Dans une déclaration le 3 mai dernier, la Conférence épiscopale du Bénin a fustigé les récents actes violences survenues au lendemain des élections législatives du 28 avril 2019. Et elle s’est rendue disponible pour mener la médiation en vue d’un retour au calme.
Dans une tribune, le Directeur général de l’Institut universitaire du Bénin Albert Gandonou vient recadrer les Evêques qui sont restés silencieux quand «on saccageait les étals des petits revendeurs, quand toute liberté nous était retirée, quand, au pas de charge et par la violence, des réformes conçues unilatéralement nous étaient imposées dans tous les secteurs, quand les marches nous étaient interdites, quand pour délit d’opinion des innocents étaient jetés en prison ou contraints à l’exil». Il estime que les évêques veulent empêcher la révolution que veut le peuple.
RÉPONSE À LA DÉCLARATION DE LA CONFÉRENCE ÉPISCOPALE DU BÉNIN
Violence, vandalisme… »
Mais de qui parle la Conférence Episcopale du Bénin (CEB) en ce début du mois de mai 2019 ? Des esclaves insurgés enfin contre Pharaon, à l’oreille endurcie et qui depuis trois ans a passé son temps à ajouter l’oppression à l’oppression, les brimades aux brimades, l’injustice à l’injustice ? Mais où étaient-ils pendant tout ce temps ? Où étaient-ils, nos évêques, quand Pharaon et ses hommes de main, affichant autisme, suffisance et arrogance, refusaient d’entendre les clameurs du peuple en détresse, d’entendre les multiples invites à la compassion et au dialogue ?
Nos évêques proposent leur service pour la médiation : belle initiative ! Mais pourquoi maintenant, quand l’élection a fini d’être tenue en dépit de tout et que le pire est advenu ? Pourquoi maintenant, quand le troisième acteur s’est levé enfin, quand s’est levé enfin le peuple, le souverain primaire, dont la volonté et les actes s’imposent à tous sans discussion et à qui nul n’a le droit de donner de leçon !
Nos évêques « condamnent fermement tous les actes de violence et de vandalisme sous toutes leurs formes ». Oh, que cela paraît beau, neutre, humaniste ! Mais qui ne voit la duplicité de complices et de couards qui n’ont pas pipé mot quand on saccageait les étals des petits revendeurs, quand toute liberté nous était retirée, quand, au pas de charge et par la violence, des réformes conçues unilatéralement nous étaient imposées dans tous les secteurs, quand les marches nous étaient interdites, quand pour délit d’opinion des innocents étaient jetés en prison ou contraints à l’exil ? Voilà la «violence mère », la « violence première» génératrice des autres et que Mgr Helder CAMARA a su si bien décrier. C’est elle qu’il faut avoir le courage de fustiger, de condamner avec fermeté quand il est temps, pour prévenir l’explosion populaire, pour prévenir…la révolution.
Nos évêques appellent à la paix, au retour au calme, au dialogue, à la cohésion sociale. Mais pourquoi maintenant, pourquoi cette semaine? Excellences Messeigneurs les évêques, on vous entend aisément: c’est la révolution qu’une fois de plus vous voulez empêcher dans ce pays, la fin d’un système qui assurément vous profite, où vous passez le temps à en appeler à la paix, à faire de la paix la valeur des valeurs, pendant qu’il nous affame. On se souvient du rôle joué il y a presque trente ans par Mgr Isidore de Souza. NON ! La paix n’est pas une valeur sans la justice, quand elle couvre les exactions, les rapines, l’oppression et l’exploitation du pauvre. Notre Dieu a toujours pris parti pour le pauvre, pour l’opprimé et les cœurs accablés d’injustices et de souffrances. C’est le cas dans le récit fondateur de l’Exode, de la première Pâque, mais aussi à travers les prophètes et surtout à travers notre Seigneur et Maître Jésus-Christ. La paix sans la justice, la paix sans la liberté et sans la démocratie, c’est la paix des cimetières, c’est « la paix des marécages », sans cesse et courageusement fustigée par notre ami, Mgr Helder CAMARA, et par les tenants sud-américains (Pape François, Mgr Oscar ROMERO) et sud-africains (P. Albert NOLAN) de l’Évangile de la libération et de « l’option préférentielle pour les pauvres ».
L’objectif de la révolution aujourd’hui au Bénin, c’est la démocratie, le patriotisme et une gestion probe du bien public. C’est mettre fin à l’arrivisme, à la corruption qui gangrène tout. Est-ce trop demander à nos évêques de nous inviter à prendre, avec foi et courage, à l’exemple même du Christ Jésus, notre part à ce combat de notre peuple qui aspire au changement et se montre prêt à tous les sacrifices nécessaires ?
Albert GANDONOU




Une médiation pour restaurer le droit de l’opposition à participer à des élections libres et démocratiques est la seule question à l’ordre du jour.
Si c’est pour amener le peuple à accepter le diktat, et reconnaître cette élection de députés nommés par ____, c’est une insulte faite à ce brave peuple qui a joué le peu démocratique à fond, mais le pouvoir ____ a humilié et trompé.
Il faut espérer que le sieur Albert Gandonou sera également au sein de ce peuple 3e acteur pour participer activement à ses oeuvres de destruction, de pillage et d’incendie des biens et instruments de travail (subsistance) de compatriotes innocents dans la situation actuelle que nous vivons tous.
Autrement il ne serait lui aussi qu’un couard, pour ne pas dire plus.
Une belle rethorique! Mais de quel peuple parle-t-on ? Il me semble que selon le principe de la réalité ce monsieur manque d’objectivité. D’abord tous les beninois ne sont pas unanimes sur la réalité politique. Il y a les pro Talon et les contre Talon. Ainsi le souverain primaire n’est pas consensuel. La médiation est requise quand toutes les autres voies ont fini de faire leur preuve. Jamais la violence n’a été une voie adéquate de revendications. Et le peuple restera toujours une victime des options politiques.