Tout comme la mort d’un parent, la mort de Vincent que j’appelais Grand-Frère est la mort d’un proche. La mort d’un parent ou d’un proche attriste profondément ! J’ai appris la nouvelle de sa mort par les réseaux sociaux, à ma descente d’avion de retour à Cotonou en provenance de Libreville le 03 septembre 2021, après un séjour d’un mois. Alors que j’attendais sa réponse à un de mes derniers messages que je lui ai envoyé deux (2) jours plus tôt, je venais de comprendre pourquoi, pour une fois, il n’avait pas réagi aussitôt. Parce qu’il a l’habitude de vous appeler ou de vous répondre la minute qui suit.
Homme affable, jeune d’esprit, simple, de presque 10 ans mon aîné, il me consultait pour avoir mon avis sur tous les sujets. Le Grand frère Vincent FOLY n’était pas du tout hautain. Il était pour moi un copain, un grand frère très aimable, sensible et juste. Ce sont ces valeurs humaines et d’amour qui fondent et justifient ses combats pour la justice et la liberté.
Nous pourrions être dans une conversation et entendre en même temps Vincent FOLY prodiguer des conseils au téléphone à sa fille encore mineure, s’enquérir de sa sécurité sur le chemin de l’école, du marché du quartier ou de l’église. Depuis la mort de Vincent FOLY, je ne cesse de penser à sa fille qu’il aimait abondamment. Être gamine et être précocement dans le deuil, c’est terrible! Qu’elle trouve donc du réconfort et de la protection pour surmonter l’épreuve!
Je ne peux oublier non plus comment Vincent FOLY et beaucoup d’autres parmi nous, nous nous retrouvions et nous interrogions sur la situation critique de notre pays, ce qui perdure toujours aujourd’hui. Je n’oublie pas comment nous allâmes à deux, spontanément, Vincent FOLY et moi, encourager le camarade Jean KPOTON derrière les barreaux au commissariat de Xwlacondji-Cotonou ou à la Prison Civile. Puis, plus tard, ensemble avec Maître YENOFAN, Virgile AHOUANSE et moi-même, devant la salle d’audience du Tribunal de Cotonou, par deux fois, rehausser son moral pendant son procès.
Si je n’avais pas voyagé, je serais à ses côtés lorsqu’il alla visiter à la Prison de Missérété le Professeur et collègue Joël AIVO. Il ne comprenait pas pourquoi les universitaires de notre pays pouvaient ne pas piper mot de l’incarcération d’un intellectuel de renom ? Et je lui répétais, toujours pour le rassurer : « L’université ne devient jamais muette. Elle finit par prendre la parole ». S’il m’entend, je lui redis : « Le jour viendra ! »
Vincent FOLY est certainement une figure de ralliement, l’un de ceux d’entre nous qui peuvent vous citer les bonnes valeurs de ce pays. Le perdre dans ces conditions est troublant. Mon ardent souhait est que vienne un jour de reconquête de justice, d’inclusivité, de démocratie et de liberté ou nul ne peut être inquiété pour ses opinions qui soit une occasion d’hommages grandioses rendus à l’illustre DP.
Mon autre souhait est que l’événement douloureux de sa mort serve en même temps comme ce qui reforge nos âmes, – pour ceux qui ont encore de la conviction – afin de rester fidèles jusqu’au bout aux idéaux défendus par Vincent FOLY. Apres le décès de VF, c’est la première fois que mort et larmes m’amènent à croire à la résurrection. Grand Frère Vincent, tellement je sens que je te reverrai!
© ADJILE SEGLA Aimé
Université d’Abomey-Calavi / Max-Planck Institute
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