Alors que le président de la République Patrice Talon dit urbi et orbi que l’élection présidentielle d’avril 2021 sera ouverte et inclusive, des signaux en ce début d’année montrent le contraire. La bataille pour le contrôle du parrainage des députés et des maires fait rage. Et sur fond de menaces, les caciques de la mouvance présidentielle veulent coute que coute avoir main mise sur les parrainages. Ce qui confirme que le dernier verrou mis par Talon pour rempiler à la tête du pays est bien le parrainage.
L’article 44 nouveau de la Constitution dispose que pour être acceptée, une candidature aux fonctions de président de la République ou de vice-président de la République doit recevoir l’accord d’un nombre minimal d’élus dans les conditions fixées par la loi. Et le Code électoral a fixé ce nombre à 10 % de l’ensemble des députés et maires. Et donc, un duo présidentiel doit recueillir 16 parrainages de députée, de maires ou de députés-maires. La crainte qui est née de ces dispositions est que l’opposition ne puisse pas présenter de candidat pour la présidentielle de 2021. Car, dans le contexte actuel, les deux blocs de la mouvance présidentielle disposent des 82 députés et de 70 des 77 maires.
Menace sur les députés de la mouvance
La crainte est d’autant plus grande et l’équation parait de plus en plus sans réponse pour l’opposition en quête de parrainage quand on apprend les manœuvres orchestrées par les responsables de la mouvance pour contrôler le parrainage. Selon le quotidien Matin Libre dans parution du jour, le week-end écoulé, les députés des deux blocs de la mouvance que sont l’Union progressiste (UP) et le Bloc républicain (BR) ont échangé avec une autorité sur la gestion du parrainage. Les députés ont reçu comme consigne de l’autorité «qu’il ne leur revient pas de gérer le parrainage à leur guise ». D’après le quotidien, les députés sont sommés de retourner les fiches de parrainage, une fois remplies, à leurs chefs de partis respectifs au lieu de les mettre à la disposition de la CENA. Ces députés UP et BR ont même été menacés de «mort politique » s’ils refusent d’obtempérer. Une telle séance est aussi prévue avec les 70 maires de la mouvance dans les tout prochains jours.
Le parrainage, la baguette magique de Talon pour rester
Il parait clair qu’au niveau de la mouvance, on vient de faire une autre interprétation de la loi. Et cette interprétation est autre que celle de la CENA. L’institution chargée de l’organisation de l’élection a, lors d’une séance au parlement le mercredi 21 octobre 2020, expliqué aux députés que nul besoin de se référer à son parti politique ou à une délibération d’un Conseil municipal ou communal pour le parrainage. Selon la CENA, les formulaires de parrainage sont nominatifs, individuels et ne peuvent être cédés à autrui. Et voilà que maintenant injonction est faite aux députés de remettre les fiches remplies aux responsables de leurs parties.
Ce faisant, les responsables de partis vont pouvoir prendre connaissance de l’identité de celui que tel ou tel député ou maire a parrainé. Autrement dit, le député ou le maire n’est plus libre de parrainer qui que ce soit d’autre que le duo présidentiel voulu par son parti. Donc, il est évident que le jeu électoral est pipé d’avance et que, comme beaucoup le craignait, c’est bien la mouvance notamment Patrice Talon qui va se charger de choisir son ou ses adversaires pour cette élection présidentielle dont le premier tour est prévu pour le 11 avril 2021. Or, parrainer un candidat, ne veut pas dire soutenir ou voter ce candidat. C’est juste une manière de dire au candidat que son programme mérite d’être soumis à l’appréciation des populations. Et c’est là même l’esprit du parrainage.
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