Débat d’orientation budgétaire : les tendances baissières du budget 2020 relevées par des députés

Le gouvernement a organisé pour la septième fois consécutive, ce lundi 29 juin 2020 à l’Assemblée nationale, le débat d’orientation budgétaire (Dob) sur les orientations économiques et budgétaires du projet de loi de finances (Plf) gestion 2021 et ceci, conformément aux dispositions de l’article 59 de la loi organique N° 2013-14 du 27 septembre 2013 relative aux lois de finances . Occasion pour certains députés de la 8è législature de soulever quelques inquiétudes liées aux tendances baissières constatées dans l’exécution du budget général de l’Etat gestion 2020.

Sous la présidence de madame Mariam Talata Zimé, première vice-présidente de l’Assemblée nationale et en présence du ministre de l’économie et des finances, Romuald Wadagni, les députés de la huitième législature ont été informés sur la politique économique et sociale de notre pays le Bénin. Selon le rapport de la commission des finances présenté par son président Gérard Gbénonchi, c’est en prélude à l’étude du Plf gestion 2021, que le gouvernement avait transmis à l’Assemblée nationale par décret N° 2020-308 du 17 juin 2020 pour un débat d’orientation budgétaire le document de programmation budgétaire économique et pluriannuel et les documents de programmation pluriannuels de dépenses, conformément aux dispositions de l’article 59 de la loi organique N° 2013-14 du 27 septembre 2013 relative aux lois de finances.

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Le président de l’Assemblée nationale en a saisi la commission des finances et des échanges quant au fond et la commission du plan, de l’équipement et de la production pour avis. Les deux commissions s’étaient réunis le 25 juin 2020 en présence du gouvernement représenté par le ministre de l’économie et des finances. Le rapport est structuré en trois parties. La première partie parle de la situation économique et financière sur la période 2017-2020. La deuxième partie parle des perspectives économiques et financières sur la période 2021 à 2023 et la troisième partie relate les discussions et amendements et l’avis de la commission. Pour ce qui est de la première partie et particulièrement au plan national où l’activité économique est demeurée soutenu au 3è trimestre 2019. Les données disponibles du secteur agricole à fin septembre sur la production agricole sont restées stables.

Au regard de l’évolution de la croissance au plan international et sous-régional, le taux de croissance a été révisé à 3,5% contre une prévision initiale de 7,6% du fait principalement de la pandémie du Coronavirus qui a induit un double choc sur l’offre et la demande mondiale. Malgré ce ralentissement de l’économie attendue pour 2020, selon le rapport de la commission, la croissance ressortirait pourtant un niveau appréciable par rapport aux autres pays de l’Uemoa en raison de la résilience aux chocs exogènes mis en place par le gouvernement béninois depuis 2016. Par ailleurs, l’année 2020 devrait connaitre le démarrage effectif des travaux de construction du Pipeline Bénin-Niger qui soutiendrait aussi bien l’activité du BTP que le trafic au port de Cotonou. Pour 2017-2020, il faut retenir que les opérations financières de l’Etat ont été marquées par une consolidation budgétaire conformément à la tendance tracée par le Programme d’action du gouvernement (Pag). La diminution des dépenses publiques est en lien avec l’option faite par le gouvernement de réduire les dépenses courantes au profit des dépenses d’investissement et d’impliquer de plus en plus le secteur privé dans la réalisation des investissements publics.

La tendance baissière due à la double crise sanitaire et économique

En ce qui concerne l’exécution de la Loi de finances gestion 2020, elle est marquée par les effets induits de la double crise sanitaire et économique liée à la fermeture des frontières du Nigéria, sur les finances publiques et selon le FMI, la mobilisation des recettes budgétaires devrait afficher une tendance baissière de l’ordre de 113 milliards et une hausse des dépenses d’environ 68 milliards FCFA par rapport aux prévisions initiales. Et les effets conjugués de cette crise sur les recettes et les dépenses induiraient un déficit budgétaire de l’ordre de 3,4% du PIB contre une prévision initiale de 1,4% du PIB. En ce qui concerne les perspectives pour 2021-2023, en terme d’orientation économique du budget 2021, le président de la commission des finances croit savoir que les grandes orientations de la politique économique du gouvernement resteront conformes au plan national de développement 2018-2025 décliné à travers le programme de croissance pour le développement durable 2018-2021 et en parfaite cohérence avec le Pag.

