Le président Patrice Talon a accordé un entretien à France 24 et RFI dans lequel il est revenu sur certains sujets d’actualité tel que le cas Boni Yayi, le franc CFA, la fermeture des frontières par le Nigéria, le nombre de morts lors des violences postélectorales… «Je souhaite que Boni Yayi rentre au Bénin», a confié le président Talon, invité à s’exprimer sur la situation de l’ancien président du Bénin.
Pour lui, Boni Yayi est désormais une personnalité particulière dans l’espace de vie au Bénin. Il a rappelé qu’ «il est important que l’alternance politique soit une réalité en Afrique, que les présidents en exercice puisse facilement passer la main». C’est pourquoi, «quelqu’un qui a été président de la République et qui peut-être même a confondu les choses répréhensibles doit faire l’objet d’un traitement particulier».
Il estime que les nations africaines continuent de se construire. Et pour peu qu’un ancien président de la République fasse objet de tracasserie fondé ou pas, une bonne partie du peuple peut mal le percevoir. C’est pour cela, «j’ai beaucoup regretté l’implication dans ce qui s’est passé». Talon relève que Yayi est impliqué dans ce qui s’est passé. Et il confie qu’il l’a dit ouvertement à l’ancien président. Malgré cela, il souhaite que Yayi rentre pour montrer au peuple béninois que, «même s’il a désapprouvé la manière dont les élections se sont passées par la mise en œuvre des nouvelles et que cela a pu amener de la violence, nous sommes capables de tirer un trait sur cet évènement difficile». Boni Yayi, selon le chef de l’Etat, n’a plus rien à craindre surtout avec l’amnistie. Et pour la première fois, Talon a officiellement renseigné sur le nombre de morts lors des violences postélectorales. Il a indiqué que le procureur de la République et le ministre de l’Intérieur ont dénombré quatre morts.
Réforme du système partisan
Pour Talon, le taux d’abstention aux dernières élections législatives n’est pas un désaveu. Il a rappelé que les lois pour réformer le code électoral et la charte des partis politiques ont été votées par des députés qui étaient en place avant son élection. Dans la mise en œuvre de ces lois il y a eu des difficultés parce que la classe politique n’était pas suffisamment prête. Le chef de l’Etat estime que c’est normal que ces lois engendrent des controverses. Pour lui, il n’y a pas de lois réparatrices qui n’engendrent pas de polémiques.
Candidat en 2021?
Patrice Talon n’a pas encore tranché sur sa candidature à la présidentielle de 2021. Mais, il informe que sa candidature sera condition par trois éléments. Le premier concerne sa disponibilité, son état d’esprit. Le second a trait à l’environnement politique. Et le dernier à trait avec la mise en œuvre de son programme d’action. Sur ce dernier élément, le président reconnait qu’il a fallu du temps pour la mise en œuvre de l’action gouvernementale. Et donc, Talon avisera en temps opportun s’il y a lieu de se représenter.
Fermeture de frontières
Le chef de l’Etat est bien clair, la fermeture des frontières entre le Bénin et le Nigéria n’a rien à voir avec le traitement qu’a subi Boni Yayi au lendemain des élections législatives. Cela dit, il explique que la situation des frontières terrestres entre les deux pays est difficile et préoccupante aussi bien pour le gouvernement, pour la population béninoise que même les autorités nigérianes. Il confie que le président nigérian Buhari est très embarrassé de la situation. Mais, il rassure qu’un travail se fait pour trouver que cette solution radicale ne puisse pas durer. Il y aura bientôt une solution pour satisfaire le libre échange entre les deux pays.
Et le franc CFA?
Sur la question du franc CFA, Patrice Talon est pour le transfert des réserves monétaires de la Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest dans un autre pays que la France. Cela va permettre à cette banque de gérer la totalité de ses devises. C’est déjà acté que la monnaie Eco entre en service et que la France se retire des structures de gouvernance de la monnaie.
Mais il reste pessimiste sur l’effectivité de cette monnaie en 2020. Pour lui c’est un agent politico-économique. Et les réalités économiques sont parfois en déphasage avec la volonté politique. Donc, il pense que ce n’est pas évident que les pays concernés soient prêts en 2020.
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