Enfin, la société civile béninoise donne de la voix par rapport à l’élection présidentielle de 2021. Dans un élan d’ultime plaidoyer, elle donne sa position sur le cadre légal électoral béninois en perspective de l’élection présidentielle de 2021 par le biais d’un document. A la base de ce plaidoyer, 10 Organisations non gouvernementales (ONG), réseaux d’ONG et Plateformes d’ONG réunis au sein de l’initiative LMC 2021. A travers cette initiative, la société civile veut « espérer la suppression urgente du parrainage pour donner suite aux promesses du chef de l’Etat à sa prise de service en 2016 de travailler pour le renforcement de la démocratie au Bénin ».
L’initiative LMC 2021 veut «espérer que de la légitimité incontestée du chef de l’Etat, qu’il sauvegarde le modèle démocratique en permettant aux citoyens de choisir en 2021 au-delà du ou des candidat (s) des 154 parrains de la mouvance présidentielle ». Elle veut, en urgence, une relecture consensuelle du cadre légal électoral en vue de l’élection présidentielle de 2021 pour la paix et le renforcement de la démocratie. Dans son document de position de la société civile béninoise sur le cadre légal des élections en république du Bénin, la société civile met en exergue des éléments qui ne plaide pas en faveur de l’instauration du parrainage.
Des éléments crisogènes
La société civile pense que le principe du parrainage, qui est un principe politique adopté par plusieurs pays tant de vieilles démocraties que de démocraties nouvelles et établies, ne pose en lui-même aucun problème. C’est plutôt «les conditions du principe instauré au Bénin en novembre 2019 le rendent essentiellement crisogène et lui confèrent un potentiel d’élément déclencheur de violences lors de la présidentielle de 2021 ». Pour elle, «les conditions tiennent, d’une part, à la procédure et au moment d’adoption de ce principe et, d’autre part, à la représentativité des élus parmi lesquels certains sont plutôt désignés pour parrainer ». Cette société civile estime qu’il y a eu, d’une part, un défaut de consensus national, le « consensus national » ayant été érigé au rang de principe à valeur constitutionnelle, par la Cour constitutionnelle dans la décision DCC 06-74 du 08 juillet 2006.
Cette décision de la Cour constitutionnelle stipule que «même si la Constitution a prévu les modalités de sa propre révision, la détermination du peuple béninois à créer un Etat de droit et de démocratie pluraliste, la sauvegarde de la sécurité juridique et de la cohésion nationale commandent que toute révision tienne compte des idéaux qui ont présidé à l’adoption de la Constitution du 11 décembre 1990, notamment le consensus national, principe à valeur constitutionnelle ». D’autre part, il y a eu une absence de consensus populaire car «le dialogue politique qui a précédé la révision constitutionnelle n’a pas réuni toutes les forces vives de la société (absence de la plupart des partis politiques de l’opposition, absence de la société civile, etc.) ».
De la représentativité des élus-parrains
Elle fait remarque que l’Assemblée nationale a institué un parrainage dont la grande majorité des parrains, (les 83 députés) sont connus d’avance et déjà en place. Mieux, cette grande majorité de parrains appartiennent tous à un même camp politique, celui de la majorité présidentielle. Ce qui fausse «le caractère « juste et égalitaire » que doit avoir une loi dans un Etat de droit ». Ainsi donc, les parrains pour la présidentielle de 2021 sont les 83 députés issus des législatives d’avril 2019 et les 77 maires désignés et installés à la suite des élections communales de mai 2020. Cependant, «les élections de ces élus-parrains se sont déroulées dans des conditions telles que les électeurs ne sont pas unanimes sur leur représentativité ».
Pour une élection inclusive et apaisée
Face à ces éléments, les Organisations de la Société civile (OSC), préoccupées par la tournure de plus en plus violente que prennent les élections au Bénin et soucieuses de la tenue d’une élection présidentielle inclusive et apaisée ont formulé des recommandations à l’endroit du président de la République et à l’endroit de l’Assemblée Nationale. Elles plaident, à très court terme, pour «la suppression pure et simple du système du parrainage et l’ouverture du scrutin présidentiel à tou.te.s les Béninois.es capables et ayant de l’ambition pour leur pays ». Selon elles, le Bénin est encore dans le délai de six (06) mois imposé par la CEDEAO, avant toute révision des normes électorales.
A moyen terme, elles préconisent «la revue des réformes politiques de manière inclusive avec l’implication de toutes les parties prenantes (partis politiques de la mouvance et de l’opposition, Société civile, universitaires, etc.) ». Aussi, les OSC souhaitent le retrait au ministère de l’Intérieur de la validation de la création des partis politiques et la revue «du mécanisme d’enregistrement des partis politiques conformément aux instruments internationaux en matière d’élection dont le Bénin est partie notamment la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance et le Protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance additionnel au Protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité ».
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