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Lueur d’espoir

Cette stratégie d’accompagner le renforcement des institutions est d’une amélioration de la gouvernance, gage d’une stabilité. Au plan du cadrage macroéconomique à moyen terme 2021-2023, les perspectives économiques selon le FMI seraient globalement favorables dans le monde en 2021 après la double crise sanitaire et économique de l’année 2020. Au plan nationale, sur la base probable de l’évolution de la conjoncture au plan international et sous-régional et tenant compte de l’évolution économique, plusieurs chantiers de croissance sont envisageables et suppose une amélioration de la crise sanitaire au second semestre 2020 et une reprise progressive de l’économie à partir de 2021. Et dans ce scénario, le taux de croissance de l’économie s’afficherait à 6% en 2021 contre 3,5% en 2020. En ce qui concerne le scénario pessimiste, il suppose une persistance des effets négatifs de la pandémie du Covid-19 en fin de l’année 2020 et tient compte également des incertitudes liées aux élections présidentielles de 2021, notamment l’attentisme généralement observé dans le monde des affaires. Dans ce scénario, le taux de croissance s’afficherait à 4,1% en 2021 contre 2,3% en 2020.

Quant au scénario optimiste, il suppose des effets négatifs du Covid-19 moins que prévus en 2020. Ce qui signifie que l’économie retrouvera sa trajectoire de croissance d’avant crise dès 2021 et dans ce contexte le taux de croissance s’afficherait à 7,6% en 2021 contre 4,5% en 2020. Au plan des perspectives financières, au regard du cadrage macroéconomique, les ressources totales du budget général de l’Etat devraient afficher une hausse de 7,2% en moyenne annuelle sur la période 2021-2023 et spécifiquement pour 2021 elles s’afficheraient à1378,6 milliards contre 1333 milliards en 2020 soit une hausse de 3,4%. Les dépenses du budget général de l’Etat connaîtraient un taux de progression moyen de -1,8% sur la période 2021-2023. Pour ce qui est de la stratégie d’endettement sur la période 2021-2023, les options stratégiques du gouvernement en matière d’endettement sur la période 2021-2023 resteront globalement cohérentes avec la stratégie d’endettement 2020-2024 et cette stratégie d’endettement 2020-2024 vise à contenir la proportion de la dette extérieure dans une fourchette de 55% du portefeuille de la dette publique sur la période 2020-2024.

Préoccupations de quelques députés en plénière

Au nombre des députés qui ont pris la parole hier à l’hémicycle, figure le député Alossohoun Nestor. Ce dernier a salué d’entrée les efforts du gouvernement. Selon lui, n’eût été la pandémie du Covid-19 les perspectives pour le Bénin se porteraient bien. Toutefois, il a soulevé quelques inquiétudes liée à la politique de l’endettement du pays et à la question du déficit budgétaire. A en croire ses propos, dans le rapport en étude, de 2016 à 2020 le taux d’endettement du Bénin a pris une allure exponentielle d’une année à une autre. De 35,9% en 2016 ce taux est en 2020 à 41,1%, soit une augmentation de 7,2% en cinq ans. S’il faudrait garder la même allure d’ici 2025, c’est dire que ce sera porté à environ 50% ce qui s’approche de la barre des 70% recommandée.

