L’ancien ministre des finances du Bénin Komi Koutché était ce vendredi 14 mai l’invité Afrique de RFI. L’opposant béninois a opiné sur les propos du président Patrice Talon lors de son interview à France 24 et RFI. Il a aussi répondu aux accusations d’appel à la violence qui le visent. Lors de l’entretien accordé à ces deux médias français, le président béninois avait justifié la baisse du taux de participation par les violences qui ont émaillé la campagne électorale. Pour Komi Koutché, la violence vient plutôt du camp présidentiel.
« J’ai appelé à des manifestations pacifiques non violentes«
« Jamais avant Talon il n’y avait eu des scènes de violences. Mais depuis 2016 qu’il est au pouvoir tous les trois rendez-vous électoraux (organisés sous son règne) n’ont pu se dérouler sans que des béninois innocents (ne soient tués). Aujourd’hui Patrice Talon a privatisé l’économie, il a privatisé l’arsenal institutionnel. Il a privatisé l’espace électoral et donc pour pérenniser ceci il ne lui reste que la violence » a-t-il affirmé. En ce qui concerne les accusations d’appels à la violence qui le visent, il rappelle qu’il est aux Etats-Unis le pays de référence de la démocratie dans le monde et ne saurait donc poser de tels actes. « Moi je suis aux Etats-Unis le pays de référence de la démocratie au monde. Et vous comprenez que avec tout ce que je jouis comme vertu de la démocratie ici aux USA, je ne peux pas appeler à la violence. J’ai appelé à des manifestations pacifiques non violentes, mouchoirs en main et les populations ont suivi massivement jusqu’à ce qu’il soit ordonné d’aller tirer sur eux) » s’est-il justifié.
La contestation est une vertu de la démocratie
L’opposant a aussi été interrogé sur les arrestations de Reckya Madougou et Joël Aivo. Pour lui, le « Bénin n’a plus de justice »et ces deux cas-là sont illustratifs ce qu’il dit. On reproche à Mme Madougou d’avoir financé ses partisans pour 15 millions de francs Cfa. Nous sommes dans un pays démocratique. La contestation est une vertu de la démocratie et je ne pense pas qu’il soit raisonnable et du bon sens qu’on reproche à une candidate de financer pour aller expliquer comment sa candidature a été rejetée si tant est que la contestation est une vertu de la démocratie, a-t-il déclaré.
« On ne nous a pas encore dit de quelle source criminelle M Aivo a pu gagner cet argent »
En ce qui concerne Joël Aivo, il rappelle que le constitutionnaliste est accusé de blanchiment d’argent et d’appel à l’insurrection. Quand je prends l’aspect blanchiment de capitaux, de façon terre à terre, en tant qu’ancien ministre des finances, le blanchiment d’argent suppose de l’argent gagné d’une source criminelle. Mais on ne nous a pas encore dit de quelle source criminelle il a pu gagner cet argent-là. En clair il a été question d’embastiller les quelques rares têtes qui restaient encore et derrière qui le peuple pourrait s’aligner, accuse Komi Koutché.
« Ceux-là veulent plutôt que le label démocratique béninois soit préservé »
Il a par ailleurs invité son intervieweur à pas ne oublier les près de « 500 autre arrestations extrajudiciaires » qui se sont déroulées après « cette parodie électorale ». L’ancien ministre des finances béninois a aussi apprécié l’appel des Etats-Unis et de la France pour le respect de la démocratie et des droits de l’homme au Bénin. Pour l’homme politique, il ne s’agit nullement de leçon de démocratie. « Ceux-là veulent plutôt que le label démocratique béninois soit préservé » estime t-il.
« Je tiens à féliciter le président Macron qui n’a pas changé. Il aurait pu faire comme tout le monde, vouloir l’encenser en lui envoyant une lettre de félicitation. Mais il lui a donné une bonne leçon de morale démocratique. Les Etats-Unis ont fait pareil. Ce n’est pas une question de donneur de leçon. C’est une question d’appel à la raison » croit-il savoir.
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