La fermeture unilatérale de ses frontières avec le Bénin par le Nigéria depuis le mardi 20 août dernier a suscité la réaction de Candide Azannaï. L’homme pense que le Bénin ne peut pas se passer de ce voisin de l’Est et condamne l’inaction du gouvernement Talon.
Regain de forme pour l’ancien ministre en charge de la défense de Patrice Talon. L’homme devenu opposant depuis sa démission du gouvernement du régime de la rupture est sorti, une fois encore, pour porter des griefs contre son ancien patron. Cette nouvelle sortie concerne la fermeture des frontières avec le Bénin par le Nigeria. Il estime que «l’image d’un Bénin fier, digne et respecté passe par le sérieux que chacun d’entre nous, gouvernant et gouverné, nous devons mettre au service du respect des valeurs et principes qui fondent la démocratie, l’Etat de droit, les accords, les traités et les engagements internationaux». Cela dit, il pense qu’en de pareilles circonstances, les autorités doivent fournir aux populations et surtout au peuple des informations crédibles, officielles et publiques sur cette situation.
Il trouve donc paradoxal le silence du gouvernement Talon «sur les tenants et les aboutissants de cette décision unilatérale de la fermeture de frontières avec notre Pays par l’Etat fédéral du Nigéria». Candide Azannai explique que la posture aphone du gouvernement béninois devant une situation «dont nul n’ignore les conséquences dommageables sur les populations béninoises, le budget national et les relations de bon voisinage», l’a obligé́ à diligenter des missions d’information auprès des responsables régionaux du parti politique Restaurer l’Espoir qui résident dans les zones frontalières directement concernées. Il ressort des investigations que l’objet de la fermeture des frontières ouest du Nigeria en commun avec le Bénin consiste à «veiller à une fermeture totale des frontières à compter du 20 août 2019», à «s’assurer que les biens et services ne fassent pas l’objet de ventes ou de mouvements en direction desdites frontières» et à «assurer un strict respect de la décision de fermeture».
Quid du suivi du mémorandum de Badagry
Candide Azannaï rappelle que cette fermeture des frontières n’est pas une situation inédite. Par le passé, il en avait eu d’autres. L’une des plus retentissantes en date, est celle intervenue en 2003. La fermeture a duré́ du 9 au 15 août 2003 et a débouché́ sur la signature du Mémorandum d’entente de Badagry, au terme d’un sommet ayant réuni les présidents Obassandjo et Kérékou. Selon lui, le Mémorandum d’entente de Badagry prévoit entre autres «la mutualisation des moyens en vue de lutter contre la criminalité́ transfrontière, la contrebande et le trafic d’êtres humains». Aujourd’hui, quel bilan le gouvernement béninois peut-il faire du suivi dudit accord, 16 ans après sa signature ? Quelle place le pouvoir dit de la Rupture accorde-t-il au principe du bon voisinage ? Telles sont les interrogations de Azannaï.
Moderniser l’économie béninoise
Il précise que la transformation de l’économie nigériane lancée ces dernières années, loin d’être un verrou à la pérennité́ des liens unissant nos deux pays, devrait être perçue par le Bénin comme un facteur pouvant accélérer ses performances commerciales. «À l’heure où le pouvoir dit de la «rupture » excelle dans toutes les confusions sur le mot « reforme », nous sommes en droit de le questionner sur ce qui a été́ fait depuis son avènement, pour moderniser l’économie béninoise et la sortir du modèle traditionnel, basé sur les rentes lucratives dont sont tributaires les recettes fiscales du gouvernement», estime ancien ministre.
Il insiste qu’il est impérieux, pour la santé de l’économie béninoise et la survie d’une importante couche sociale de notre pays, que le gouvernement béninois prenne très rapidement langue avec son homologue nigérian pour aplanir les aspérités qui ne peuvent s’occulter indéfiniment, et œuvrer au renforcement des relations entre nos deux pays. Car, «la politique de l’autruche et les appels à la défiance envers des hommes d’affaires et du pouvoir nigérians distillés çà et là par de « petits profiteurs du désert de l’intérêt général» caractéristique du leadership irrationnel du pouvoir dit de la Rupture n’arrangeront ni le pays ni le panier de la ménagère ou le frigo de nos concitoyens, déjà̀ vide par ces temps de morosité́ économique ambiante». L’ancien député exprime soutien et compassion aux victimes innocentes de «cette énième inconséquence du gouvernement du président Talon».
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