Le projet réel du président de la République du Bénin caché derrière le prétendu dialogue politique qu’il a initié la semaine dernière, se précise. Après ses deux échecs sur le chantier de la révision de la Constitution, Patrice Talon enclenche à nouveau le processus. Le dialogue politique n’était qu’une étape.
En Conseil des ministres d’hier, mercredi 16 octobre 2019, le président Talon a rendu compte des travaux de son dialogue politique tenu du 10 au 12 octobre 2019. Le Conseil en a pris acte et a marqué son adhésion aux recommandations qu’il qualifie de consensuelles. Il a décidé d’entreprendre les actions pour la mise en œuvre de celles-ci. Le chef de l’Etat lui aussi personnellement entame ses démarches pour ces recommandations.
La révision de la constitution commence
Au fond, il s’agit d’un accord pour la révision de la constitution. Parmi ces conclusions et recommandations que le Conseil des ministres énumère dans son compte rendu, certaines ne peuvent être respectées que par la voie de la loi fondamentale du Bénin. Entre autres, la révision du nombre de siège des députés à l’Assemblée nationale ainsi que l’actualisation du nombre de conseillers communaux, la promotion de l’équité dans la représentation du peuple, l’institution des élections générales.
On parle aussi de la mise en place dans le processus de l’élection présidentielle d’un mécanisme de parrainage par des élus politiques, notamment les communaux. Ce sont en majorité, des points déjà agités par le pouvoir de la rupture pour justifier en vain ses précédentes tentatives de révision de la Constitution du Bénin.
Application des recommandations du dialogue politique : l’appel de Talon au parlement
Puisque cela n’a jamais reçu l’adhésion du peuple, le président a trouvé la nouvelle formule. Celle de passer par un dialogue entre huit partis politiques qu’il a choisis, tout en prenant soin d’écarter ceux qui pouvaient constituer, à nouveau, des obstacles à son projet si cher à lui. Cette étape du dialogue passée, il va rencontrer ce jour même, jeudi 17 octobre 2019, la conférence des présidents de l’Assemblée nationale.
Le peuple écarté
C’est la rencontre avec ses députés pour confier la mission à son parlement où il est certain que ce sera désormais comme une lettre à la poste parce que composé rien que des députés de ses deux partis au terme des législatives exclusives d’Avril 2019. Avec son gouvernement, le président Talon insiste, dans le compte rendu du Conseil des ministres, sur le prétendu consensus des partis sur ces points. Ce dont il veut se servir désormais puisqu’étant dans l’impossibilité avec son gouvernement, d’obtenir l’approbation du peuple béninois sur la question.
Ainsi, son régime veut parachever sa politique de prise de décision au nom du peuple sans le peuple. Ce n’est pas pour rien que son ministre de la communication, Alain Orounla, défendait que ce dialogue politique n’était que l’affaire des hommes politiques, pour ne pas dire de leurs hommes politiques. Mais lorsque ces questions qu’ils estiment être l’apanage de ces derniers touchent à loi fondamentale et à la composition de la représentation nationale, entre autres, le peuple peut-être encore écarté ?
Sous la rupture, la réponse est bien affirmative. C’est sa marque. L’élu de la rupture n’a plus d’objectif que cela pour l’heure. Le Bénin en crise sociopolitique, le peuple en souffrance mais la caravane de la rupture passe à grande vitesse pour arriver seule en 2021.
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