Le professeur Joël Aïvo a repris, ce week-end, son dialogue itinérant avec les populations du Bénin. Et c’est à Toffo que l’homme et sa délégation se sont rendus pour échanger avec les populations. Venus de tous les arrondissements de cette commune, les délégués du dialogue itinérant de Toffo se sont rendus nombreux dans la salle des fêtes Nouvelle Cité de Ouègbo. Dans le strict respect des mesures barrières préconisées par les autorités sanitaires du Bénin, la délégation du RASSEMBLEMENT, rejointe à Toffo par Claude Boko, Romain Acakpo et d’autres leaders locaux, a donc longuement échangé avec des délégués regonflés à bloc après plus de quatre années de désillusion.
Le professeur a donc passé son message et a partagé les inquiétudes des populations. « Il me tardait d’aller vous voir, parce que Toffo a occupé une place capitale dans l’histoire de notre pays », a indiqué d’entrée c’est par cette phrase que le professeur Aïvo. « Comme vous l’avez souhaité, je suis venu afin que nous parlions de ce que nous avons de plus cher, le Bénin », a déclaré l’universitaire comme pour planter le décor d’un exposé détaillé, ponctué d’applaudissements nourris où il a décortiqué tous les défis qui se présentent à la Nation depuis l’avènement du régime de la Rupture.
De l’économique béninoise
Au plan économique et social, le professeur Aïvo a mis le doigt sur l’immense déphasage des résultats économiques vantés par le gouvernement, avec le vécu des Béninois. Selon Joël Aïvo, «le président Talon, ses ministres et ses amis sont les seuls à ne pas savoir que nos compatriotes ont des difficultés à se nourrir ou à se soigner. Ils sont les seuls à ne pas voir la misère qui grandit autour d’eux du fait de leur politique économique antisociale ». Il estime que la multiplication des annonces de supposées bonnes performances de notre économie et la propagande qui s’en suit ne sont que l’expression du mépris de nos gouvernants vis-à-vis de la misère des Béninois. Il s’est enfin engagé, si les Béninois lui en donnent l’occasion, à « casser le monopole, et à libérer l’économie béninoises afin que quiconque désire entreprendre puisse le faire, sans craindre la concurrence d’un dirigeant. ». Car, soutient-il, « un responsable politique ne doit pas faire du commerce ».
Le social
Sur le plan social, le professeur s’est une nouvelle fois attaqué à la loi sur l’embauche qu’il s’est engagé à « abroger immédiatement » dès qu’il en aura le pouvoir. «Ce que m’ont dit les nombreux chefs d’entreprises, syndicalistes et simples travailleurs que j’ai rencontrés partout sur le territoire me permet de dire que cette réforme du code du travail n’a amélioré ni la situation des entreprises, ni le sort des employés qu’elle a transformés en esclaves », a renseigné le professeur. Sur l’aspiranat, nouvelle forme de contrat proposée à la partie la plus importante du personnel enseignant du primaire et du secondaire, Joël Aïvo est catégorique : «ce système aussi doit disparaître immédiatement, pour permettre aux enseignants et à l’école béninoise de libérer son potentiel ».
Des Réformes politiques
Sans se dérober, le potentiel candidat est resté sur la position qui est la sienne depuis trois ans par rapport aux réformes politiques et institutionnelles du président Talon. «Nous avons perdu notre démocratie dès l’instant où le président Talon a décidé de reformater le système politique à son seul avantage. Nous ne savons plus organiser des élections, et choisir librement nos députés, nos maire et peut-être même notre président de la république ; la création d’un parti politique est devenue presque impossible pour ceux qui ne soutiennent pas le chef de l’État. Les anciens partis politiques ont été fermés comme l’on ferme des boutiques ; les anciens Présidents sont humiliés quotidiennement et on tue facilement pour la politique. », a-t-il laissé entendre.
Sur le parrainage
Comme dans les autres villes où le professeur et sa délégation ont déjà foulé, la question du parrainage a occupé une bonne place dans les échanges à Toffo. L’universitaire a une fois encore fait part de son opposition au modèle de parrainage mis en place au lendemain du dialogue politique exclusif et qui concentre les signatures exclusives des élus que sont les maires et les députés appartenant presque tous au même camp. Pour lui, «cette réforme est antidémocratique et injuste ». Dans sa démonstration, il fait savoir qu’«en 2016, à la date de la clôture du dépôt des dossiers, le candidat Patrice Talon n’avait que deux députés et à peine un maire avec lui. Entre lui et monsieur Lionel Zinsou qui avait une quarantaine de députés, une cinquantaine de maires dont ceux des trois principales villes, le soutien du Président sortant, du Président de l’Assemblée Nationale et celui des trois partis les plus importants du pays, qui était le candidat farfelu ? ». Comme pour dire à son auditoire que dans les mêmes conditions, le président Patrice Talon n’aurait eu aucune chance de faire valider sa candidature pour la présidentielle à l’issue de laquelle il a été élu. Et donc, à l’en croire, « soit la prochaine élection présidentielle sera ouverte, soit il n’y aura pas d’élection ».
Laisser un commentaire