Fonds contre le covid-19 : au Gabon, appel à la transparence

Que va devenir le pactole amassé par les autorités dans le cadre de la lutte contre le coronavirus ? Pour éviter que cela ne finisse dans la poche de certains « chanceux« , la société civile gabonaise appelle à la transparence. Un appel qui devrait être fait dans tous les pays africains où les fonds disparaissent souvent aussi vite qu’ils sont réunis et ne profitent ainsi pas aux populations pour lesquelles ils ont été amassés. Réunis au sein d’un nouveau groupe appelé Rassemblement des Forces Vives de la Nation, des membres de la société civile gabonaise ont adressé une lettre au président Ali Bongo. Lire ci-dessous la lettre rendue publique par la société civile gabonaise.

Rassemblement des Forces Vives de la Nation
La transparence, c’est ici et maintenant ! Voilà comment

Publicité

Excellence,
Nous, représentants de la société civile gabonaise, chacun de nous en sa qualité d’acteur de terrain, nous sommes rassemblés malgré l’absence de coordination des pouvoirs publics avec nos organisations. Animés par un esprit de responsabilité, une volonté patriotique authentique, nous avons travaillé et échangé en toute vérité. Nous sommes convaincus de la force d’intelligence collective de tous nos frères et sœurs. Nous avons foi en la capacité des Gabonais de faire face ensemble.
Aujourd’hui, nous avons une exigence simple et claire : la transparence et nous la voulons ici et maintenant !

Et nous avons une proposition concrète pour tenter d’y parvenir : constituer un Conseil de Contrôle Citoyen des fonds Covid-19. Les bailleurs de fonds internationaux multiplient le déblocage d’importants volumes financiers au profit du Gabon dans le double objectif de participer au plan de lutte contre le Covid-19 et d’éviter aux gabonais de sombrer dans la misère. Ces fonds doivent, a fortiori, nous permettre de lutter efficacement contre la crise sanitaire et renforcer nos services publics, le système de santé au premier plan. 
Or, que fait votre gouvernement ? Il installe un « Comité de Pilotage » de la riposte à la crise uniquement constitué de représentants de l’État, ce qui favorise l’opacité et toutes les dérives habituelles de gestion des finances publiques.  Il écarte toute implication des forces politiques du pays et ne daigne pas consulter tout ce que compte notre pays d’énergies et d’intelligences constituées en associations, corps intermédiaires ou ONG. Il va même jusqu’à réduire au minimum la consultation des assemblées parlementaires. 

Au final, personne d’autre que les habituels représentants de l’Etat n’ont accès aux décisions et aux délibérations ce qui, à notre avis, est dommageable pour le pays.En effet, le maintien à l’écart des forces vives limite l’efficacité de la diffusion des messages de lutte contre l’épidémie. De même, il est difficile que les décisions prises ainsi que les modalités d’accès aux nouveaux droits parviennent aux populations dans cet état de fait. En réalité, plus toutes les structures seraient associées, plus les messages et droits des populations seraient garantis. Sachant que l’absence de transparence éclipse toute légitimité au plan de lutte contre la crise. Cette délégitimation touche en conséquence toute parole publique et politique. C’est notre propre parole et action qui peut se voir abîmer par vos errements.
La transparence, ce n’est pas un cadeau ! C’est un devoir des gouvernants et un droit du peuple ! La confiance n’est pas un luxe ! C’est la clé de voûte de toute politique publique efficace. Mais, au-delà même de ce droit fondamental du peuple et de la responsabilité cardinale de tout gouvernement, parlons-nous en vérité des multiples conséquences du choix de l’opacité. 

Ce choix répété entrave profondément toute crédibilité du Gabon vis-à-vis des partenaires internationaux, ceux-là même vers qui, encore une fois, nous devons nous tourner. On peut craindre qu’ils aient encore plus de réticence dans la suite de la crise à nous accorder cette aide, ce qui constituera un risque vital pour notre pays, privé de toute rente pétrolière. Au final, nous serons face à des risques démultipliés de désastres économiques, sociaux et sanitaires supplémentaires. 
En conséquence, nous revendiquons la mise en place sans délai d’un Conseil Citoyen de Contrôle des finances Covid-19. Celui-ci serait chargé de contrôler chaque décaissement de fonds, chaque affectation de fonds publics, dans le cadre du plan. Les ministres et le gouvernement dans son ensemble seront contraints à justifier chaque décision et présenter les pièces comptables justifiant l’utilisation des fonds.

Publicité

Ce conseil devra être composé par des représentants des organisations internationales, des représentants de la société civile et de quelques représentants de l’État et sa direction confiée à une personnalité crédible issue de la société civile. Comptant sur votre attachement à ce pays et votre capacité d’écoute, je vous prie de recevoir nos salutations distinguées. 

Mgr Mike JOCKTANE Évêque, Président Leader du Gabon Nouveau
Marcel LIBAMA, enseignant syndicaliste, coordonnateur du Groupe Alternatif Communautaire (GAC) face au COVID-19
ONG Croissance Saine Environnement
Georges MPAGA, porte-parole du la société civile et du ROLBG, Modérateur du Groupe d’alternative communautaire contre le Coronavirus COVID 19, GAC-COVID 19
Christian GONDJOUT, Cadre de banque 
Odile MATSOUPA, Colonel à la retraite
Eugénie EYEANG, Enseignant-chercheur 
Diane Séverine NGWIZONGO, Artiste Diane Omega
Aude ZAMAMBO, secrétaire comptable au Service Recouvrement de la Direction Financière du Centre Hospitalier Universitaire de Libreville (CHUL)
Oyono OYONO, ingénieur systèmes
Ulrick MOMBO, Fonctionnaire
Constance Flore DIVINOU, Enseignante de formation, Fondatrice d’un Institut Universitaire et professionnels, Sociologue de l’éducation  

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité