Jusqu’au soir de ce jeudi 05 août 2021, les partisans du professeur Joël Aïvo s’accrochaient encore à un dernier espoir de voir leur leader libre. Leur déception en était d’autant plus grande quand, un peu après 20h, la décision de la chambre des libertés et de la détention de la CRIET est tombée : Joël Aîvo restera en prison au moins jusqu’à la prochaine demande de liberté sous condition. Beaucoup d’entre entre eux se sont effondrés à la tombée de la nouvelle, malgré les encouragements que Joël Aïvo lui-même leur a adressés en quelques secondes avant de rentrer dans le bus qui le ramenait dans sa cellule de la prison civile de Cotonou où il est retenu depuis le 16 avril.
Un peu plus tôt dans la journée, le juge des référés s’était déclaré incompétent, et avait renvoyé le dossier en instruction tout en confirmant le mandat de dépôt émis quatre mois plus tôt contre l’opposant et ses co-détenus poursuivis pour « atteinte à la sûreté de l’Etat et blanchiment d’argent ». Quant au juge des libertés et de la détention devant lequel monsieur Aïvo planchait en début de soirée, il a estimé que le professeur titulaire de droit constitutionnel et expert-constitutionnaliste des Nations-Unis, ne présenterait pas des garanties suffisantes de représentation pour bénéficier d’une liberté conditionnelle le temps de l’instruction.
Expédition punitive ?
De fait, le professeur Joël Aïvo retourne derrière les barreaux pour une période qui pourrait être longue. Une instruction pouvant durer plusieurs années, les avocats et les soutiens du professeur craignent un ralentissement volontaire de la procédure aux fins, disait le professeur Gbago au sortir de l’audience du 16 juillet, de « maintenir le professeur le plus longtemps possible en prison pour l’empêcher de prendre racines dans le paysage politique ». Les avocats l’assurent, ils s’étaient préparés pour entrer dans le vif des débats dès le 15 juillet, eux qui s’étaient émus depuis le début de cette affaire, du mandat de dépôt contre leur client, alors « qu’il n’y avait rien dans le dossier ».
Le renvoi en instruction est interprété comme le signe qu’ils étaient les seuls à être prêts pour ce procès, alors que leurs clients ont été arrêtés « en flagrant délit » de commission des actes qui leur sont reprochés, et que les quatre mois de détention n’ont pas servi à faire avancer le dossier. De là à penser à une expédition punitive contre l’audace politique du professeur, il n’y a qu’un pas que Joël Aïvo lui-même et ses soutiens n’hésitent pas à franchir. Désarçonné et perdu dans les coups tactiques du procureur spécial et des juges de la cour, l’ancien bâtonnier Me Robert Dossou laissera entendre que son client était victime d’un « procès d’intention ».
Alors qu’une nouvelle procédure s’est ouverte le 05 août dernier après quatre mois de prison, et que l’accusation a encore besoin de temps pour étayer ses charges, des questions apparaissent et restent pour l’instant sans réponse. Combien de temps durera l’instruction et comment se déroulera-t-elle ? La cour prendra-t-elle en compte les garanties de représentation du professeur à la prochaine demande de remise en liberté ? Ce procès fournira-t-il enfin à la CRIET l’occasion de commencer à se débarrasser de la réputation d’un instrument politique qui lui colle à la peau depuis sa création ?
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