Didier Raoult : Un médecin critique sa communication autour de la chloroquine

En France, à cause de la pandémie, les médecins subissent d’énormes pressions pour, soit trouver un remède efficace, soit permettre la vulgarisation de procédures thérapeutiques même encore à l’essai. Au centre du débat, l’utilisation de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine dans le traitement du nouveau coronavirus et les petits essais à succès qu’avait dirigé avec quelques-uns, le microbiologiste français, Didier Raoult. Cependant pour certains médecins français, la communication du microbiologiste autour de l’hydroxychloroquine, faisait au procédé thérapeutique plus de mal que de bien.

La société scientifique internationale sceptique

Le débat en France autour du procédé thérapeutiques ‘’l’hydroxychloroquine-azithromycine’’, fait rage. Une polémique qui serait née à cause de nombreuses communications du docteur Raoult, autour de l’efficacité du procédé. Le microbiologiste n’avait pas manqué au cours de ses nombreuses apparitions sur les réseaux sociaux, à vanter le pouvoir anti-inflammatoire de l’hydroxychloroquine sur le sars-cov2 comme c’était déjà le cas dans certaines pathologies inflammatoires telles que le lupus érythémateux disséminé et la polyarthrite rhumatoïde. Une capacité anti-inflammatoire qui serait soutenue par l’action antibiotique de l’azithromycine pour les patients qui présenteraient des infections pulmonaires graves afin d’éviter une surinfection  bactérienne.

Publicité

La communication de Raoult était passée et ce serait près de 460 000 personnes en France qui auraient déjà signé une pétition pour demander la vulgarisation du procédé . Seulement, le procédé était encore à l’essai sur le plan européen.  Et le succès de « petits » essais dirigés par Raoult et des collègues de l’université d’Aix-Marseille sur trois douzaines de patients, dont 20 auraient été sous hydroxychloroquine ; ne répondaient pas « au standard attendu», selon un communiqué publié le 3 avril par la Société internationale de chimiothérapie antimicrobienne (ISAC) . L’ISAC ajoutant en l’occurrence que reconnaissant « qu’il est important d’aider la communauté scientifique en publiant rapidement de nouvelles données » ;  cela ne pouvait se faire « au prix d’une réduction de l’examen scientifique et des meilleures pratiques ».

Raoult fait dans le « populisme médical »

Cette position de l’ISAC était reprise ce lundi matin, au micro d’une télévision française,  par le Dr Damien Barraud, médecin réanimateur en unité Covid-19 au CHR de Metz-Thionville. Pour lui, la communication de son homologue microbiologiste autour du procédé, frisait « le populisme médical ». Et aurait malheureusement suscité autour du procédé une polémique et une passion, qui entravait grandement la bonne marche de la « démarche scientifique » nécessaire à la validation du procédé.

Pour le Dr Barraud, l’engouement de la population et de certains médecins pour le procédé se comprenaient dans le contexte de crise dans lequel le pays se retrouvait. Mais étant lui-même conscient et ayant déjà « alerté » sur plus d’une « cinquantaine d’accidents cardiaques » induits par un traitement à l’hydroxychloroquine, il ne pouvait faire fi des risques potentiels. « En dehors du protocole je n’en prescris pas, (…) ni pour moi, ni pour mes proches, ni pour n’importe qui » avait-il déclaré en substance.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité