Sauf votre respect, mon Général !

Jésus disait à ses disciples : « Restez en tenue de service et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Vraiment, je vous le dis, il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. S’il revient vers minuit ou plus tard encore et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien : si le maître de maison connaissait l’heure où le voleur doit venir, il ne laisserait pas forcer sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y pensez pas que le Fils de l’homme viendra. »

On a souvent évoqué notre génération pour nous venir en aide et nous pardonner notre indolence. Parce que nous avons eu le privilège de naître au milieu de XXème  siècle. Et, avec une pensée à nos chers disparus, nous sommes encore, là, présents dans ce XXIème siècle. « Telles » des âmes du purgatoire, notre descendance récoltera les fruits de nos arbres en l’an 2100, si les destructeurs de la Planète leur en donnent l’occasion ou le temps, pour ne pas dire, la chance. Mais en attendant ce rêve fou pour nos petits-enfants, revenons par exemple aux véritables problèmes  dans cette Afrique en proie à tous les démons et surtout à toutes les incertitudes.

Publicité

A vos ordres, mon Général !

Voyons ce que dit ou a dit  Umaro Sissoco Embaló. Général dans une vie antérieure, si l’on se permet le grade de penser ainsi. Peut-être les conditions dans lesquelles Monsieur l’ex général est parvenu au pouvoir, l’autorisent-elles, une fois élu Président de la CEDEAO, à suggérer la mise sur pied d’une «  Armée Anti-putschistes » pour l’Afrique de l’Ouest. C’est bien d’y avoir pensé. Mais est-ce bien suffisant ? Prenons les cas en présence. Le Mali, par exemple, ceux qui boudent actuellement Assimi Goïta et son ensemble Wagner. Avant l’orchestration de cette musique made in  Russia, la majorité du peuple malien avait favorablement accueilli ces soldats venus, croyait-on, unifier d’abord le pays d’IBK. Depuis, le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) a changé de fusil d’épaule et s’est dressé contre la France et a à présent  face à lui ou contre lui une bonne partie de ses sympathisants d’hier et d’avant-hier.

Ainsi, la lutte que mènent aujourd’hui la junte malienne et son orchestre est une lutte contre plusieurs ennemis. Nous avons la France comme première cible. La CEDEAO et les chefs hostiles de l’Organisation à la durée que se sont accordée les putschistes. En ce qui concerne le Mali, faudrait-il encore que la supposée Force Anti-putsch ou anti-putschistes puisse y opérer, Goïta et le Comité National n’ont apparemment pas de répit. Ce qui les amène à confondre les Djihadistes et les pauvres civils maliens, massacrés sous les notes wagnériennes des mercenaires russes. Et si on accepte l’idée de « Mon général », quelles seront les véritables cibles de cette ARMEE ANTI PUTSCH ? Y aurait-il un « état permanent d’auteurs de Putsch », comme le sont actuellement le Chef de la transition malienne et ses sympathisants qui défient sans ambages la CEDEAO ; ceux-là même ayant appelé la population à manifester contre l’Organisation ouest africaine.  Qu’est-ce qui comptera dans cette affaire d’Armée Anti putschistes ?

Le degré d’incrimination des putschistes ou leur faculté à négocier ? Les deux, mon Général !

Parce qu’à y voir de près, le cas du Mali diffère tout de même de celui du Burkina et bien évidemment de celui de la Guinée. Nous avons, disons-le franchement, l’entêtement des autorités maliennes admiré(es) à temps et à contretemps. A coté par exemple d’une certaine bonne volonté du Mouvement Patriotique pour La Sauvegarde et La Restauration (MPSR) au Burkina. Dont la position, un rien conciliante, ménage la susceptibilité des vieux crocodiles, quelques-uns illégalement au pouvoir, eux aussi, mais gérant au mieux la CEDEAO, malgré ce vilain défaut.

Et que dire de la Guinée  de Doumbouya avec le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) ? Le numéro Un de la Junte guinéenne  fait ouvertement semblant de n’avoir pas entendu ce que crient les autorités d’ABUJA. Sur la durée de la transition dans l’ancien pays de SEKOU TOURE. Parce l’hypocrisie absolue est le  cas qui règne, si l’on ose dire, au Tchad. L’acronyme CMT (Conseil militaire de transition) semble avoir une  « telle harmonie consonantique » que personne n’entend le mot COUP D’ETAT qu’a constitué la prise de pouvoir dans ce pays. Par le quasi mime Mahamat Idriss déby Itno, fils du défunt père Déby, empruntant jusqu’à la particule nominale.

Publicité

 Mais, vous avez dit quoi, Mon Général ?

Cette « armée anti putsch », va tout de même avoir quelque difficulté à quant sa création. Non pas pour une question de faisabilité, mais pour une simple raison de représentation. Mettons à part N’djamena où cela n’avait pas l’air d’avoir été bien accueilli par l’opposition au Feu Déby, qui a passé plus de trente années au pouvoir. Les coups de force, les coups d’état, les prises de pouvoir par la force, appelons tout cela comme l’on veut, les changements intervenus au Mali, en Guinée et au Burkina, avaient quelque chose de particulier. Quoiqu’anti démocratiques qu’elles fussent, les méthodes ayant abouti au putsch balayant Ibrahim Boubacar Keïta, Apha Condé et Roch Marc Christian Kaboré, semblent avoir eu l’assentiment, du moins en apparence, d’une large frange de la population des ces trois pays, mis aujourd’hui à l’index par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. On ne voit donc pas encore bien, avouons-le clairement, le rôle de la force que propose Umaro Sissoco Embaló, Président de l’Etat Bissau-guinéen et fraichement élu Président de la CEDEAO.

Certes, il eut l’ECOMOG en son temps, mais l’idée qu’avance le Général ne saurait passer dans les cas de figure actuels. A moins de prendre le risque d’envenimer les situations, comme ce qui a engendré la survenue de ces coups récents, à savoir les révisions intempestives de constitutions, les validations d’élections dont les autorités de l’Organisation régionale savent très bien les conditions dans lesquelles elles se sont déroulées. Et également la Communauté Internationale, même l’Union Africaine, même l’Organisation des Nations Unies le savent très bien. Et même la France qui valide sans gêne ces simulacres d’élections, avec des contestations post électorales dont on voit les conséquences. Et dont on voit pourquoi il faut arrêter très vite les signes précurseurs, et surtout  les signaux visibles et flagrants. Dès lors, on ne sait au juste si l’Armée Anti putsch n’irait pas dès à présent arrêter certaines consultations électorales qui se préparent actuellement avec les incertitudes, disons plutôt avec les certitudes de lendemains de vote de tous les dangers.

Alors, contre qui l’Armée Anti putschistes doit-elle être levée ? Contre les dirigeants qui persistent à mettre en péril leur pays, leur région, le Continent. C’est dans les pays où l’on sait que le dernier  mandat finit à telle date qu’il faudrait poster la fameuse Armée ANTI PUTSCH. Donc au Sénégal, au Bénin, en Côte d’Ivoire etc… Où les barrières constitutionnelles doivent, elles, être respectées. Et où, telle une loi d’airain, l’ensemble des règles essentielles de la Constitution (limite d’âge, nombre de mandats) doivent demeurer ou rester imprescriptibles.

-Je suis au garde-à-vous, Mon Général !
-Repos, et rompez soldat Ceodeo. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité