Septicémie : « Ce mal peut tuer plus vite que le paludisme »

santé, medecine

La septicémie est un état infectieux presque inconnu de la population béninoise. Pourtant, elle est responsable d’au moins 11 millions de morts par an dans le monde, soit un décès toutes les 2,8 secondes. Un entretien avec le Dr Axelle Lila Gansou fait découvrir ce mal. <<Toute fièvre n’est pas égale au paludisme. Il peut s’agir d’une septicémie>> Propos de l’infectiologue Axelle Lila Gansou.

Qu’est-ce que la septicémie ?

La septicémie est un état infectieux. Pour le définir à partir de l’étymologie, on va dire cémie qui veut dire sang et sepcis qui parle d’infection donc littéralement  la septicémie veut dire infection du sang. Quand on parle d’infection du sang, il faut voir tout ce qui est agent infectieux. Ça peut- être des bactéries, un virus là on dirait une virémie, comme ça peut être des agents fongiques et on parlera d’une fongémie

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La septicémie est-elle préventive ?

Oui ! Elle peut se prévenir. Il faut garder à l’esprit que pour qu’on ait une infection au niveau du sang, il faut une porte d’entrée. Cette porte d’entrée peut-être cutanée c’est-à-dire une plaie ou un abcès. Elle peut être ORL donc une infection des voies respiratoires et autoriaux mal prise en charge qui peut aboutir après, vers une septicémie. Pour que le germe puisse sortir et se diffuser dans le sang, il faut obligatoirement un foyer initial.

Comment reconnaît-on une septicémie chez un sujet atteint ?

Il y a plusieurs signes. Il y a des signes d’ordre général: le sujet est fatigué, son état général est altéré, il aura une fièvre. Selon la porte d’entrée d’autres signes seront accompagnés. Si c’est au niveau de la peau, on peut avoir une plaie infectée, une plaie malodorante parfois nécrosée. Si c’est au niveau des voies respiratoires on peut avoir une toux avec des expectorations purulentes. Il peut avoir des infections au niveau des oreilles avec un liquide purulent qui s’écoule.

Il y a-t-il une catégorie de personnes vulnérables à la septicémie ?

Toute infection mal traitée aboutit à une septicémie. Ça veut dire que peu importe votre catégorie, Si vous avez  des infections sur les ports périphériques à n’importe quel endroit du corps et si elles ne sont  pas bien prises en charge, une septicémie peut subvenir. Mais, les enfants et les personnes d’un certain âge sont beaucoup plus susceptibles d’en souffrir. C’est comme toute maladie. Quand on est immunodéprimé c’est-à-dire quand on a un facteur qui fait que l’immunité est plus faible, en présence d’une infection, le risque de propagation est plus élevé que pour quelqu’un qui a une immunité forte. Voilà pourquoi on parle des enfants de moins d’un an, parce qu’ils sont encore des sujets faibles; des personnes âgées parce qu’ils ont perdu leur défense et les sujets qui ont une immunodéficience quel que soit le type mais non prise en charge. Quand il y a un diabète non pris en charge par exemple, la personne a une immunité baissée de la même façon que quand il y a une pathologie cancéreuse qui peut percer l’immunité. Dans ce cas, le risque que toute infection passe à l’étape de septicémie est grand. C’est pourquoi vous verrez que ces personnes-là sont sujettes à faire plus fréquemment des septicémies.

Peut-on quand même guérir de ce mal ?

On peut guérir totalement des septicémies surtout quand le germe est une bactérie parce que c’est le cas le plus fréquent. Il y a les antibiotiques. Le traitement repose sur l’utilisation des antibiotiques. Pour un sujet chez qui on fait le diagnostic de la septicémie, les médecins font des prélèvements sanguins pour identifier le germe,  voir l’antibiotique adapté et le patient est  mis sous l’antibiotique en  une période donnée selon le type d’infection, le sujet et  ses allergies. Quand on a choisi l’antibiotique adapté au sujet et au germe qui est présent, le traitement évolue bien et le sujet en sort guéri.

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Conseils pour la diminution des pertes liées aux maladies mortelles.

Je vais répéter et m’atteler encore une fois à ce que tout le système sanitaire béninois essaie de faire comprendre et d’accepter à notre population. Devant tout signe, devant toute affection, il faut se rendre dans un centre de santé ou dans un hôpital pour qu’un bon diagnostic soit fait. Les antibiotiques ne sont pas des médicaments anodins. Il n’y a pas de pathologie qui arrive de façon anodine. Les spécialistes vont faire les diagnostics et prescrire les médicaments et surtout les antibiotiques convenables. Ceci évitera le coût économique pour la population, le coût environnemental parce que les médicaments que nous prenons et que nous croyons inoffensifs ont également un coût sur l’environnement. Au niveau du sujet même, il a une meilleure santé pour lui et sa famille s’il se rend vite à l’hôpital. Au niveau mondial, ça évite les résistances aux antibiotiques contre lesquelles on lutte actuellement. Il faut se rendre à l’hôpital car toute fièvre n’est pas égale au paludisme.

Selon l’Unité de recherche en microbiologie appliquée et pharmacologie des substances naturelles (Urmapha), un laboratoire situé à l’université d’Abomey-Calavi, il faut prévenir les infections pour prévenir le sepsis afin de sauver des vies. La prévention de la septicémie passe par la vaccination, l’hygiène des mains, l’utilisation de l’eau potable, la prévention des infections liées aux soins, les conditions d’accouchement adaptées et surtout une prise de conscience collective.

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