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Kérékou, Talon : une continuité de vision et de combat

Mathieu Kérékou, (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

Le Président Patrice Talon a dévoilé depuis ce samedi 30 juillet une autre facette de sa personnalité. On le savait perfectionniste, adepte du beau et de la qualité. Il avait aussi affiché par le passé et à quelques rares moments sa fibre nationaliste. Mais on était à mille lieues d’imaginer qu’il avait en lui un penchant anti-impérialiste et même gauchiste et s’est affiché comme un pourfendeur de la colonisation. Alors qu’il inaugurait le monument construit en mémoire des « enfants du Bénin dévoués pour la patrie », le chef de l’Etat révèle une bien curieuse information sur le monument aux morts sis à xwlacodji et qui a servi depuis 1960 au dépôt de germes de nos anciens présidents. Le narratif présidentiel renforcé par des recherches d’histoire présente le monument de xwlacodji comme une relique de l’époque coloniale construite par « l’envahisseur » pour rendre hommage aux soldats français tués pour la cause de leur pays. Il n’y a donc aucune portée historique, aucune ressource mémorielle encore moins une plus-value culturelle à tirer d’un tel monument frelaté que l’on doit désormais classer comme un instrument de sabotage de l’histoire. L’égo du Béninois se trouve fortement secoué et le patriotisme hautement affirmé. 

Ce narratif inattendu positionne Patrice Talon comme un leader anti impérialiste qui se bat pour rompre les amarres avec une métropole tutrice. Et c’est à ce niveau qu’il rejoint Mathieu Kérékou le révolutionnaire marxiste qui avait, pendant plus d’une décennie, pourfendu « l’impérialisme et ses valets locaux » et inventé le nationalisme béninois avec le «comptons d’abord sur nos propres forces ». Le pays à l’époque avait pris ses distances vis-à-vis de la France en changeant le nom du pays donné par le colon, en faisant des réformes profondes du système éducatif et en optant pour une démocratie populaire conduite par les masses laborieuses des villes et des campagnes. Kérékou y renoncera lui-même à la veille de la conférence nationale à son corps défendant alors que son système a été asphyxié par les puissances occidentales du bloc capitaliste en pleine guerre froide.

Deuxième grande ressemblance avec le Président Kérékou : une volonté affichée de tirer de notre histoire des valeurs et des personnalités endogènes qui peuvent inspirer les populations et servir d’exemples pour la jeunesse. C’est pendant cette période révolutionnaire que Gbèhanzin, Bio Guérra et Kaba ont été faits héros nationaux pour leurs bravoures et leurs résistances à la colonisation. Des décennies après, Patrice Talon reconnaît la bravoure des mêmes héros qu’il décide aussi de valoriser, de célébrer en érigeant lui aussi des statues à leurs mémoires. C’est ainsi qu’il fait construire une statue du résistant Bio Guérra à Cotonou à la sortie de l’aéroport comme Kérékou avait érigé la statue du roi Gbèhanzin à Goho à l’entrée de la ville d’Abomey en 1978. Mais Talon va plus loin. Très reconnaissant du mérite des femmes, il élargit la palette des héros et accorde un statut particulier aux agodjiés. Ces amazones furent la fierté du royaume de Danhomè. Elles avaient aussi combattu le même envahisseur et ont, par milliers, perdu leurs vies pour sauver la patrie. La statue de l’amazone constitue donc la reconnaissance du peuple béninois à l’effort de guerre de ces femmes exceptionnelles très peu célébrées.

La république est une continuité, dit-on. A travers son discours et ses actes, Patrice Talon donne contenu et valeur à la fierté et au nationalisme béninois. Il nous renvoie à la promotion de nos valeurs culturelles, de notre histoire et à l’affirmation de notre vraie personnalité. Si Kérékou est le précurseur de cette affirmation de notre fierté, Patrice Talon se montre comme celui qui en a affiné le contenu. Lentement il bâtit la maison « Bénin » en prenant quelques pierres de l’époque révolutionnaire. 

2 réponses

  1. Avatar de gombo
    gombo

    Ou se trouve l’anti impérialisme ou le nationalisme quand des secteurs clef de notre économie sont laissé à des étrangers
    La Belgique et le Port d’Anvers au Port de Cotonou
    Le Canada et HydroQuebec à la SBEE
    Faut il croire que seule la France, ancien colon est impérialiste ?
    Que dire de la politique économique axés sur le tourisme ( d’occidentaux en majorité) aux dépens des investissements dans l’éducation et l’industrie!
    Club Med et le groupe Accor sont certainement des entreprises nationales selon Marcel !
    Balivernes !
    Bling bling , apparences et discours mystificateur!
    Quand le coton brut résume votre politique économique, ne faites pas croire que vous êtes « anti impérialiste »

  2. Avatar de Dr Doss
    Dr Doss

    Fibre nationaliste très bien donc pas de base militaire française au Bénin dixit Dr Doss

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