La conférence nationale qui a été un tournant décisif du vivre ensemble au Bénin, 30 ans après, est au centre de tous les débats au sein de l’élite. Dans une publication, le constitutionnaliste Joël Aïvo pose le débat de la valeur et de la place que doit occuper cet événement dans la mémoire collective des Béninois.
«Nous sommes un pays qui efface tous les jours, les traces de sa propre histoire». Ainsi s’est exprimé le professeur de droit public, Joël Aïvo au détour d’une tribune publiée sur sa page Facebook dans le cadre des 30 ans de la conférence nationale.
Pour lui, 30 après (le 19 février 1990, s’ouvrait la conférence nationale des forces vives de la nation), «par sa passivité, l’Etat efface de notre histoire toute trace de la Conférence nationale, laisse tomber en ruine ses vestiges dont le PLM-Alédjo, fait disparaître de son discours toute référence à la Conférence, combat certaines de ses grandes résolutions, fragilise volontairement les options fondamentales faites, au nom du peuple béninois, par les délégués à la conférence».
Le constitutionnaliste estime que depuis 1960, «notre pays renonce à glorifier son propre passé». Et rien ni personne dans l’histoire du Bénin ne trouve grâce «à nos yeux». Il pense que «seule compte la gloire éphémère des gouvernants en place jusqu’à ce que eux-mêmes ne soient effacés par les historiens de leurs successeurs».
Il invite les gouvernants d’aujourd’hui «à valoriser notre histoire et à accorder un peu de place aux faits et aux acteurs du passé afin que les dirigeants qui leur succéderont demain leur réservent, à leur tour, la place qu’ils mériteront dans notre histoire». Il propose 10 jours de réflexion sur ce qu’est devenue la Conférence nationale et la valeur qu’on doit lui accorder dans la marche de notre pays vers le progrès.
Une invention béninoise
Le président de l’Association béninoise du droit constitutionnel (ABDC), Joël Aïvo rappelle que la conférence nationale est une invention béninoise. Imitée partout en Afrique noire francophone, elle porte le sceau du génie du peuple béninois.
Il relève qu’en 1990, «grâce à la sagesse de quelques hommes et femmes, grâce à l’esprit de consensus et au sursaut d’un peuple, notre pays a échappé à l’humiliation suprême». Et par cette démocratie, le pays dont le surnom était «l’enfant malade de l’Afrique», s’est relevé, s’est guéri, a retrouvé sa dignité et rayonne dans le monde.
Et «cette renaissance du Bénin et le respect qu’il a inspiré en Afrique et dans le monde pendant 26 ans sont l’œuvre de nos efforts communs, mais davantage de quelques acteurs». Il salue, donc, l’action décisive de Mathieu Kérékou, de Monseigneur Isidore de Souza et de Nicéphore Dieudonné Soglo. Il rend hommage au patriotisme de tous les délégués à la conférence nationale.
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