Dans son édition d’hier mercredi 26 août 2020, un quotidien de la place visiblement inspiré par les laboratoires rivalisant de compétence dans la galaxie de la communication rupturienne en mal de scoop valorisant les actions du ‘’Boss’’, est revenu sur les récentes participations du président de la République Patrice Talon aux réunions des partis politiques Union progressiste (UP) et Bloc Républicain (BR).
Selon le quotidien, la présence insolite du président de la république, créateur non déclaré des deux partis siamois à la réunion de leur bureau politique visait un autre objectif autrement plus important que celui d’une simple présence , fût-elle symbolique, à une instance où personne ne l’attendait. Ainsi, à en croire le canard , le président Talon voulait exprimer de vive voix sa déception quant à l’absence de transparence dans la gestion des fonds alloués aux deux partis à l’occasion des deux dernières élections(législatives et communales). Ce qu’il aurait fait dans un moment de grande colère, affirme le journal, aux deux responsables que sont Bruno Amoussou (UP) et Abdoulaye Bio Tchané (BR). L’information qui n’a fait l’objet d’aucun communiqué officiel ni d’un démenti dans la journée d’hier, a été accompagnée d’un commentaire dithyrambique à l’endroit du premier magistrat qui ne ferait aucune discrimination entre ses partisans et ses adversaires, quand il s’agit de la gestion des fonds publics. Dont acte!
Des questions sans réponse
Si cette information largement relayée par les réseaux sociaux était avérée, elle soulève quelques interrogations de bon sens: de quels fonds est-il question? Et quel est leur montant ? De l’argent cash en espèces emballés en sachets bien reconnaissables gracieusement transmis aux chefs de partis par des missi dominici de généreux donateurs souvent des opérateurs économiques bien connus sous les régimes précédents, à l’occasion de chaque échéance électorale. Dans le premier cas, le président de la République sait parfaitement ce qu’il doit faire . De la même manière que l’Etat diligente des audits dans les sociétés d’état et les collectivités décentralisées , il devrait par parallélisme des formes, commanditer des audits des comptes des partis politiques qui bénéficient des financements publics.
Par conséquent, c’est l’argentier national et non le chef de l’Etat qui aurait dû sacrifier à ce devoir prescrit par la loi sans tambour ni trompettes.Et la célèbre Criet qu’on met aux trousses des seuls opposants et des petits voleurs en cols bleus ou blancs inconnus du grand public pourrait se mettre en branle contre les faussaires ainsi démasqués. S’il s’agit des fonds gracieusement mis à la disposition des partis siamois par l’opérateur économique Talon devenu chef de l’Etat, le donateur et les destinataires savent également ce qu’ils doivent faire .(voir ce qui dit la loi ci-dessous).Au terme de la nouvelle loi en effet,(loi 2019 -44 du 15 novembre 2019 , portant financement public des partis politiques en République du Bénin), le citoyen Talon, personne physique de nationalité béninoise , peut faire des dons à un parti politique mais pas le patron du «groupe éponyme Talon» ,personne morale. Alors, la question qui vient à l’esprit est celle ci: les chefs de deux partis siamois ont- ils déclaré ces ‘’dons’’ présumés à la cour suprême, comme le prescrit la loi?
Il y a fort à parier que les chefs de partis destinataires de ses fonds de campagne n’ont pas eu la même perception que le chef de l’Etat des fonds qui leur ont été alloués.Et qu’ils confondent les temps anciens dits de «désordre» avec ceux de la Rupture où tout serait sous contrôle strict. Dans ce cas, il revient au communicant volubile à la bouche mielleuse du chef de l’Etat ou/et au ministre «perroquet intelligent» auto proclamé de monter illico presto au créneau, pour clarifier la situation sur l’origine des fonds, leur montant et les conditions de leur décaissement pour lever toute équivoque. Sinon, cette colère saine du chef de l’Etat serait perçue pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une autre opération de charme destinée à amuser la galerie, par ces temps de pré campagne non déclarée où le président Talon est présenté comme le ‘’monsieur propre’’ qui fait ce qu’il dit et à qui tout réussit.
Ce que dit la loi
C’est la loi 2018-23, portant nouvelle charte des partis politiques qui fixe les modalités du financement des partis politiques. Cette loi parle de deux types de financement. Il y a le financement public des partis politiques et le financement privé des partis politiques. L’article 37 de cette loi stipule : «on retient par financement public de partis politiques, toutes subventions et autres aides reçues de l’Etat par les partis politiques ». Et tous les partis politiques, régulièrement constitués et en activité conformément aux dispositions de la présente loi sont à même de bénéficier de ce financement public.
L’article 32 de la même loi définit le financement privé des partis politiques comme des ressources propres ou externes des partis politiques en dehors des subventions et autres aides de l’Etat. Au nombre des ressources propres, il y a les cotisations des membres, les cotisations volontaires et les souscriptions des membres, les produits de leurs biens patrimoniaux et les recettes de leurs activités. Les ressources externes des partis politiques comprennent les aides entrant dans le cadre de la coopération entre partis politiques nationaux, les emprunts souscrits conformément aux lois et règlements et les dons et legs. La charte en son article 35 indique que «les partis politiques peuvent recevoir des dons et legs de toute personne physique de nationalité béninoise ». Et, «les dons et legs provenant des personnes morales sont interdits ». En son article 36, elle précise que «l’ensemble des aides, des dons legs et subventions doit faire l’objet d’une déclaration adressée à la Commission électorale nationale autonome et à la Cour suprême ».
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