C’est la joie et l’allégresse dans les rues de Bamako et les grandes villes du Mali depuis l’annonce de la levée de toutes les mesures de rétorsion économiques et financières infligées à ce pays. Les dirigeants de la CEDEAO se sont en effet réunis le 3 juillet dernier à Accra pour statuer outre sur le dossier de ce pays mais également sur ceux du Burkina Faso et la Guinée où les militaires règnent en maître depuis qu’ils ont perpétré des coups d’État. Toutes les sanctions qui étouffaient le Mali ont été levées à l’exception de celles individuelles concernant les militaires au pouvoir et la suspension du pays aux organes de la CEDEAO et ce, « jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel ».
Les signaux étaient plutôt positifs avant ce sommet avec l’adoption par la junte au pouvoir d’un certain nombre de prérequis qui ont conduit à l’allègement des sanctions économiques qui pèsent lourdement sur le pays. Un calendrier électoral fixant le référendum constitutionnel à mars 2023, les législatives entre octobre et novembre de la même année et la présidentielle à février 2024 a été adopté. Les colonels ont finalement cédé à la pression après avoir tenu tête aux dirigeants de la communauté sous régionale pendant de longs mois pénalisant leurs populations en ces périodes de cherté de la vie partout dans le monde. Le bon sens a fini par prévaloir des deux côtés. Néanmoins, l’adoption d’une nouvelle loi électorale ouvrant la voie à la candidature de militaires à l’élection présidentielle demeure un possible blocage.
Le Burkina Faso également s’en tire à bon compte. Les militaires qui ont pris le pouvoir dans ce pays ont eux aussi revu leur copie. La période de transition qu’ils avaient prévue à 36 mois a été ramenée. Bien leur en a pris sinon ils risquaient d’être mis au banc de la communauté sous régionale. Le point d’achoppement était en fait la durée des délais de transition. Après avoir accepté du bout des lèvres ces différents coups d’État, les dirigeants de la CEDEAO craignaient une contagion dans les autres pays et ont dû durcir le ton. Aujourd’hui l’honneur est sauf et chaque partie peut se frotter les mains.
La Guinée en sursis
Par contre le bras-de-fer continue entre la CEDEAO et la junte au pouvoir en Guinée et l’ancien président béninois Boni Yayi nommé médiateur dans ce pays avec pour mission de trouver un terrain d’entente aura fort à faire. En l’absence d’un calendrier électoral acceptable dans un délai d’un mois, le colonel Mamady Doumbouya et les siens devront faire face à de fortes sanctions économiques et financières. Leur chronogramme de 36 mois de transition a été rejeté par la CEDEAO. Au lieu de chercher un compromis, ils ont plutôt ouvert plusieurs dossiers judiciaires contre de nombreuses personnalités de l’ancien régime du président Alpha Condé. Ceux-ci défilent devant la cour de répression des infractions économiques et financières. D’autres sont déjà en prison. C’est le cas du tout dernier premier ministre de Alpha Condé Ibrahima Kassory Fofana et l’ancien tout puissant ministre de la défense nationale Mohamed Diane. Du coup, l’espoir rapide de la résolution de la situation que traverse le pays est hypothéqué. Le plan des militaires qui visiblement veulent se maintenir au pouvoir risquent de se retourner contre eux.
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