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Génocide au Rwanda : Mitterrand pointé du doigt par un ex-militaire français

Le 07 avril 1994, le Rwanda basculait dans une guerre ethnique entre Hutu et Tutsi. Le conflit prendra fin le 17 juillet 1994. Quelque 800 mille personnes ont été tuées. Le vendredi 26 mars dernier, la Commission Duclert, mise sur pied par l’actuel président français Emmanuel Macron pour examiner le rôle de la France dans cette guerre a remis son rapport au locataire de l’Elysée. Le groupe de chercheurs sur le Rwanda conclut à « un ensemble de responsabilités, lourdes et accablantes » au sein de l’appareil d’Etat français mais rejette l’idée que l’hexagone ait été complice du génocide .

 « Il serait temps de demander des comptes à Hubert Védrine« 

Au lendemain de la remise de ce rapport à Emmanuel Macron, France Info a interrogé Guillaume Ancel, un ancien militaire. Il était lieutenant-colonel de l’armée française. L’homme a participé à l’opération turquoise, du nom de cette opération militaire menée par la France lors du génocide des Tutsi au Rwanda. Elle avait pour mission d’utiliser éventuellement la force pour mettre un terme aux massacres partout où cela sera possible. Si le rapport parle de responsabilités lourdes et accablantes au sein de l’Etat français sans citer de noms, Guillaume Ancel préfère en citer. Et la première personne qu’il pointe du doigt c’est l’ancien président François Mitterrand.

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«La responsabilité de François Mitterrand et de son entourage est accablante dans cette affaire du soutien aux génocidaires du Rwanda » a-t-il déclaré sur la radio française. Il y a eu selon lui, une « complicité morale et politique » de la présidence française et pour cela le secrétaire général de l’Elysée à l’époque, le nommé Hubert Védrine, devrait de son point de vue, rendre des comptes. « Il serait temps de demander des comptes à Hubert Védrine » a déclaré le vétéran français . Il  critiquera ensuite le rapport de la Commission Duclert qu’il trouve totalement « indigent » sur l’opération militaire menée par la France au Rwanda pendant le génocide.

« Nous avons incité les génocidaires à s’installer du côté zaïrois pour pouvoir continuer la résistance « 

Pour lui, l’opération Turquoise a empêché les génocidaires d’être balayés par le Font Patriotique Rwandais (FPR). « Je rappelle juste qu’on était sous mandat humanitaire, sous embargo de l’ONU et que malheureusement c’est l’armée française qui a reçu l’ordre de recevoir la livraison de ces armes à l’aéroport de Goma. Et moi, comme jeune officier, j’ai assisté à une livraison d’armes dans des camps de réfugiés dans lesquels nous avons incité les génocidaires à s’installer du côté zaïrois pour pouvoir continuer la résistance » raconte le vétéran à France Info.

Il reconnait par la même occasion, la « responsabilité secondaire » des soldats de l’opération Turquoise. » Ils ne peuvent pas dire seulement qu’ils ont obéi aux ordres. Car un officier est responsable de ce qu’il fait », a poursuit Guillaume Ancel. L’homme évoquera encore les conclusions du rapport qui mentionne également que la France n’a pas été complice du génocide. Pour le vétéran, c’est clair qu’il y a une « complicité morale et politique quand on soutient les génocidaires de cette manière« . Puisque c’est l’intervention de l’armée française déclenchée par l’Elysée qui a empêché le FPR de balayer ces génocidaires.

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