L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, acquitté par la Cour pénale internationale le 31 mars, est rentré en Côte d’Ivoire le 17 juin. Un retour mouvementé, marqué tant par la ferveur de ses partisans sortis en masse pour l’accueillir, que par la rudesse des forces de police sorties pour réprimer cette trop grande liesse. Le fait est, selon nombre d’observateurs, que la configuration politique du pays changerait. La Côte d’ivoire, d’avant le retour de Laurent Gbagbo et celle maintenant qu’il était à Abidjan ne serait pas la même. Cependant, l’ancien président conscient de devoir faire profil bas, avait révélé dès ses premiers mots en terre ivoirienne, qu’il était surtout là pour la réconciliation. Mais ce samedi à Daoukro, aux côtés d’Henri Konan Bédié, l’homme a dit « assumer » de faire de la politique.
Sur le chemin de la réconciliation…
Selon de nombreux observateurs politiques, le rapport de force actuel en Côte d’Ivoire pencherait fortement en faveur du président en exercice, Alassane Dramane Ouattara. Sa réélection à « 94 % » en 2020, la libération de dizaines de prisonniers politiques entre décembre 2020 et avril 2021, et l’organisation en mars dernier d’élections législatives sans incident avec « toutes les principales forces politiques du pays », avaient tôt faire de faire dire aux politologues que le président Ouattara avaient réussi à « mater » l’opposition. Et le fait pour le pouvoir en place d’autoriser le retour de Laurent Gbagbo, étant dans l’expectative de surtout montrer son assurance et sa mainmise politique.
Mais si Laurent Gbagbo avait été autorisé à revenir, c’était surtout pour « travailler à la réconciliation ». Cependant Laurent Gbagbo, très tôt, avait montré que s’il comprenait que ce que le pouvoir Ouattara attendait de lui, était qu’il fasse profil bas, il n’avait pas pour autant l’intention de jouer les ascètes politiques. Son message à la suite des échauffourées entre ses partisans et la police, avait déjà donné l’occasion au leader du FPI, de monter au créneau et de donner de la voix. Dans le message signé par son porte-parole, Justin Katinan Koné, M. Gbagbo avait dénoncé les violences policières et souligné que le « chemin de la réconciliation est encore long ».
« Assumons de faire de la politique! »
Ce samedi, aux côtés du président du PDCI, Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo à la tribune s’était lâché. Le leader du FPI de préciser qu’il ne fallait pas se leurrer, sa visite était politique, et il l’assumait. « Est-ce que Laurent Gbagbo peut rencontrer Henri Konan Bédié sans que ça soit de la politique ? Assumons de faire de la politique ! » a déclaré en substance, M Gbagbo. Une occasion que l’ancien prisonnier de La Haye, a également saisie pour lancer un message, « On peut décider que nous n’avons aucune Constitution et vivre comme ça. Mais si nous avons une Constitution, il faut se battre pour être du côté de la Constitution. Respectez les textes ! ». Une allusion directe au dernier mandat de M. Ouattara, taxé par des voix en Côte d’Ivoire d’anticonstitutionnel.
La visite de ce samedi, à Henri Konan Bédié, en sa résidence privée de Daoukro à l’est du pays, est « la toute première visite politique » de l’ancien prisonnier de La Haye depuis son retour. Une visite de deux jours qui devrait s’achever ce dimanche et qui s’inscrit dans la « collaboration signée, entre les deux personnalités, le 30 avril 2020 portant sur un projet commun de réconciliation nationale ».
Laisser un commentaire