Rester au pouvoir à tout prix, serait semble-t-il le leitmotiv de la majorité des régimes présidentiels africains. Quitte pour cela à inverser les droits démocratiques, souvent durement acquis, et à favoriser la résurgence de la politique autoritaire. La Guinée ne faisait pas exception, et encore moins le régime de Alpha Condé qui par ses efforts controversés pour adopter une nouvelle constitution, pourrait entraîner le pays dans une crise constitutionnelle, politique et sécuritaire importante.
Alpha Condé, le modèle…
Dans la nuit du 14 au 15 décembre 1998, est arrêté dans une bourgade guinéenne, le candidat aux présidentielles, député et opposant politique, Alpha Condé. Il passera près de deux années en prison. Depuis lors, l’homme politique qui n’avait eu de cesse de s’opposer aux régimes totalitaires de Guinée, devenait une personnalité africaine emblématique. Un fin démocrate, désireux de « gouverner autrement » la Guinée et de « changer radicalement de cap ». En 2010, l’occasion lui était donnée. Il est élu président de la république.
Un moment de grande liesse et de réjouissance car Alpha Condé, leader de l’opposition s’était alors énergiquement opposé à la modification des limites du mandat présidentiel. Un mandat prorogé par son prédécesseur, Lassana Conté, suite à des manipulations de la constitution du pays de 1990 et qui avait plongé le pays tout entier dans près de cinq années de crises politiques et sociales récurrentes , jusqu’à la mort de Conté en 2008.
En 2010 une nouvelle constitution naissait mais surtout rétablissait et renforçait les limites du mandat présidentiel. La constitution prévoyant expressément que « nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels, consécutifs ou non », et que « le nombre et la durée des mandats du Président de la République ne peuvent pas faire l’objet d’une révision ».
Quand Alpha Condé surprend….
Mais en septembre 2019, le président « promet » des consultations pour une révision de la Constitution, et engage quelques jours plus tard son premier ministre Ibrahima Kassory Fofana à les réaliser. Une révision qui si elle était entérinée pourrait lui permettre, à lui également, de briguer un troisième mandat, à l’issue de l’actuel en 2020. « C’est certainement une trahison. On s’attendait à ce que lui qui a connu les affres de la dictature, qui les a subis, ne le fasse pas » s’exprimait le journaliste guinéen Boubacar Sanso Barry à cet effet.
Guinée : Le faux panafricanisme d’Alpha Condé
Un sentiment partagé par de nombreux guinéens si on en croit les nombreuses manifestations de protestations déclenchées à travers le pays depuis l’annonce des consultations. Mais le président Condé de déclarer en l’occurrence à un média français ; « Dans les autres pays où il y a de nouvelles Constitutions, il y a eu beaucoup de manifestations, il y a eu des morts, mais ils l’ont fait ».
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