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(Enquête) Lutte contre la Covid-19 : Bohicon en rébellion contre les gestes barrières

L’apparition de la pandémie du coronavirus au Bénin a littéralement changé les habitudes de bon nombre de citoyens. A Bohicon, commune située au centre du Bénin, les gestes barrières sont foulés au pied. Les forces de l’ordre censées tenir rigueur semblent passer à côté de leur mission républicaine. Enfants et adultes accordent tous sans exception, légèreté au port de masques. Le lavage des mains reste cependant, le cadeau des soucis d’une population résolument à la quête du pain quotidien. 

En plein cœur du marché central de Bohicon, le port de masques frontaux est une véritable contrainte voire un casse-tête pour les usagers du plus grand centre commercial de la localité. Au centre-ville et même en périphérie, les visages sont dénudés du cache-nez. Malgré que la pandémie sévisse dans le monde, Bohicon semble ignorer l’existence de la contagion. Les conducteurs de taxi moto, les usagers des grands marchés de la commune ne portent presque jamais le masque malgré la présence des vendeurs ambulants qui ont pris d’assaut les grands axes de la ville.

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Dans les établissements publics d’enseignement secondaire et primaire, le constat est beaucoup plus édifiant. Au Ceg 2 Bohicon par exemple, les responsables administratifs ont totalement abandonné la sensibilisation. Les élèves foulent quotidiennement au pied les mesures barrières aux yeux et à la barbe de leurs encadreurs. La distanciation sociale n’est pas respectée et les effectifs n’ont pas changé, ceci, en raison du manque de mobiliers et de salles de classe.

Même à l’intérieur dudit collège, les dispositifs de lavage de mains sont sales, vides et sans eaux. Nous avons surpris des enseignants en plein conseil sans masques. A la direction départementale des enseignements secondaire, technique et de la formation professionnelle du Zou, toutes les tentatives pour entrer en contact avec le directeur sont restées vaines. Mais l’ayant eu au téléphone au sujet de la non observation des gestes barrières dans les établissements, Dieudonné GAMBIALA nous a déclaré en ces termes « si je constate que les mesures ne sont pas respectées, je vais sanctionner ». 

Devant les agences de banques de la ville Carrefour, les habitudes sembles encore résistantes. On constate malheureusement de longues queues d’usagers qui s’impatientent en attendant d’être à l’intérieur pour faire leurs opérations. Dans les marchés, les vendeuses et usagers se côtoient dans une promiscuité inquiétante. Les produits mis sur les étalages ne sont pas du tout protégés. Globalement à Bohicon, la riposte contre le mal ne semble pas encore en marche, surtout concernant la mesure liée à la distanciation sociale.

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Les nombreux appels de sensibilisations faits par le ministère de la santé n’ont pu empêcher les populations de braver violemment lesdites mesures. A en croire le directeur départemental Zou du ministère de la santé, Dr Evariste TOKPLONOU, une plateforme de concertation dirigée par le Préfet du Zou est mise sur pied et regroupe l’ensemble des acteurs. Plusieurs séances ont eu lieu avec les différents responsables des établissements sur la nécessité de respecter les gestes barrières. Comme les vieilles habitudes ont la peau dure, ces mesures sont bafouées au grand dam des populations.

L’animation des bars, restaurants et cafétérias n’est nullement affectée par la psychose liée au Covid-19. Selon Michel, gérant d’un bar situé au quartier Zakpo et non loin de l’Eglise Immaculée Conception de la commune, « il n’y a pas de coronavirus au Bénin. Ici, nous sommes libres. On n’exige pas à nos clients le port de masque. C’est l’argent, nous voulons », a-t-il fait savoir. Tout se passe comme si Bohicon était séparé du Bénin. Les vendeurs de cache-nez disent tourner à perte. « Difficilement j’arrive à écouler le lot qu’on m’a remis. Les gens n’achètent plus. C’est seulement les fonctionnaires qui viennent demander et qui font que jusque-là, nous vendons quelques-uns », se désole dame Angèle, croisée au carrefour Moquas.

La responsabilité de la police…

La police n’a jamais baissé les gardes, a insisté une source policière. La sensibilisation est priorisée, apprend-t-on. Cependant, la répression va reprendre les jours à venir et sera rude afin d’obliger les concitoyens à respecter les mesures recommandées par le gouvernement, a confié notre source. Les éléments de la police républicaine en service à Bohicon ont été suffisamment inscrits sur le port obligatoire des masques. « Il n’est pas question qu’un agent de la police ne puisse mettre son masque. La sanction sera automatique », nous a-t-on confié.

La mairie sans grand moyen…

Sur les grandes voies de la commune de Bohicon, dans les espaces publics, tout porte à croire que les mesures ne sont pas applicables dans cette localité du Bénin. Les gestes d’accompagnement du maire sont limités en raison des moyens peu disponibles. Le maire Rufino D’alméida a indiqué avoir « personnellement mis la main à la patte pour doter les établissements publics de masques frontaux.  Les marchés en ont reçu mais la distribution va se poursuivre en fonction de la disponibilité des ressources », a fait savoir l’autorité communale.

Bohicon en rébellion contre les mesures gouvernementales en ce qui concerne la lutte contre la pandémie du coronavirus. Les apprenants et les enfants sont malheureusement les plus exposés à cette contagion qui demeure hors de contrôle et qui sévit de par le monde. Des équipements d’inspections devront faire le tour des bars et restaurants, des écoles et marchés de Bohicon afin d’apprécier la gravité de la situation. A noter que les autorités départementales en charge de l’éducation dans le Zou font exprès d’ignorer les missions qui sont les siennes. 

(Jacob ANANI, Partenariat LNT/OSIWA, 2020, Bohicon)

3 réponses

  1. Avatar de Paul Ahehenou
    Paul Ahehenou

    La première autorité de la ville qu’est le maire doit faire davantage. Lorsque Atrokpo était là il faisait régner l’ordre. A son successeur de faire de même.

  2. Avatar de Joeleplombier
    Joeleplombier

    Une inconscience ??? Je crois que non . C’est plutôt le manque de sensibilisation des autorités administratives et surtout la pauvreté et l’analphabetisme .
    Ce n’est pas étonnant dans un pays à 80% d’illetrrés
    Pauvre de mon pays
    Je passais
    Le Plombier

    1. Avatar de Joeleplombier
      Joeleplombier

      Lire : illettrés

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