte au parquet de Cotonou. Les mauvaises langues avaient parlé de deal –chantage :Bonkougou devait porter plainte sinon, il perdrait tous ses marchés de construction de route. C’était sous l’ancien garde des Sceaux, devenu depuis, président de la Cour constitutionnelle. Il va sans dire que la nouvelle du retrait de la plainte de Bonkougou au Parquet de Paris n’avait pas été du goût de nos dirigeants actuels.
Ultime épisode: l’inéligibilité de Lionel Zinsou
L’annonce de cette comparution du 26 avril prochain apparaît donc aux yeux de certains observateurs fins connaisseurs des pratiques de ce régime comme l’ultime épisode d’un feuilleton politico judiciaire qui pourrait déboucher sur l’inéligibilité d’un potentiel concurrent aux échéances électorales de 2021. En effet, le choix de la citation directe devant le juge judiciaire du tribunal n’est pas anodin. En principe, les comptes de campagne sont du ressort de la chambre des comptes de la cour suprême. Une instance dont les procédures peuvent prendre du temps or, le président Talon et ses faucons de la rupture sont des gens pressés.
Le raccourci du juge de première instance plus maîtrisable à l’heure actuelle que ceux de la Cour suprême permet d’obtenir une condamnation rapide opposable au potentiel candidat à la présidentielle de 2021. Si Lionel Zinsou est reconnu coupable d’avoir emprunté 15 milliards de francs pour sa campagne ; il serait du coup reconnu coupable d’avoir dépassé le seuil légal de 2,5 milliards autorisés par la loi. Point besoin d’aller devant la cour suprême pour faire admettre sa culpabilité et demander au juge son inéligibilité pour les futures échéances. Une élimination sur tapis vert qui rappelle les cas Ajavon, frappé, comme on le sait « d’une peine infamante » selon les propos du ministre Sacca Lafia, malgré le verdict de la Cour Africaine des droits de l’homme et dans une moindre mesure celui de Komi Koutché, l’ex-argentier de Boni Yayi, empêtré dans les dédales de la justice espagnole.
Ainsi donc, avec Ajavon, Koutché, tous deux contraints à l’exil et demain Lionel Zinsou, la boucle sera bouclée et le boulevard grand ouvert pour la réélection assurée à la présidentielle de 2021. Rendez- vous donc le vendredi 26 avril prochain au tribunal de Cotonou pour savoir s’il s’agit là de simples spéculations de journaliste ou de l’ultime épisode d’un feuilleton écrit d’avance
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