A l’occasion de la commémoration du 5ème anniversaire de décès du Général Mathieu Kérékou, Fred Houénou s’est adressé à la classe politique béninoise à travers une lettre. Dans sa lettre, il estime que la classe politique a tourné le dos à sa jeunesse. Plus encore, il parle de la course à l’endettement de l’Etat béninois. Il fait d’abord remarqué que «chaque génération donc d’hommes politiques de 1972 à ce jour, en ce qui la concerne, porte en elle une part de l’héritage de ce grand homme (Mathieu Kérékou) dont la providence nous a fait cadeau ».
Mais, trente années après l’historique conférence des forces vives de la Nation de février 1990 dont il (Kérékou) aura été le principal artisan, l’ancien conseiller du ministre de la communication Alain Orounla estime que «le Bénin est de nouveau à la croisée de chemins » et «beaucoup de questions méritent des réponses claires et précises ». «Sommes-nous toujours une Nation ? De qui notre République sert-elle les intérêts ? Dans un monde devenu un village planétaire, pesions-nous davantage en tant que pays ? », voilà autant de questions que chacun doit se poser selon l’homme. Pour sa part, il pense que «consciemment ou inconsciemment nous nous contentons chaque cinq ans de conserver le plus longtemps possible des acquis dépassés au lieu d’inventer l’avenir ». C’est ce qui, à l’en croire, fait que «nous sommes toujours au pied du mur ».
Jeunesse délaissée
Il écrit que la classe politique a tourné dos à la jeunesse, ce qui fait qu’elle n’a ni avenir ni espérance. Car, pour lui, «c’est lorsque la jeunesse commence par devenir une espérance que l’histoire nationale cesse d’être un éternel recommencement pour devenir une invention ». Fred Hounénou prévient que «si nous continuons de louvoyer, spectateurs impuissants du lent déclin moral et économique de notre pays, au lieu de changer radicalement de cap pour porter les réformes que le 21ème siècle rend impérative, nous aurions délibérément choisi de sacrifier l’avenir de nos enfants ».
Dettes étouffantes
Il rappelle qu’il se dit que la jeunesse béninoise est sans conviction, sans foi, sans valeurs. Mais lui, il ne voit dans leurs yeux ni lâcheté ni résignation mais plutôt «une force qui attend son heure ». Et, cette force, elle peut-être extraordinaire si elle est guidée vers des changements inédits. «Je n’ai jamais senti autant de lucidité et d’exaspération face au blocage de notre société que chez la jeunesse », soutient Fred Houénou. Cependant, il relève que cette force elle peut être aussi destructrice si «nous continuons d’exercer le pouvoir comme une fin en soi ». Fred Houénou écrit que trop de promesses sont déçues, qu’il y a trop de souffrances sociales. Il va plus loin et précise que la politique est en état d’urgence. Car, «le chômage s’étend, les milliards de dettes nous étouffent. Le parti des désespérés s’agrandit au jour le jour ». Pour dire à toute la classe politique de faire attention.
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