De son exil aux Etats-Unis d’Amérique, l’ancien ministre des Finances de Boni Yayi, Komi Koutché s’est adressé aux Béninois à travers la chaine YouTube KKTV. Il s’est exprimé sur les quatre années de pouvoir de Patrice Talon. «Qu’est-ce que notre Bénin est devenu quatre ans après ?». C’est la question principale que chaque Béninois doit se poser selon l’ancien ministre de la communication Komi Koutché. Pour lui, le Bénin quatre ans après peut-être comparé à un supermarché tombé sur «le contrôle des braqueurs qui tirent sur tous les propriétaires qui bougent et qui ne laissent passer que les propriétaires qui sont prêts à aller remplir leurs camions amenés pour emporter l’objet du crime ».
Le Bénin quatre ans après, c’est un Bénin dans lequel la plus grande richesse, «l’édifice démocratie est complètement détruit à commencer d’abord par le système judiciaire ». Il précise que ce système a complètement déchiqueté «notre première richesse qui était la diversité culture et l’unité nationale ». Il cite à titre indicatif quelques chiffres et demande qu’ils soient démentis.
Police et armée volées
A le croire, «depuis 2016 99,2% de tous ceux qui ont été envoyés en prison sont soit de l’opposition soit des gens qui ne sont pas engagés dans la politique mais qui ont une voix discordante ». De même, «100 % des acquittements, des déclarations de non-lieux ou de déclaration d’incompétence ou de libération pour diverses raisons sont soit des gens proches de la mouvance soit des gens qui prennent l’engagement dès leur sortie de chanter les louanges du pouvoir ». Alors, Komi Koutché fait remarquer que ce n’est pas ça le Bénin qui va garantir l’avenir de nos enfants. Le Bénin désormais «est un pays où sa police et son armée lui sont volées ».
Selon lui, «c’est au Bénin qu’on voit depuis 2016 que nous voyons une police qui crée un groupement tactique d’intervention dont la mission est de faire des combats de localité ». Ça veut dire qu’en lieu et place du maintien de la paix, de la protection des populations et du maintien de l’ordre, «notre police désormais fait des combats de localité contre la population qu’elle est censée protéger ». Il pense avoir réussi à éprouver la volatilité de ce que peut être le cadre béninois et préconiser que «nous devons travailler à minimiser les risques d’implosion de notre société ».
Croissance économique extraordinaire mais…
Le Bénin depuis 2016, «c’est également un Bénin à une économie particulièrement extraordinaire ». C’est «un Bénin dans lequel, nous avons une croissance économique astronomique mais curieusement une croissance économique inversement corrélée avec les réalités de la vie quotidienne des populations ». Il fait remarquer qu’à l’heure actuelle, tous les pays de la sous-région ont pris des mesures hardies contre le coronavirus en sachant bien sûr que le coronavirus n’est pas qu’une crise sanitaire mais une crise sanitaire qui va déboucher sur une crise humanitaire, qui débouchera sur une crise économique et qui impactera dans la durée même nos interactions sociales.
Mais, il ne comprend pas comment le Bénin peut avoir une croissance économique de plus de 7 % et soit incapable «de dégager même 500 milliards de francs CFA pour aller au secours des bonnes dames, pour obliger les taxi-moto à rester à la maison ne serait-ce qu’un mois, pour obliger les bonnes dames qui se côtoient à millimètre près chaque jour pour survivre à rester à la maison rien que pour circonscrire le mal ». «C’est une croissance à laquelle je ne crois pas. C’est des chiffres arrangés », déclare-t-il. Il invite les autorités béninoises à revoir leurs copies. Car, le Bénin va vers la ruine. Il estime que si la tendance se poursuit, «il arrivera un moment où notre pays sera incapable de faire face à un certain nombre d’obligations essentielles ».
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