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Visite de Blaise Compaoré au Burkina: le coup de théâtre du colonel Damiba

En avril dernier, plusieurs voix en Afrique avait exprimé leur profonde satisfaction devant la condamnation des trois principaux protagonistes dans le procès de l’assassinat du Capitaine Thomas Sankara. Voir, après la force de cette décision judiciaire, le retour de Blaise Compaoré au Burkina, comme défiant la sentence du tribunal, apparaît pour certains comme un gag sinon un pied de nez à la justice du pays.

Une sorte d’injustice

C’est  l’impression qu’a donnée le Mouvement Patriotique pour La Sauvegarde et la Restauration (MPSR), avec à sa tête le président Paul-Henri Sandaogo Damiba. Cette espèce de coup de théâtre monté par les militaires au pouvoir, ressemble à s’y méprendre à une opération faite par des personnes en mal de popularité. Chercher à faire l’unité de la nation, comme cela a été dit, sur le dos de la justice, semble un rien maladroit et comparable à une faute politique. L’homme qui a reçu l’autorisation de fouler le sol du Burkina Faso, quoi qu’il fût, foulait de fait, et même au pied, si l’on ose dire,  moult principes de la justice pénale. Point n’est besoin de disserter sur le code de procédure pénale.  C’est tout comme si le « beau Blaise », ainsi qu’il laissait ses affidés l’appeler jadis, s’est payé une ballade dans son Burkina natal , malgré toutes les charges qu’il y a, ou pour le dire sans ambages contre lui. Les réactions face la venue de Compaoré au Faso furent diverses et mitigées, mises à part celles plus enthousiasmées du Congrès pour la Démocratie et Progrès (CDP), le parti de l’ancien président. Quels que soient les objectifs recherchés, cette horrible manière de jouer avec le droit et la justice montre la légèreté des responsables politiques à l’origine de ce scenario. Et ceci démontre surtout ce qui fait de nos pays, des républiques bananières et fonde les préjugés et les jugements définitifs colportés au sujet de la plupart des régimes politiques africains. Et ceci illustre à l’évidence ce qui nous reste à faire pour mériter autre chose que les concepts péjoratifs qu’on affuble à notre continent.

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Les cas improbables chez nous

Et quand on voit, comme il nous a été donné de constater, ce qui vient d’arriver à Bojo, sobriquet du Premier Ministre du Royaume Uni, Boris Johnson, on mesure la distance qu’il nous reste pour atteindre quelques vertus et ces forces éthiques qui anoblissent certaines nations sur d’autres  continents. Quand on sait ce qui l’a forcé à démissionner, cette fête clandestine donnée au 10 Downing Street pendant le confinement, plus bien sûr d’autres indélicatesses  et scandales. Certes, ce sont des règles d’autres pays, mais on voit les grands écarts, c’est un euphémisme, de comportements des dirigeants de chez nous,  très peu d’entre eux pourront siéger ou diriger dans ces pays. Il eut le cas de démission  du président Thabo N’Beki en Afrique du Sud. Mais les résistances ont vite surgi depuis. Jacob Zuma et même Cyril Ramaphosa n’ont jamais accepté les règles morales et éthiques qui font céder le pouvoir. Partout en Afrique, on n’en est toujours à dire ou redire : « on a les dirigeants qu’on mérite ».
Ce sort nous accable depuis les indépendants, mais cela semble nous convenir.

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