La réélection d’Emmanuel Macron à la présidentielle de la République française a donné lieu à de nombreux messages de félicitations des chefs d’État africains. De l’ivoirien Alassane Ouattara au Béninois Patrice Talon en passant par le Sénégalais Macky Sall et du Gabonais Ali Bongo, chacun est passé par son petit mot pour saluer « chaleureusement » sa « brillante » élection. Contrairement à leurs présidents, les populations africaines ne se sont pas passionnées outre mesure pour cette réélection.
Elles sont plutôt concentrées à trouver des solutions face à la cherté des denrées alimentaires et la baisse du pouvoir d’achat qui rythment quotidiennement leur vie depuis quelques mois. Que faut-il attendre de cette réélection du président? Pour le citoyen lambda de l’Afrique francophone, pas grand-chose. On prend les mêmes et on recommence. La politique française à l’égard du continent africain ne changera pas du jour au lendemain. En fait, le pays du général De Gaulle a tellement d’intérêts en Afrique, qu’il serait quasiment impossible à n’importe président, Macron ou Le Pen, de rompre facilement le cordon ombilical qui le lie au continent africain. L’Afrique est le réservoir de la France en matière de ressources premières. Sans les mines d’uranium du Niger, le pétrole du Gabon et du Congo, le phosphate du Togo le diamant de la Centrafrique, l’or du Mali, comment la France pourrait elle tenir sa place dans le concert des nations développées ? Les déclarations et autres discours sont de vœux pieux qui cachent les réelles intentions affichées par le président Macron depuis sa première élection.
Les promesses faites lors de son fameux discours du 28 novembre 2017 devant un parterre d’étudiants à Ouagadougou n’ont pas connu de suite favorable. Outre la restitution des trésors royaux d’Abomey, il n’y a rien à mettre sous la dent en matière de politique africaine de son premier quinquennat. Les autres pays auxquels la promesse de restitution de leur patrimoine culturel et historique a été faite, attendent toujours. Le fiasco de l’intervention des forces françaises dans la lutte contre le terrorisme au Sahel est encore vivace dans les mémoires. C’est pour cela qu’il est difficile d’imaginer une rupture claire et nette de la Francafrique avec ses réseaux obscures, vœu cher de nombreux panafricanistes pendant le second quinquennat. Le président Macron n’est pas encore prêt à repenser en profondeur les relations de son pays avec l’Afrique de sorte à tenir compte véritablement des aspirations et des intérêts des populations. Les accords de coopération militaire et économique ne sont pas prêts d’être revus de fond en comble. La fin du franc CFA considéré comme un instrument de domination coloniale par les panafricanistes n’est pas pour demain. Même si l’image de la France est aujourd’hui un peu écorchée en Afrique, Macron ne pourra pas changer de paradigmes.
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