Ambassadeur de France en Chine de 2017 à l’été 2019, Jean-Maurice Ripert a accepté de répondre à Marianne au sujet de la crise du covid-19 et du pouvoir chinois. Selon ses dires, il semblerait que Pékin soit tenté d’imposer un tout nouvel ordre mondial dans lequel la Chine jouerait le premier rôle, que ce soit sur la scène économique ou sur la scène géopolitique.
La crise du covid-19 semble avoir fracturé la Chine. En effet, de plus en plus de voix au sein du parti politique appellent à une ouverture sur le monde, comme ce qu’a pu faire Deng Xiaoping en son temps. D’autres en revanche, souhaitent une ligne encore plus dure. Dans tous les cas, Xi Jinping et son contrôle total sur le pouvoir ne font pas l’unanimité. La population, elle aussi, semble désormais concernée. Si les sujets politiques ne sont pas discutés sur les réseaux sociaux, les populations elles, discutent de nombreux sujets de société.
XI Jinping, un président critiqué ?
Autre point de discorde, les dysfonctionnements de l’État-Parti. En effet, face à la crise, la Chine a pris des mesures radicales, niant et ne transmettant des données peu fiables. De quoi lui permettre de gagner du temps et donc, de mettre en avant la réponse voulue. L’OMS, qui souhaite enquêter sur Wuhan, ne devrait toutefois pas être en mesure de le faire rapidement, le pouvoir ne se satisfaisant probablement pas d’une enquête sur ses manquements. Face au risque d’être décrédibilisé, Pékin fait donc la sourde oreille.
La Chine souhaite imposer le « multi-bilatéralisme »
Face à ce constat, Washington tente ainsi de reprendre la main et d’affirmer sa domination sur le pouvoir chinois. La Chine elle, a contrario, tente d’imposer un système appelé de « multi-bilatéralisme » où toutes les nations pourraient être en mesure de commercer, dialoguer avec la Chine en fond. Au cours de son entretien, Jean-Maurice Ripert a d’ailleurs utilisé la métaphore de la roue de vélo, avec tous les rayons (les nations) qui convergent vers un point central unique, Pékin. Dans les faits, Pékin semble ainsi défendre un projet où chacun se définirait par rapport à la Chine, qui imposerait ses valeurs à travers le monde.
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