Dans le même temps, il informe que le déficit budgétaire aussi ne cesse de se creuser au moment où la norme communautaire est de 3%. Aussi, notre pays fait abondamment recours aux emprunts obligataires dans les banques commerciales et sur le marché des capitaux à l’international. Ne sommes-nous pas dans un cercle infernal d’endettement et de déficit budgétaire au regard de ces constats ? s’interroge t-il. Toutefois, d’autres députés, malgré ses inquiétudes, rassurent des efforts fournis par le gouvernement du Président Patrice Talon, surtout au plan social malgré ce qu’ils appellent la double crise sanitaire et économique qui frappe le Bénin. C’est le cas des députés Agonkan Gildas, Nazaire Sado et le deuxième vice-président du parlement béninois Robert Gbian.

Les clarifications du ministre de l’économie et des finances

Prenant la parole à son tour, l’argentier national présent à l’hémicycle, a dû prendre la parole pour apporter des clarifications sur l’endettement du Bénin. Selon ses propos, quand on parle de dette, c’est deux choses qui comptent à savoir la qualité de la dette et à quoi cette dette a été utile. Sur la base d’un exemple simple, il a expliqué aux députés présents les différents paramètres de la dette, notamment sa durée, son taux et la cohérence de ces paramètres par rapport à quoi cette dette a servi. S’agissant de la dette publique et se basant de la structuration du budget, il déclare qu’il s’agit de s’assurer ce qu’on dépense pour faire fonctionner l’Etat, payer le salaire, les pensions, etc ne dépassent pas la moitié du budget est que l’autre moitié soit consacrée à l’investissement, c’est-à-dire la création de la richesse. Et dans le même temps, le montant de la dette chaque année en nominal est inférieur aux investissements. C’est dire qu’on ne prend pas la dette pour payer les salaires et faire des dépenses générales. En 2018, le Bénin a été le premier pays à faire du reprofilage. Pour le ministre Romuald Wadagni, cela a été fait avec la garantie de la Banque Mondiale. «…Il y avait une grosse dette qui est rentrée mais personne ne regarde la dette qui sort. C’est vrai, il y a des critères de convergence qui fixe le taux à 70%. Au Bénin, nous gérons et nous disons que nous ne voulons même pas dépasser la barre de 50%. Si il y a crise et nous devons investir pour nos populations, nous pouvons dépasser les 50% parce que s’il faut choisir la vie, nous allons investir pour la vie… » précise l’argentier national.

5 réponses

  1. Avatar de Gombo
    Gombo

    Selon la BCEAO le Benin aura une charge de dette de 321 Milliards ( au moins) en 2021 pour un budget de 1378 milliards soit 23% du budget…
    De quelle mioitie du budget viendra ce 1/4…
    La presdigitation a des limites…
    Arretez de nous enfumer ?

  2. Avatar de (@_@)
    (@_@)

    « reprofilage. Pour le ministre…avec la garantie de la Banque Mondiale. » TU vas voir ton créancier pour la meilleure manière de continuer à t’endetter. C’est sa raison d’être, c’est comme ça que ses employés gagnent leur vie. En quoi c’est une garantie, pour ceux qui devront rembourser les engagements pris pour eux, et leurs enfants ?
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    (@_@)

  3. Avatar de (@_@)
    (@_@)

    « S’agissant de la dette publique…on dépense pour… l’Etat… salaire…pensions, etc moitié du budget ». Donc, la moitié de l’emprunt est consommé pour vivre au quotidien.
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    (@_@)

    1. Avatar de (@_@)
      (@_@)

      « l’autre moitié… consacrée à l’investissement, création de… richesse ». Encore ???? « Mi sé tônou awèa *» ? quelle richesse ? Pour qui ?
      La même question posée encore et encore, ici même, qui n’a jamais trouvé de réponse autre, qu’évasive. « Mi dô minlè lilè wè **»
      * Vous comprenez ce qu’on vous dit ou pas ?
      **Vous faites tourner tout le monde en bourrique
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      (@_@)

      1. Avatar de (@_@)
        (@_@)

        « …on ne prend pas la dette pour payer les salaires et faire des dépenses générales. » Je comprends mal. C’est le contraire qui a été dit au début.
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        (@_@)

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