L’insalubrité persistante des places publiques à Cotonou est essentiellement due à l’incivisme et surtout aux dysfonctionnements de là Société de gestion des déchets et de la salubrité du Grand-Nokoué créée par le gouvernement, l’année écoulée. Selon ses prérogatives, c’est elle qui a en charge la gestion des déchets en lieu et place des mairies du Grand-Nokoué (Cotonou, Abomey-Calavi, Sémé-Podji, Porto-Novo et Ouidah). Que faire pour corriger le tir ?
La place Lénine est située dans le quatrième arrondissement de la ville de Cotonou. Elle est non loin du Collège d’enseignement général Akpakpa-centre. Elle a une forme circulaire pavée. Elle est très fréquentée grâce à son emplacement. Pendant la récréation, elle est envahie par les élèves dudit collège. La place Lénine est également le quartier général de plusieurs conducteurs de taxi-motos d’Akpakpa. On y trouve aussi des vendeurs de mets et de divers qui y font leurs affaires. On observe une grande ambiance à cet endroit. Son problème est lié à l’insalubrité, quand bien même il y a un message d’appel à la propreté des lieux. Par-ci, par-là, des sachets d’eau, des peaux d’orange et de banane.
A la place Lénine, il y a aussi au moins trois grands tas d’ordures. Élèves, conducteurs de taxi-motos, passagers, vendeurs et autres se reposent dans cette insalubrité. Les odeurs nauséabondes des déchets pourris ne leur disent pratiquement rien. Ici, la présence des agents de la Société de gestion des déchets et de la salubrité du Grand-Nokoué est remarquable. Balais et râteaux en main, ils sont au four et au moulin pour la propreté des lieux. Mais, ils n’hésitent pas à décrier les comportements des populations qui mettent en péril leur travail. « On fait quotidiennement le travail. Mais, les populations ne nous encouragent pas. Elles continuent de salir les lieux en y jetant les sachets d’eau et autres déchets par terre. Ce qui explique le manque de visibilité de nos efforts pour la salubrité. Depuis sept heures, je balaie et ramasse les ordures. C’est comme si rien n’est fait, parce que chaque fois les gens jettent les papiers et sachets sur le sol. Il n’y a aucune sanction contre ceux-là. Je me plains chaque fois à mon contrôleur qui me dit de les laisser. Ça me dépasse…. », se désole Viviane, une employée de ladite société rencontrée sur les lieux en train de sarcler et de ramasser les mauvaises herbes.
Pour sa part, Djiman, conducteur de taxi-moto, dénonce l’absence de poubelles à la place Lénine. « Il y avait des poubelles ici. On ne les retrouve plus. C’est pourquoi les gens jettent les ordures parterre, alors que les agents d’entretien font bien leur travail. Je conseille à tout le monde le respect des règles d’hygiène surtout que le gouvernement est en train d’assainir Cotonou. Donc, je vois que le problème est beaucoup lié à l’éducation et au manque de sanctions appropriées… », a-t-il fait observer. A quelques différences près, c’est pratiquement le même scénario à la place Bulgarie et à la place de l’Étoile rouge devenues à la limite les dortoirs de divorcés sociaux avec leur cortège d’insalubrité et d’insécurité.
Dessous du mal
Depuis l’année dernière, le gouvernement du président Patrice Talon a créé en conseil des ministres la Société de gestion des déchets et de la salubrité du Grand-Nokoué. Selon ses prérogatives, elle s’occupe désormais de la gestion et du ramassage des ordres. De facto, elle supplante les municipalités dans ce domaine. « Les maires des communes du Grand-Nokoué ne gèrent plus les ordures. On nous a déjà arraché nos prérogatives pourtant contenues dans les textes sur la décentralisation…. », se désole un chef d’arrondissement de Cotonou. A défaut de se prononcer publiquement sur la question, certains responsables de ladite société ont tout dit sur le fonctionnement de ladite société qui, selon eux, fait du surplace en raison de son inexpérience dans le domaine et du manque de matériels de travail, puisque l’Etat central ne leur a plus donné les moyens adéquats pour accomplir la mission à eux assignée.
« Le drame dans cette affaire est que les gens ne s’y connaissent pas. Ils ont menti au chef de l’Etat pour ne rien faire en définitive. Nous n’avons pas assez de poubelles et barques à ordures… », a fait savoir un contrôleur de la société en question. Et pourtant, selon ses révélations, le ramassage des ordures est pris en compte sur les factures d’électricité de tous les clients de la Sbee. Cependant, au courant de certaines sessions d’arrondissement, les responsables de la Société de gestion des déchets et de la salubrité du Grand-Nokoué ont expliqué aux élus locaux leur détermination à assainir la ville de Cotonou. Pour y arriver, ils ont décrété gratuit le ramassage des ordures pour une période de six mois.
De son côté, Kévin Adékpéju Tanimomo, président de l’Ong La Lumière d’amour dont le but est de participer au changement de comportements, a laissé entendre que son organisation a décidé de prendre une pause pour voir l’évolution des nouvelles stratégies de la Société de gestion des déchets et de salubrité du Grand-Nokoué. « Vous savez que ce comportement vient de l’incivisme et nous ne voulons jeter le tort à personne, parce que nous ne savons même pas ce que c’est qu’une poubelle à couvercle qu’il faut entretenir. Mon message envers nos populations est de maintenir propre une place publique comme son église ou sa mosquée. Ayons toujours le réflexe des poubelles… », a-t-il conseillé, en attendant que la propreté des places publiques à Cotonou soit une réalité.
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